BFM Business
Energie

Agnès Pannier-Runacher défend le nucléaire en Europe, un atout pour son "indépendance énergétique"

Sur BFM Business, la ministre de la Transition énergétique explique comment l'Alliance du nucléaire pilotée par la France oeuvre en Europe pour que cette source d'énergie soit considérée de la même manière que les énergies renouvelables.

L'énergie nucléaire divise toujours autant l'Europe. La France, première utilisatrice de cette énergie, tente depuis plusieurs années de convaincre ses partenaires de son intérêt en matière de transition écologique. Elle le fait notamment à travers l'Alliance du nucléaire, sorte de club (ou lobby diront certains), qui vise à mettre sur le même pied nucléaire et énergies vertes comme levier de décarbonation, et qui se réunit ce mardi.

Ce club de 16 membres accueille d'ailleurs un nouveau soutien de poids, la Grande-Bretagne. "C'est un pays qui (a) en cours de construction (...) deux réacteurs EPR et qui a pris la décision d'en construire deux supplémentaires et peut faire un retour d'expérience auprès des pays européens" explique ce mardi Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique sur le plateau de Good Morning Business.

De quoi renforcer "la voix" du nucléaire en Europe, notamment auprès de l'Allemagne qui estime que l'on peut s'en passer. "Aujourd'hui, les experts disent que le nucléaire est une énergie bas carbone et qu'il y a une croissance des projets nucléaires pas seulement en Europe" avance la ministre.

Gaz russe et panneaux solaires chinois

"Le nucléaire est aujourd'hui considéré comme un levier important de décarbonation. L'Allemagne choisit un autre chemin qui est possible mais il est dommage de se priver de la filière nucléaire et nous sommes aujourd'hui un pays sur deux en Europe à penser la même chose", insiste Agnès Pannier-Runacher.

Pour autant, dans l'Union, le message a toujours autant de mal à passer. "Effectivement, le nucléaire n'a pas un statut d'énergie renouvelable" regrette la ministre. Et "là où nous avons un problème, c'est de faire une différence en termes de financement ou de soutien. Nous pensons qu'il faut de la neutralité technologique et c'est la position que je porte notamment avec cette coalition qui a permis de déboucher sur des avancées en montrant que c'est un des éléments de la solution".

Surtout, l'Alliance s'attache aujourd'hui à démontrer que le nucléaire est "un sujet d'indépendance énergétique" face au gaz et pétrole russes ou aux panneaux solaires chinois. Une thématique qui trouve écho aujourd'hui auprès de nombreux pays. C'est aussi un enjeu industriel avec des milliers d'emplois à la clé.

Vers une multiplication de petits acteurs privés?

"Tout l'enjeu, c'est de ne pas remplacer une dépendance par une autre" affirme la ministre.

Reste qu'au-delà des questions de souveraineté énergétique ou de traitement des déchets, les détracteurs du nucléaire mettent en garde contre la multiplication de petits acteurs privés engagés dans la fabrication de ces nouveaux petits réacteurs EPR.

"L'Autorité de sûreté nucléaire veille et validera tous les projets" répond la ministre. "C'est d'ailleurs l'objet de l'alliance de coordonner l'ensemble des autorités de sûreté nucléaire pour partager les informations et d'avoir le plus haut niveau de sûreté. Mais il faudra être attentif et nous le serons au développement de nouveaux réacteurs".

Agnès Pannier-Runacher précise d'ailleurs que le projet de loi d'accélération nucléaire qui revient à l'Assemblée "ne prévoit pas d'installation de nouvelles infrastructures en-dehors des zones qui ont déjà accueilli du nucléaire parce que oui, l'énergie nucléaire appelle une attention particulière".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business