Elisabeth Borne attend de l'exemplarité de la part des propriétaires de jet privé

En plein mois d'août, Julien Bayou avait fait part de sa volonté de déposer une proposition de loi cet automne pour interdire les jets privés dans une interview pour Libération. Un mois et demi plus tard, la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne concluait jeudi après-midi la présentation du plan de sobriété énergétique pour l'hiver à venir et même au-delà. Dans la foulée de la conférence de presse, elle a évoqué sa position au sujet de ce moyen de transport :

Alors, on ne taxe pas le kérosène, parce qu'il y a une convention internationale qui fait qu'au niveau mondial ce n'est pas taxé. On a dû augmenter la contribution carbone au niveau de l'Europe. Je pense que les différents pays européens sont mûrs, sans doute pour pouvoir prendre ce genre de mesures. Je pense qu'on pourrait attendre des propriétaires de jet privé qu'il soit exemplaire sur le développement de cet avion bas carbone, zéro carbone ensuite."

Olivier Véran avait écarté une interdiction des jets privés

Durant l'été, Julien Bayou expliquait vouloir s'attaquer au "caprice des plus riches qui sont aussi les plus grands pollueurs." "C’est une question de justice. Comment demander des efforts à la population, comment imaginer une transition juste, si les plus riches sont complètement exonérés de tout? Clouer les jets au sol, c’est les ramener sur terre à la raison", estimait l'élu. Il citait notamment le rapport de l'ONG Transport et Environnement qui expliquait en mai 2021 qu'en "une heure seulement, un seul jet privé peut émettre deux tonnes de CO2" là où un Français en émettait en moyenne 11 tonnes en 2018 selon un document du ministère de l'Ecologie.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran n'avait pas tardé à réagir en se montrant compréhensif vis-à-vis de cette position antagoniste à l'encontre des jets privés. "Le jet a valeur de symbole, et les symboles sont importants, soulignait-il. Il ne faut pas que les Français aient le sentiment que ce sont toujours les mêmes à qui l'on demande des efforts. (...) Ils peuvent être heurtés que certains de leurs concitoyens prennent des jets privés pour faire des sauts de puce."

Mais il avait contre-balancé ce discours en mettant en avant l'activité économique générée par ces vols. "Les jets privés sont souvent des transports commerciaux, avec une grande réactivité : c'est créateur d'emplois, il ne s'agit pas d'interdire cela, insistait-il. Olivier Véran. L'usage privé des jets privés est une toute petite partie de l'usage du jet, qui est lui-même une toute petite partie de l'usage de l'avion, qui représente une toute partie des émissions. Cela ne va pas refroidir la planète."