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Pourquoi les bombardements russes en Ukraine relancent les craintes d'un accident nucléaire

Plus de neuf mois après l'explosion du barrage hydroélectrique de Kakhovka, c'est l'installation de Dnipro située en amont de la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui été touchée par un missile russe.

Les installations énergétiques du fleuve Dniepr sont une fois de plus prises pour cibles en Ukraine. Une des deux lignes électriques alimentant la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia a été coupée par un bombardement, a annoncé vendredi le ministre ukrainien de l'Energie, Guerman Galouchtchenko, qui a dénoncé une attaque russe de grande ampleur contre les infrastructures ukrainiennes.

L'opérateur ukrainien Energoatom a confirmé qu'après cette coupure, la centrale n'était plus reliée au réseau électrique de l'Ukraine que par une seule ligne, récemment réparée par des techniciens ukrainiens après avoir été elle aussi hors service pendant longtemps en raison d'un autre bombardement.

En cas de coupure de cette dernière ligne, les réacteurs de cette centrale, la plus grande d'Europe, ne dépendront plus pour leur refroidissement que des générateurs diesel de secours, a rappelé l'opérateur, qui souligne qu'un accident nucléaire se produira si ces générateurs s'arrêtent à leur tour de fonctionner. Depuis le début de la guerre, la centrale de Zaporijjia a subi huit black-outs complets et un black-out partiel ayant entraîné le déclenchement des générateurs diesel auxiliaires, selon Energoatom.

Un précédent particulièrement critique à Kakhovka

Mais les dommages ne s'arrêtent pas là puisque la centrale hydroélectrique de Dnipro, la plus grande du pays située en amont de la centrale nucléaire de Zaporijjia, a également été touchée. D'après Ukrhydroenergo, un incendie s'est déclaré mais il n'y a aucune menace de brèche et la situation est sous contrôle.

D'une longueur de 800 mètres, ce barrage retient un réservoir d'eau d'environ 3,3 kilomètres cubes. Cette attaque n'est pas sans rappeler l'explosion du barrage hydroélectrique de Kakhovka, une installation située quant à elle en aval de la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui était survenue début juin 2023 et avait engendré un désastre environnemental et humain.

A l'époque, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait déclaré que la rupture du barrage ne présentait pas de risque immédiat pour la sécurité nucléaire de la centrale et qu'il existait d'autres sources d'eau utilisables si le niveau du réservoir tombait à un niveau trop faible afin d'assurer le refroidissement de la centrale de Zaporijjia. En revanche, une réduction de la capacité de production de la centrale était alors envisageable en raison de ce problème d'approvisionnement en eau de refroidissement et du caractère limité des sources alternatives.

Timothée Talbi avec AFP