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Finlande: des prisonniers chargés d'améliorer une intelligence artificielle

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Le sujet fait polémique car le montant perçu par les détenus n'est pas connu. Il pourrait être inférieur à deux dollars de l'heure.

Même en prison, il existe désormais des travailleurs du clic. En Finlande, deux établissements pénitentiaires ont noué un partenariat avec une start-up baptisée Vainu, révèle The Verge. Cette dernière élabore une base de données des entreprises du monde entier. Elle sert ensuite d’annuaire aux sociétés à la recherche de nouveaux partenaires. Mais pour que cela fonctionne, il est nécessaire d’effectuer un titanesque travail d’étiquetage d’articles de presse et d’autres contenus. C’est la mission confiée aux détenus. 

Une exploitation des détenus? 

Ce partenariat qui dure depuis trois mois fait polémique. D’un côté, la start-up finlandaise y voit un moyen d’enseigner de nouvelles compétences aux détenus et d’avoir à disposition une importante quantité de main d’œuvre. De l’autre, des experts expriment leur inquiétude sur l’exploitation économique des détenus qui travaillent pour de très bas salaires.

Car Vainu ne paye pas directement les prisonniers pour leur travail. Leur rétribution est versée à la Criminal Sanctions Agency (CSA), l’organisme finlandais dépendant du ministère de la justice et chargé de l’exécution des peines dans le pays. Le CSA se garde ensuite le droit de déterminer quelle part de cette somme est reversée à chaque détenu.

Vainu paye pour chaque détenu la même somme qu’aux micro-travailleurs d’Amazon Mechanichal Turk. Sur cette plateforme, tout le monde peut aider l’entreprise finlandaise à constituer sa base de données, contre rémunération. Mais la plupart des utilisateurs de ce service sont anglophones et ne peuvent donc pas étiqueter les articles rédigés en finlandais. C’est pourquoi Vainu a eu l’idée de se tourner vers les prisons du pays.

L’année dernière, le média américain The Atlantic révélait qu’un micro-travailleur de Mechanichal Turk touchait en moyenne deux dollars de l’heure. Selon Tuomas Rasila, co-fondateur de Vainu, moins d'une centaine de détenus travaillent actuellement pour son entreprise.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech