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Nord: prison ferme pour des agressions sexuelles sur une mineure rencontrée sur Snapchat et Coco

La balance de la justice.

La balance de la justice. - LOIC VENANCE / AFP

Le tribunal a prononcé une obligation de soins, une interdiction d'exercer pendant cinq ans une activité salarié ou bénévole en contact avec des mineurs, et une inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes.

Le tribunal correctionnel de Valenciennes a condamné vendredi à des peines allant jusqu'à 10 mois de prison ferme des hommes poursuivis pour des actes sexuels avec une adolescente rencontrée sur Snapchat ou le site de discussion en ligne Coco.

Sur les douze hommes jugés, deux ont été condamnés à des peines d'emprisonnement avec sursis pour sollicitation et détention d'images pédopornographiques, les autres à des peines de prison ferme pour "agression sexuelle sur mineure de 15 ans avec une différence d'âge d'au moins 5 ans".

"Ce sont des faits de viol qui ont été correctionnalisés", a souligné la présidente à l'issue du délibéré, rappelant aux hommes condamnés qu'ils auraient pu être renvoyés devant une cour d'Assises.

Le tribunal a estimé qu'aucun de ces hommes ne pouvait ignorer que l'adolescente avait moins de 15 ans au moment où ils ont entretenu des relations avec elle.

Parmi ces hommes de 25 à 60 ans, le plus lourdement condamné, en raison du nombre de rapports avec la jeune fille, l'est à 30 mois d'emprisonnement dont 20 mois assortis de sursis probatoire pendant 2 ans.

Des peines "significatives"

Pour tous, le tribunal a prononcé une obligation de soins, une interdiction d'exercer pendant cinq ans une activité salarié ou bénévole en contact avec des mineurs, et une inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais).

La moitié des prévenus étaient présents, sous le regard des parents de l'adolescente, elle-même absente.

"Ce sont des peines significatives pour les prévenus mais qui ne rattraperont jamais ce que cette jeune fille a perdu", a réagi l'avocat de la famille de l'adolescente, Grégory Frère. "Elles ont vocation à les maintenir sous surveillance pendant un certain délai pour être sûr qu'ils se soignent".

Lors de l'audience le 25 avril, le père de la victime avait estimé qu'à 14 ans, sa fille "en faisait 12".

Tous ces hommes l'ont rencontrée sur internet, majoritairement sur Snapchat et sur le site coco, "connu pour favoriser les relations sexuelles entre majeur et mineur", avait souligné la procureure.

L'enquête avait commencé en avril 2023 lorsque les parents de l'adolescente s'étaient présentés à la gendarmerie, inquiets de son absence. Retrouvée chez l'un des prévenus, elle avait expliqué sa fugue par un "besoin d'être seule", notamment justifié par l'alcoolisme de sa mère. Ainsi les investigations ont permis d'identifier des échanges avec 54 comptes, comportant notamment des photos dénudées.

Des rencontres via le site "coco"

En avril 2023, la jeune fille a été retrouvée dans un hangar agricole chez un des prévenus, dans le Pas-de-Calais, après que ses parents ont signalé sa disparition.

L'enquête a montré que l'adolescente de 13 ans se prostituait via Snapchat et le site de rencontre en ligne coco.fr, devenu coco.gg, sur lequel il suffit de donner son genre, son âge, son code postal et un pseudo, sans aucun contrôle. Sujet à de nombreuses dérives, ce site est utilisé pour de la prostitution mais est aussi à l'origine de guet-apens.

Lors de l'audience de janvier, un agriculteur de 53 ans, notamment poursuivi pour "atteinte sexuelle", a dit "avoir voulu la protéger" car il était "amoureux" de la collégienne.

Juliette Moreau Alvarez avec AFP