Casino: vers une nouvelle vague de cessions d'hypermarchés

La très mauvaise santé des hypermarchés Casino accélère, selon nos informations, les projets de cessions.

L'actualisation du business plan de Casino, mercredi dernier, a donné l'alerte: les hypermarchés du groupe continuent de perdre beaucoup d'argent et il est désormais prévu qu'ils restent dans le rouge jusqu'à 2026. D’après ce document, qui a été publié sur le site internet du groupe, Distribution Casino France (DCF), qui chapeaute notamment les grandes surfaces, devrait afficher une perte (Ebitda après loyers) de 538 millions d’euros cette année.

Certes, la situation des hypermarchés est depuis longtemps problématique, mais les nouveaux chiffres pourraient changer la donne pour Daniel Kretinsky et ses associés, qui doivent reprendre les rênes du groupe en mars.

"La situation étant ce qu'elle est, cela va avoir des conséquences sur le plan de reprise, qui va être revu", estime une source, qui ajout : "Je ne vois pas d'autre solution qu'accélérer la cession de davantage d'hypermarchés, qui brûlent du cash."

Le plan de reprise de Casino prévoit déjà la vente d'au moins 133 magasins au Groupement Les Mousquetaires (Intermarché) en plusieurs vagues. Une première a eu lieu fin septembre et une deuxième est programmée d'ici trois ans. Il existe une option pour une troisième vague supplémentaire. Selon plusieurs sources, ce calendrier pourrait être accéléré.

La révision du business plan de Casino pourrait aussi amener ce dernier à devoir vendre davantage d'hypermarchés que ce qui est prévu dans l’accord avec Les Mousquetaires. "C'est la question du moment", insiste une source, qui ne serait pas étonnée de "l'ouverture de nouvelles cessions dans un processus concurrentiel". Une autre tient à rappeler que le groupe Casino a été placé fin octobre en procédure de sauvegarde accélérée pour au moins deux mois. Sous le contrôle, donc, d’administrateurs judiciaires. 

Les concurrents aux aguets 

Ce lundi, dans un communiqué, Casino dit avoir reçu des "marques d’intérêts préliminaires en vue de l’acquisition de magasins du périmètre hypermarché et supermarché. Ces marques d’intérêts seront analysées par le groupe Casino et le consortium (EP Equity Investment III, Fimalac et Trinity Investments Designated Activity Company) dans les prochaines semaines, étant précisé que toute opération de
cession devra être préalablement approuvée par le consortium conformément à l’accord de lock-up en date du 5 octobre 2023".

En tout cas, les distributeurs concurrents sont aux aguets. "Dans le commerce, il y a trois règles d'or: l'emplacement, l'emplacement et l'emplacement", martèle un expert du secteur. Dans un contexte de zéro artificialisation des sols, le foncier existant est de plus en plus précieux. Et certains prétendants d'hier le sont encore plus aujourd'hui.

"C'est encore plus d'actualité, confirme un acteur du marché, estimant qu"il n'y a pas d'autre scénario possible pour Casino, depuis le début, qu'un démantèlement par appartements."

Reste la question du timing. Certains envisagent des annonces d’ici fin décembre. "L'urgence est de plus en plus forte" étant donné la dégradation de la situation des hypermarchés de Casino, commente une source, pour qui "il vaut sans doute mieux les remettre en place sous une autre enseigne pour stopper l'hémorragie".

On nous rappelle aussi le point d'honneur mis depuis longtemps par Daniel Kretinsky à vouloir régler le problème du mur de la dette du distributeur. Il est prévu qu'il prenne les commandes dans quatre mois. Contacté, Le Groupement Les Mousquetaires ne fait pas de commentaire.

Pauline Tattevin