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Vaccination anti-Covid: pourquoi de plus en plus de centres ne proposent plus que du Moderna

Pas de pénurie de Pfizer, assure le ministère de la Santé, mais des stocks de Moderna à écouler et dont le conditionnement est plus adapté aux centres de vaccination.

Pfizer chez les médecins et dans la pharmacie, Moderna dans les centres de vaccination... Depuis quelques semaines, c'est la répartition que semblent faire certaines agences régionales de santé (ARS), au grand dam des patients qui se pressent dans les centres de vaccination et qui souhaitent en majorité qu'on leur injecte le vaccin à ARN messager de Pfizer-BioNTech.

C'est en région Sud-Paca que cette répartition a semble-t-il été inaugurée. Selon une note de l'ARS Paca consultée par le journal La Provence, l'ensemble des centres de vaccination de la région ne seront à terme plus livrés qu'en vaccins Moderna.

"Toutes les régions sont traitées avec équité", assure le ministère de la Santé à La Provence. "En Paca, en raison d'un stock initial en vaccin Pfizer plus faible par rapport à d'autres régions, de nombreux rendez-vous Pfizer ont été proposés alors qu'il n'y avait pas en stock le nombre de doses correspondant à ces rendez-vous, d'où la situation..."

La situation, c'est que de nombreux centres de la région ont dû fermer leurs prises de rendez-vous la semaine dernière alors que débutait la campagne de rappel.

Après la région Sud-Paca, la Bretagne et la région Centre ont à leur tour privilégié le Moderna pour leurs centres de vaccination. Y aurait-il une pénurie de Pfizer alors que 5,5 millions de rendez-vous ont été pris depuis les annonces du ministre de la Santé sur l'obligation de la dose de rappel pour valider le passe sanitaire?

20 millions de doses Moderna à écouler

C'est plutôt une sur-représentation des doses de Spikevax (le nom du vaccin Moderna) que les agences de santé doivent écouler qui explique cette situation. Selon la Direction générale de la Santé, le pays dispose de 5 millions de doses de Comirnaty (le vaccin Pfizer) pour 20 millions de doses du sérum de Moderna.

Depuis que les vaccins à ARN messager sont autorisés dans la médecine de ville, c'est le vaccin de Pfizer qui est commandé en priorité par les généralistes et les pharmacies. La semaine dernière, la médecine de ville en a commandé 3,2 millions de doses précisément. Mais ils n'en recevront que 2,4 millions cette semaine, précise le ministère de la Santé. Pour les 800.000 doses restantes, il s'agira pour eux aussi de Moderna.

Un choix qui s'explique en partie par la réticence des patients, mais pas seulement. Depuis début novembre, la Haute autorité de Santé (HAS) recommande le Moderna aux plus de 30 ans. Les médecins préfèrent commander du Pfizer qui peut être injecté à l'ensemble des patients.

Mais surtout, le flacon de Pfizer est mieux adapté à la médecine de ville qui vaccine un nombre réduit de patient comparé aux centres. Un flacon de Pfizer contient en effet 5 doses et le rappel se fait avec une dose complète. En commandant un flacon, un médecin n'a qu'à trouver cinq patients à vacciner. Pour le vaccin Moderna c'est plus compliqué. Un flacon de Spikevax contient en effet 10 doses. Et la HAS conseille par ailleurs de n'en utiliser qu'une demi pour faire le rappel.

"La HAS recommande que le vaccin Spikevax, dont l’efficacité vaccinale semble légèrement meilleure, puisse être utilisé en primovaccination (en dose complète de 100 µg) et pour l’administration d’une dose de rappel en demi-dose (50 µg) chez les sujets âgés de 30 ans et plus", indique la HAS sur son site.

Un praticien doit donc vacciner 20 patients en rappel pour ne pas gâcher de doses s'il vaccine avec le Moderna. Seuls les centres de vaccination ont des flux suffisants pour utiliser l'intégralité de ces flacons. Le temps d'écouler les stocks, ils seront donc principalement fournis en Moderna, ce qui limite donc les injections aux plus de 30 ans.

La situation pourrait évoluer: à fin novembre, le pays avait reçu 27 millions de doses de Moderna, un nombre qui n'évolue plus depuis fin octobre. À la différence des livraisons de Pfizer qui sont reparties à la hausse depuis l'accélération de la campagne de rappel. À fin novembre, la France a reçu près de 89 millions de doses de vaccin Pfizer, soit près de 6 millions de doses reçues sur le seul mois de novembre.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco