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Vidéosurveillance: la Cnil met en garde contre les caméras chargées d'analyser nos comportements

Une caméra de surveillance installée dans l'enceinte de la compagnie de transport C'Express, le 16 mars 2022 à Castelnau-d'Estrétefonds, près de Toulouse

Une caméra de surveillance installée dans l'enceinte de la compagnie de transport C'Express, le 16 mars 2022 à Castelnau-d'Estrétefonds, près de Toulouse - Valentine CHAPUIS © 2019 AFP

La Commission pointe du doigt les risques de surveillance massive et illégale liés à la généralisation des caméras associées à des systèmes d'intelligence artificielle.

La Cnil, garante de la vie privée des Français, a appelé mardi à un encadrement réglementaire ou législatif des dispositifs de surveillance par caméras dites "augmentées", capables d'identifier des comportements de personnes dans l'espace public, selon un communiqué. À l'issue d'une consultation sur le sujet, l'autorité estime dans un document que ces dispositifs sont aujourd'hui interdits par la loi.

"Si l'efficacité de ces caméras augmentées était prouvée et leur utilisation nécessaire, celle-ci devrait être autorisée par une loi spécifique qui, à l'issue d'un débat démocratique, fixerait des cas d'usages précis avec des garanties au bénéfice des personnes", a indiqué la Commission dans son communiqué.

Elle appelle toutefois les pouvoirs publics à limiter leur "multiplication disproportionnée", alors que de nombreuses municipalités ont déjà associé ce type de logiciels à leur dispositif de vidéosurveillance. La Commission souhaite également tracer des "lignes rouges" pour les caméras dont la finalité serait de noter les personnes sur leur comportement.

Différences entre caméras "augmentées" et caméras "biométriques"
Différences entre caméras "augmentées" et caméras "biométriques" © Cnil

Notons que la Cnil différencie ces caméras "augmentées" des caméras "biométriques", qui ont quant à elles vocation à identifier un individu, précisément, grâce à des outils de reconnaissance faciale.

Attroupements ou bagages abandonnés

Les caméras augmentées sont des dispositifs d'enregistrement associés à des logiciels d'intelligence artificielle permettant l'analyse automatique des comportements des individus, sans forcément identifier les passants.

Elles permettent selon leurs promoteurs de repérer des infractions, des comportements "suspects" (attroupements, mouvements rapides ou présence anormalement longue d'une personne) ou des bagages abandonnés.

Leur déploiement "non maitrisé" dans l'espace public "présente  des risques nouveaux pour la vie privée", selon la Cnil, car elles peuvent mener à une société de surveillance généralisée, ou même "modifier, en réaction, les comportements des personnes circulant dans la rue ou se rendant dans des magasins".

Pour les usages qui seraient considérés "légitimes", par exemple pour analyser la fréquentation de certains axes ou systèmes de transport en commun, une loi ou un règlement sera tout de même nécessaire pour "écarter le droit d'opposition" qui permet normalement de refuser de figurer dans un fichier.

"Lorsque les caméras 'augmentées' sont utilisées pour produire des statistiques, constituées de données anonymes et n’ayant pas de vocation immédiatement opérationnelle, elles peuvent d’ores et déjà être déployées, sans encadrement spécifique. Ce serait, par exemple, le cas d’un dispositif permettant de calculer l’affluence dans le métro pour afficher aux voyageurs les rames les moins remplies vers lesquelles se diriger" précise malgré tout la Cnil.

La Cnil, qui a fait de ce sujet l'un de ses axes prioritaires d'action, n'exclut pas une campagne de contrôles pour faire respecter sa position.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably avec AFP Rédacteur en chef adjoint Tech & Co