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Ces logements qui sont concernés par les failles du nouveau DPE

Pour de nombreux diagnostiqueurs et propriétaires, les failles du nouveau diagnostic de performance énergétique ont des conséquences désastreuses.

Les professionnels du secteur avaient alerté le gouvernement sur les failles du nouveau diagnostic de performance énergétique. Pourtant, ce dernier a été appliqué du 1er juillet au 24 septembre, date à laquelle le gouvernement a demandé aux professionnels du secteur de le suspendre pour les logements construits avant 1975. Seules exceptions: lorsqu'il y a des transactions urgentes. Il aura donc fallu à peine trois mois pour que nombre de diagnostiqueurs et de propriétaires se retrouvent dans l'embarras.

Au Parisien, un diagnostiqueur explique ainsi craindre des contentieux avec des propriétaires qui ont reçu un DPE erroné. Il a déjà eu des retours de clients furieux. Certains l'accusent de les avoir mal informés. Le ministère du Logement a annoncé qu’un bilan complet des DPE réalisés depuis le 1er juillet 2021 allait être prochainement présenté, détaillant les anomalies constatées et précisant les mesures correctrices qui seront intégrées dans le nouveau DPE. Et ce sans frais supplémentaires pour les propriétaires qui avaient déjà engagé la réalisation de nouveaux diagnostics. Le diagnostiqueur interrogé par Le Parisien, lui, précise qu'il fera tout de même payer le déplacement. "Après tout, je ne suis pas responsable de cette situation", souligne-t-il.

Le 4 octobre, le ministère du Logement réunira les diagnostiqueurs, les agences immobilières et les éditeurs de logiciels afin de discuter de ce nouveau DPE et de corriger ce qui doit l'être.

Des propriétaires en colère

En attendant, certains propriétaires ont de bonnes raisons d'être en colère. Non seulement, ils ont payé entre 90 et 150 euros pour un DPE erroné, mais surtout le résultat du DPE a pu avoir des conséquences sur leur décision de vendre et le prix négocié. En effet, des propriétaires ont décidé de céder rapidement leurs biens, souvent en dessous du prix du marché, car ils seront progressivement interdits à la location dans les prochaines années, même s'il existera des exceptions. Une isolation importante par l'intérieur ferait perdre trop de mètres carrés, en particulier sur les petites surfaces, et dans de nombreux cas il est impossible de toucher à l'isolation extérieure de l'immeuble. Ces propriétaires ne peuvent donc pas procéder à des travaux d'isolation et ont donc préféré vendre avec un rabais.

Pour rappel, la loi Climat prévoit l'interdiction à la location:

  • des logements classés G au titre du DPE à partir de 2025
  • des logements classés F au titre du DPE à partir de 2028
  • des logements classés E au titre du DPE à partir de 2034

Mais que sait-on exactement des problèmes soulevés par le nouveau DPE? Comme l'a reconnu le gouvernement, le nouveau diagnostic de performance énergétique présente des failles pour les logements construits avant 1975. "Des analyses sont en cours afin d’identifier précisément l’origine des anomalies constatées, et y apporter les corrections nécessaires", précisait dans un communiqué la Direction générale de l'Aménagement, du Logement et de la Nature.

Des écarts entre la consommation réelle et la consommation théorique

Il y aurait aussi des problèmes pour les petites surfaces allant jusqu'à 40 m², selon le diagnostiqueur interrogé par Le Parisien. Ce dernier explique ainsi que toutes les chambres de service qu'il a diagnostiquées depuis juillet sont passées en catégorie F ou G.

Enfin, dans un communiqué publié le 21 septembre dernier, l'Union des syndicats de l’immobilier (Unis) et la Fédération Interprofessionnelle du diagnostic immobilier (Fidi) pointaient déjà du doigt "une version du nouveau DPE insuffisamment testée". Les deux fédérations constataient des "écarts très importants des résultats du DPE V3 (le nouveau DPE, NDLR) par rapport à la réalité terrain et à la V2 du DPE" (l'ancien DPE).

"Le calcul du coût des consommations, par tranches, ne correspond pas à la réalité. En électricité, pour un nombre de kWh donné, l’erreur est de plus de 30% par rapport au coût réel du kWh", jugeaient ainsi l'Unis et la Fidi.

Par ailleurs, "certains paramètres du moteur de calcul liés aux habitudes de vie des occupants ont été fortement modifiés par rapport à la version précédente" et "dégradent substantiellement l’estimation des consommations mais aussi la note du DPE".

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco