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Casino: et si le fonds d'investissement Attestor était finalement l'acteur-clé du dossier?

Une lettre adressée au fonds Attestor, dans laquelle Lidl se dit interessé par une partie des magains Casino, fait beaucoup réagir. Il semble que la missive soit un peu datée, mais l'épisode confirme l'importance prise par Attestor.

Alors que les réunions s'enchainent au Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), à Bercy, pour tenter de trouver une solution sur la restructuration de la dette de Casino dans les dix jours qui viennent, une lettre de Lidl à l'un des associés du fonds britannique Attestor a créé de la confusion mardi.

Dans cette lettre, que nos confrères du Monde ont pu parcourir, Lidl montre des marques d'intérêt pour 600 magasins Casino. Cette information fait beaucoup réagir, alors qu'Attestor s'est rallié ce week-end à l'offre de Daniel Kretinsky et de Marc Ladreit de Lacharrière, qui sont désormais seuls en lice pour recapitaliser Casino.

Or, les deux hommes ont déclaré à plusieurs reprises ces derniers jours qu'ils faisaient de la pérennité du groupe et du maintien de l'emploi l'une de leurs priorités. La pérennité du groupe et l'emploi font partie des critères d'appréciation des offres exigés par la direction de Casino. Ce sont aussi des lignes rouges posées par Bercy, sans parler des syndicats.

La situation a évolué rapidement

Il apparaît toutefois, selon plusieurs sources, que cette lettre de Lidl à Attestor date du 10 juillet, soit avant que l'on apprenne le ralliement du fonds à l'offre de Daniel Kretinsky. Il discutait encore officiellement avec le trio Niel-Pigasse-Zouari, qui dit d'ailleurs n'avoir jamais entendu parler de la missive.

Du côté d'Attestor, on explique que Lidl a en effet pris contact, mais qu'il n'y a pas de discussion actuellement. On rappelle que dans ce dossier Casino, l'engagement du fonds s'inscrit sur le long terme. Une source proche du dossier raconte que si Attestor a accepté de discuter avec Lidl, à l'occasion d'un "call", c'était dans l'hypothèse de faire entrer du cash pour soutenir l'offre du trio, qui en manquait.

On ne sait évidemment pas ce qui adviendra du groupe Casino dans les mois et les années qui viennent. Certaines sources continuent d'envisager un démantèlement. Mais en tous cas, ce type de scénario d'une cession d'un parc de magasins à Lidl ne fait pas partie, aujourd'hui, du plan que défendent Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor.

Attestor en position de force

Cet épisode prouve en revanche, s'il le fallait encore, l'importance prise par ce fonds. Pour plusieurs acteurs du dossier, c'est lui qui a fait basculer le match en faveur de Daniel Kretinsky. Ce dernier "a eu l'intelligence de comprendre qu'il fallait mieux traiter les créanciers", estime une source. Ce qu'il a fait dans sa deuxième offre, déposée le week-end dernier. En leur laissant plus de place dans son projet, il a séduit Attestor, ce qui a décidé les autres fonds à les suivre...

S'il est qualifié de traître par l'entourage du trio Niel-Pigasse-Zouari, qu'il a éconduit pour rejoindre l'offre de Daniel Kretinsky, d'autres acteurs du dossier, plus ou moins proches d'Attestor estiment que le fonds britannique est victime d'un "mauvais procès" et que ce n'est pas "un fonds vautour".

"La Place de Paris ferait bien de modifier ses vues sur Attestor", nous dit une source, qui précise que ce fonds britannique est conseillé par la sérieuse Bank of America, et que "sans lui, il n'y aurait pas eu de deal".

Parmi les défenseurs d'Attestor, l'un d'eux prend pour exemple le cas d'Europcar, où le fonds est entré par de la dette et où il a par la suite injecté de l'equity. Un autre raconte comment, ces dernières années, en France, Attestor a travaillé en bonne intelligence et de façon "honnête" avec les banques françaises.

Des banques françaises qui, selon plusieurs sources, devraient finir par valider le plan de Daniel Kretinsky. "Elles considèrent que ce plan a l'air de tenir la route", nous dit-on notamment.

"Les créanciers bloquent pour l'instant, mais ils vont finir par céder", nuance un autre acteur de ce dossier.

Ce même acteur explique ainsi que Daniel Kretinsky, en ralliant à lui Attestor, s'est adjugé "une minorité de blocage", le fonds britannique détenant désormais, selon nos informations, environ 25% de la dette du groupe de distribution. Contacté, Attestor n'a pas confirmé ce chiffre.

Verdict d'ici dix jours, date-butoir donnée par Casino pour "finaliser un accord de principe sur les termes de la restructuration financière" du groupe.

Pauline Tattevin