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Des salariés de Carrefour en grève dans toute la France

Un hypermarché Carrefour à Saint-Herblain, près de Nantes, le 13 janvier 2021

Un hypermarché Carrefour à Saint-Herblain, près de Nantes, le 13 janvier 2021 - LOIC VENANCE © 2019 AFP

Aux quatre coins de la France, des salariés du groupe Carrefour sont mobilisés ce samedi, notamment pour réclamer des hausses de salaires et des embauches. L'accès à certains magasins a été empêché.

Les salariés du groupe Carrefour se sont mobilisés samedi dans toute la France, avec des grèves ou manifestations à l'appel de la CFDT et de la CGT, deux syndicats non majoritaires, pour dénoncer un "confinement social", de mauvaises conditions de travail, et réclamer embauches et hausses des salaires.

A Liévin (Pas-de-Calais), les salariés ont mené une "grève, avec un filtrage impactant", a indiqué Philippe Hureau, délégué CFDT, qui a critiqué "le manque de personnel en magasin". "On ne nous donne pas les moyens de satisfaire les clients. Il y a beaucoup d'attente en caisse", a-t-il expliqué.

Devant le plus grand Carrefour de Marseille, dans les quartiers Nord, les clients étaient bloqués sur plus d'un kilomètre samedi matin, dans un concert de klaxons, avec l'entrée du parking entravée par des chariots couchés à terre et un barrage filtrant organisé par les grévistes. "Le magasin continue de tourner, mais nous essayons au maximum de dissuader les clients", a expliqué Fiona Agueni, étudiante et caissière du magasin.

"La direction nous méprise"

Dans le Val-de-Marne, trois magasins ont suivi le mouvement, à Ivry-sur-Seine, Villejuif et Charenton-le-Pont, tout en restant ouverts, selon la préfecture. "Carrefour va verser 400 millions d'euros à ses actionnaires, et seulement 200 euros brut (de prime) à ses salariés. C'est inacceptable, surtout dans les conditions dans lesquelles nous travaillons", avec "des clients agressifs", a protesté Betty, déléguée syndicale CFDT à Ivry-sur-Seine.

"La direction nous méprise", s'est insurgé son collègue Stéphane Desgranges, représentant CGT. "On a été ouvert depuis un an, on a nourri les gens...", a-t-il rappelé. "Aujourd'hui, (...) on laisse le magasin ouvert (...) mais si la direction ne nous entend pas, on passera à l'étape supérieure", a-t-il prévenu.

En Seine-Saint-Denis, deux magasins étaient mobilisés, à Noisy-le-Grand et Aulnay-sous-Bois, "sans conséquences sur l'accueil de la clientèle", selon la préfecture. A Étampes, d'après la préfecture de l'Essonne, une quarantaine de salariés se sont rassemblés dans la matinée dans une ambiance "calme et sereine" sur le parking du magasin.

Le mouvement a également été suivi à Givors (Rhône), où le magasin était fermé samedi matin pour cause de grève. A Dijon, une centaine de manifestants se sont rassemblés à l'appel de la CFDT devant un centre commercial et à Quetigny, en banlieue dijonnaise, la grève était suivie à 50%, selon la CGT, citée par Le Bien Public.

A Annecy, les salariés de l'hypermarché Carrefour "ont manifesté devant le magasin", selon la CGT locale, et à Nice, deux hypermarchés étaient touchés par le mouvement, qui a gagné Monaco, où 70 des 280 salariés de l'hypermarché Carrefour étaient en grève, selon Alexandra Oukdim, déléguée du Syndicat du commerce de Monaco.

Carrefour se défend des accusations

D'après la direction, il y avait 2000 grévistes sur 85.000 salariés. A BFM Business, Carrefour rappelle avoir été le premier à verser l'an dernier une prime de 1000 euros à l'ensemble de ses 85.000 salariés dans les magasins, entrepôts et drive.

"Cette année, nous avons signé sur les formats hypermarchés et supermarchés, deux accords salariaux majoritaires le 23 mars signés par FO [le syndicat majoritaire] qui prévoit des revalorisations salariales de 1,2% en supermarché, et de 0,9% en hypermarché. A ces 0,9% s’ajoutent une prime d’engagement de 200 euros", détaille Carrefour auprès de BFM Business.

Le groupe ajoute qu'en 2021, les montants d’intéressement et de participation "sont les plus élevés depuis 10 ans". "Dans les magasins, ça représente 1200 euros en moyenne pour les salariés des magasins, soit 200 euros de plus que l’an dernier", précise l'enseigne.

"Si vous mettez bout à bout l’impact de cette négociation salariale en tenant compte de l'augmentation salariale, de la prime et des montants d'intéressement et de participation, il est évident que Carrefour s’est attaché à reconnaître la contribution de ses salariés aux résultats du groupe", se défend Carrefour.
Pauline Dumonteil avec AFP