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CNR Logement : Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre a un sentiment de "gueule de bois"

Si Christophe Robert estime que des choses "pas inintéressantes" ressortent du CNR Logement, il trouve également que des "gros sujets d'inquiétude" subsistent.

Malgré des "avancées positives", l'un des co-animateurs du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement a le sentiment d'avoir la "gueule de bois" mardi, au lendemain des annonces de la Première ministre Elisabeth Borne pour tenter d'enrayer la crise. Lors d'un point presse à la Fondation Abbé Pierre, son délégué général Christophe Robert a évoqué un sentiment de "gueule de bois" après six mois de travail.

"Il y a des choses qui ne sont pas inintéressantes, comme doubler le nombre de personnes qui vont bénéficier de la garantie Visale, ou l'annonce d'importantes mesures à venir sur la rénovation thermique", a-t-il reconnu en ne manquant pas de souligner le "travail très riche, au-delà des différences" des 200 participants. Mais "deux gros sujets d'inquiétude" subsistent, dont l'absence de mesures fortes pour le logement social.

"Une dégringolade hyper importante"

"En termes de production de logements sociaux, on est face à une dégringolade hyper importante. L'objectif du gouvernement, c'était 125.000 logements sociaux agréés en 2022, il y en a eu 95.000 et cette année on sera plutôt à 80-85.000. Quand on perd 30.000 logements par an, c'est 30.000 ménages qui ne sont pas logés", a-t-il relevé.

Deuxième inquiétude: l'absence de mesures de régulation du marché, que ce soit sur l'encadrement des prix du foncier ou sur les meublés touristiques type Airbnb, et ce malgré "un rare consensus" des acteurs.

"C'est comme si l'idée de pouvoir réguler un peu pour permettre à nos concitoyens de se loger dans de meilleures conditions (...) n'était pas vraiment le sujet de préoccupation du gouvernement", a ajouté Christophe Robert.

La PDG de Nexity, Véronique Bédague, également co-animatrice du CNR, a cité des avancées obtenues, comme le constat désormais partagé par Matignon que la question du logement est "systémique". Mais les annonces "pèchent" selon elle sur l'accès à la propriété pour les plus modestes et les jeunes.

"On prolonge mais on réduit sensiblement le PTZ (prêt à taux zéro, ndlr). Ce PTZ qui était accessible dans les 35.000 communes de France" ne le sera plus que dans "les zones tendues, 1.100 communes (...) là où c'est le plus cher", a-t-elle expliqué. "On ne traite pas bien nos jeunes (...). Les maisons individuelles qu'on méprise tant et sur lesquelles il n'y a plus de PTZ, c'est les premiers prix, c'est les plus modestes qui ont accès à ces maisons", a-t-elle ajouté, prédisant que "la crise du logement va rattraper le gouvernement".

D.L. avec AFP