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Surmenés, les jeunes banquiers de Goldman Sachs réclament la semaine de 80 heures

Goldman Sachs

Goldman Sachs - RICHARD A. BROOKS / AFP

Une enquête menée auprès de treize jeunes analystes de Goldman Sachs met en lumière la pression qui pèse sur les épaules de ces banquiers juniors travaillant 95 heures par semaine en moyenne depuis janvier.

Des conditions de travail "inhumaines". Une enquête réalisée auprès de treize jeunes analystes financiers à l’issue de leur première année chez Goldman Sachs révèle le rythme exténuant auquel ils sont soumis depuis leur entrée au sein de la banque d’investissement.

Les résultats de ce sondage qui a fait le tour des réseaux sociaux montrent en effet que les personnes interrogées ont travaillé 105 heures en moyenne la semaine précédant l’enquête et 95 heures par semaine depuis le mois de janvier. Elles déclarent par ailleurs n’avoir que cinq heures de sommeil en moyenne par nuit. Nuit qui ne commence généralement pas avant trois heures du matin.

Il y a eu un moment où je ne mangeais pas, ne prenais pas de douche et ne faisais rien d’autre que de travailler du matin jusqu’après minuit", a déclaré l’un des banquiers juniors de Goldman Sachs.

"Je suis au fond du trou"

Alors qu’ils estimaient à 8,8 sur 10 en moyenne leur santé mentale avant de débuter leur nouvel emploi, les jeunes analystes la notent désormais à 2,8. Même constat pour leur santé physique, dont l’appréciation est passée de 9,9 à 2,3 sur 10 en un an.

En outre, 83% des sondés affirment que leurs supérieurs leur ont déjà crié dessus ou les ont insultés au moins une fois. 77% disent également avoir été "victimes de violences au travail" tandis que 75% déclarent avoir cherché à consulter un thérapeute en raison du stress et de leur santé mentale. Enfin, plus de la moitié assurent être ignorés lors des réunions ou faire l’objet de critiques publiques injustifiées.

"La privation de sommeil, le traitement par des banquiers seniors, le stress mental et physique… J’ai été en famille d’accueil, et c’est sans doute pire", a commenté un des jeunes analystes. "Je suis au fond du trou", a témoigné un autre. A tel point qu’ils estiment aujourd’hui à 3,5 sur 10 la probabilité qu’ils soient encore dans l’entreprise dans six mois.

Plafonnement à 80 heures

Si ce sondage ne peut avoir de réelle valeur statistique compte tenu du maigre échantillon interrogé, il a le mérite de mettre en lumière des abus au sein de Goldman Sachs. La banque n’a d’ailleurs pas nié la forte pression qui pèse sur les épaules de ses équipes en cette période:

"Nous reconnaissons que nos employés sont très occupés, car les affaires sont solides et les volumes sont à des niveaux historiques. Après un an de Covid, ils sont assez tendus, de façon compréhensible. Pour cette raison nous écoutons leurs problèmes et prenons de multiples mesures pour y répondre", a réagi un porte-parole.

Parmi les assouplissements réclamés par les treize analystes financiers, une automatisation de certaines tâches, une meilleure planification des réunions mais surtout un plafonnement des heures travaillées à 80 heures par semaine et le respect de la "politique du vendredi" selon laquelle ils ne devraient pas travailler le vendredi après 21 heures, pas plus que le samedi.

De son côté, la banque a pour l’heure promis l’embauche de nouveaux banquiers et le transfert de certains personnels en interne pour aider les employés surchargés de travail.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco