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En 50 ans, les cadres et professions intermédiaires ont investi la périphérie des villes

Un rapport de France Stratégie montre que les professions intermédiaires et cadres ont investi la périphérie, où leur présence était "faible".

Les professions intermédiaires et les cadres sont davantage représentés qu'auparavant en périphérie des villes, tandis que les classes populaires le sont moins dans les centres-villes, rapporte France Stratégie. Dans une note d'analyse, les auteurs tentent de matérialiser la "ségrégation résidentielle" de la population entre 1968 et 2019, en s'appuyant sur l'échelle de l'"aire d'attraction" des 50 plus grandes villes de France métropolitaine.

La place de l'immo : Où en est la construction de logements neufs ? - 27/03
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Cette ségrégation désigne "l'inégale répartition dans l'espace de différentes catégories de population", rappellent-ils. Plutôt que la traditionnelle opposition entre centre et périphérie, les auteurs se sont fondés sur un triptyque "commune-centre", banlieue et périphérie, pour mieux prendre en compte les communes péri-urbaines. Cette ségrégation peut résulter de choix individuels, "motivés par la recherche d'un entre-soi", ou de "phénomènes de relégation", liés notamment au prix des logements.

Un précédent rapport du même organisme avait étudié en 2020 la répartition des populations entre 1990 et 2015 à l'échelle d'agglomérations et à la maille de quartiers. Il avait conclu à "une stabilité" voire une "légère baisse" de la ségrégation résidentielle. "On avait des indices très stables qui pouvaient cacher une augmentation de la ségrégation quand on dézoome et qu'on regarde les choses à plus longue distance. On avait raté des choses", a commenté mercredi Pierre-Yves Cusset, coauteur de la note.

"Une homogénéisation de leur répartition"

Depuis cinquante ans, la croissance démographique des grandes villes est essentiellement tirée par l'espace péri-urbain. Les professions intermédiaires et les cadres ont investi la périphérie, où leur présence était "faible", ce qui traduit "une homogénéisation de leur répartition" entre centre, banlieue et périphérie, observe France Stratégie.

A l'inverse, la "répartition des ouvriers et employés, homogène à la fin des années 1960, l'est moins aujourd'hui" puisque "leur poids démographique a globalement diminué dans les communes-centres et augmenté en couronne". Mais "la catégorie socio-professionnelle n'explique pas tout", a relevé Pierre-Yves Cusset. "Il se passe des choses très différentes selon que la personne est immigrée ou non" au sein d'une même classe. Au sein des classes populaires en province, les personnes immigrées sont plus présentes dans le centre et en proche banlieue, observent par exemple les auteurs. Cela vaut aussi "pour les personnes immigrées de catégorie sociale plus favorisée", relève France stratégie.

L'agglomération de Paris, qui se distingue de toutes les autres, enregistre elle une "forte sous-représentation dans la commune-centre des catégories populaires, y compris immigrées".

D.L. avec AFP