BFM Immo
Immobilier

Cérémonie d'ouverture des JO: y a-t-il un risque d'effondrement des balcons en bords de Seine?

Afin d'assister à l'inauguration des Jeux olympiques, de nombreux spectateurs pourraient avoir envie de se masser sur les balcons des immeubles qui longent la Seine. Une idée qui inquiète beaucoup les professionnels.

Véritable risque ou éternel principe de précaution? Difficile de répondre tant les professionnels refusent de se prononcer. C'est un article de L'Opinion, intitulé "JO: les balcons en bords de Seine vont-ils tenir le choc?" qui a mis le feu aux poudres. Selon les chiffres de l'Insee cité dans l'article, près de 32.000 logements où vivent 41.300 habitants se trouvent sur les deux rives entre le pont d'Austerlitz et celui d'Iéna. Autant de personnes qui pourraient avoir envie de louer leur balcon – ou de faire venir des amis – afin d'assister au spectacle de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet prochain.

Est-ce qu'ils le feront alors que le préfet de police, Laurent Nunez, a d'ores et déjà prévenu que plusieurs jours avant la cérémonie un barrage filtrant serait mis en place dans ce périmètre? Impossible de le savoir. Mais la simple idée suffit à inquiéter certains professionnels. En effet, l'article de L'Opinion raconte que le 9 janvier, Benjamin Darmouni, président délégué du pôle Grand Paris de l'Union des syndicats immobilier déclarait: "Nous avons une réelle crainte. Ces balcons ne sont pas faits pour accueillir 40 personnes. On ne maîtrise pas le surnombre. S'il y a un incident qui en sera responsable?".

Les derniers secrets de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques
Les derniers secrets de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques
14:09

La préfecture doit trancher

De son côté, Olivier Princivalle, président de la Fnaim Grand Paris, ajoutait: "Les structures de ces immeubles, qui ont 200 ans, 300 ans, ne sont pas faites pour recevoir un nombre important de personnes". Il demandait à la préfecture de publier un arrêté afin de faire vérifier l'état des garde-corps et des pierres de taille. A BFM Immo, la Fnaim précise: "Pour aider la préfecture à prendre sa décision, une note technique a été demandée à l’ordre des Architectes. Note que nous attendons".

Et la Fnaim est bien la seule organisation qui, pour l'instant, nous a fournis un début de réponse. Les autres, que ça soit les architectes des bâtiments de France, l'APUR, la préfecture, le service d'urbanisme de la ville de Paris… ont soit répondu qu'ils étaient incompétents sur le sujet, soit ont préféré ne pas nous répondre. Nous attendons donc, avec impatience, cette note technique ainsi que la réponse de la préfecture.

Deux points peuvent tout de même se révéler rassurants. Tout d'abord, les effondrements de balcons de ces dernières années en France, même si cela est rare, ne concernaient pas les immeubles haussmanniens en pierre de taille. Il s'agissait de constructions beaucoup plus récentes. C'était par exemple le cas à Paris lors de l'effondrement d'un balcon en mai dernier (l'immeuble datait des années 1980) ou à Angers lors de l'effondrement d'un balcon en 2016 qui avait provoqué la mort de 4 étudiants (immeuble de la fin des années 1990).

Deuxième point: Paris a déjà connu plusieurs évènements où une foule se massait sur les balcons sans qu'il n'y ait eu d'accidents. Il est possible de citer les feux d'artifice du 14 juillet, évidemment, mais également le défilé des joueurs de football à la victoire de la Coupe du monde. Évènement où la foule se massait et sautait. Les vibrations n'ont pas fragilisé les fondations. Il faut néanmoins garder en tête que pour les vieux immeubles haussmanniens (ou les constructions encore plus anciennes), il est très rare de disposer de plans de construction précis sur ce point. Or, c'est bien la manière de concevoir le balcon et son maintien qui permettrait de savoir à quel poids il peut résister. Sans document de ce type ou de recherche approfondie balcon par balcon, les estimations sont très complexes.

En ce qui concerne le garde-corps, s'il venait à céder, qui serait responsable? Il faut regarder le règlement de copropriété. Si le garde-corps y est considéré comme une partie privative, le propriétaire pourra être tenu responsable. Sinon cela sera le syndic. Si en temps normal, propriétaires ou syndic peuvent se retourner contre le constructeur, dans de l'haussmannien, c'est dans la pratique impossible.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco