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Paco Rabanne: l'adieu au roi des matières
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Robe à sequins, looks en Rhodoïd, vision futuriste et décomplexée de la mode, le couturier Paco Rabanne a toujours su innover et proposer des créations à son image. Celui que Coco Chanel appelait "le métallurgiste" a su imposer sa patte sur les podiums du monde entier. Entre influence industrielle et rupture mode, il a habillé les plus grandes stars et développer un véritable empire. Une vie kaloïdoscope pour celui qui est décédé ce 3 février à 88 ans.
Un visionnaire passionné
De son vrai nom Francisco Rabaneda y Cuervo, Paco Rabanne est né en 1934 en Espagne à Pasaia. Très jeune, il côtoie déjà l’univers de la mode puisque sa mère était première couturière pour Cristòbal Balenciaga. Quelques années plus tard, après la mort de son père, il quittera l’Espagne et la guerre civile pour rejoindre la France et plus précisement Morlaix en Bretagne.
Par la suite, il étudie l'architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris mais son cœur balance encore et toujours pour la mode. En effet, passionné par la couture, il finance ses études en dessinant des croquis qu’il revendra à de grandes maisons comme Courrège ou Pierre Cardin. En 1963, il sera lauréat de la Biennale de Paris avec une sculpture habitable pour jardin, exposée au Musée d'art moderne.
En février 1966, sa première collection intitulée “Manifeste” est dévoilée à l’hôtel George-V à Paris. Futuriste et utilisant des matériaux expérimentaux comme le sequin et le Rhodoïd, cette collection de 12 robes va appuyer, affirmer le style signature de Paco Rabanne. En avril 1966, une deuxième collection reprenant les codes de la précédente est présentée au Crazy Horse Saloon.
Matériaux expérimentaux et muses iconiques
Avec sa vision singulière et ses créations aux accents d’armures modernes, Paco Rabanne propose une nouvelle silhouette, à la fois sculpturale et féminine, mélangeant plastique moulé, métal martelé, jersey d’aluminium et fourrure tricotée. Les jeux de lumières provoqués par les nouveaux matériaux redessinent alors le corps des femmes et jouent sur des contrastes toujours plus séduisants.
Précurseur, début 1968 Françoise Hardy va demander à Paco Rabanne de lui confectionner une tenue de scène pour un concert à l’hotel Savoy de Londres. C’est alors que le couturier décide de lui réaliser une combinaison métallique, façon armure brillante, qui s’avéra être d'ailleurs particulièrement inconfortable.
Parmi les autres muses de Paco Rabanne, on compte Brigitte Bardot, Jane Birkin, Jeanne Moreau et Audrey Hepburn, vêtue d’une robe à disques métallisés dans le film de Stanley Donen, Voyage à deux.
Ce miroitement métallique inspira beaucoup d’artistes et cinéastes des années 60 mais ouvrira aussi la voie à l’utilisation de nouvelles techniques et vont définir une ère nouvelle. Ayant recours à des matériaux jusque-là inutilisés (pastilles de Rhodoïd, plaques de métal…), ses créations ont révolutionné la mode dans les années 1960, à l'instar de son sac 1969, fabriqué à la main, qui incarne l’utilisation par la marque de matériaux expérimentaux. En 1968, il signe un contrat de licence avec la famille Puig, parfumeur barcelonais, pour l'exploitation de parfums et lance "Calandre", le premier d'une série à succès.
Mystique et énigmatique
Croyant en la réincarnation, mi-médium, mi-prédicateur, il raconte volontiers avoir, la première fois, fait l'amour avec la Terre en creusant un trou dans le sol. Il affirme avoir eu plusieurs vies (dont celle d'une prostituée du Palais-Royal, maîtresse de Louis XV), avoir vu Dieu et reçu la visite d'extraterrestres. En 1999, il annonce dans l'un de ses livres la destruction de Paris par la chute de la station Mir en s'appuyant sur une lecture toute personnelle des prophéties de Nostradamus.
Prenant petit à petit de la distance, Paco Rabanne a continué à apparaître dans des jurys de festivals de mode où il aimait délivrer son message à la jeune génération. "Nous vous passons le relais. Soyez audacieux comme nous l'avons tous été à notre époque avec Pierre Cardin, Saint Laurent ou Courrège! Osez encore et toujours! Etonnez-nous! Défrichez sans cesse! Pour percer et s'imposer, on n'a pas le droit de copier", lançait-il.
En 1999, Paco Rabanne quitte sa propre maison pour se dédier à la culture et à l'écriture. En 2006, clap de fin: la maison ferme ses portes. Mais, rebondissement, en 2013, c'est le breton Julien Dossena qui est nommé directeur artistique de l'entreprise. Notamment au travers des parfums, il ravive depuis le style signature du grand Paco Rabanne.