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Twitter, Netflix, Microsoft: ces entreprises tech qui licencient

Depuis le début de l'année, plusieurs géants de la tech ont annoncé un ralentissement de leurs recrutements, voire même, des licenciements.

Sortie de crise sanitaire, guerre en Ukraine, inflation et spectre d'une récession imminente aux Etats-Unis. Avec un contexte économique incertain, les géants de la tech craignent pour leurs perspectives de croissance.

Le secteur s'était habitué à une croissance insolente au cours de la dernière décennie. Apple, Microsoft et Amazon figurent ainsi parmi les entreprises les plus valorisées au monde, avec respectivement 2 380 milliards de dollars, 1 930 milliards de dollars et 1 130 milliards de dollars.

Forts de leurs performances, ils ont massivement recruté. Au cours des cinq dernières années, Meta (maison-mère de Facebook), Apple, Microsoft et Alphabet (Google) ont ainsi presque doublé leur nombre combiné d'employés à temps plein pour atteindre un total collectif d'environ 563 000 salariés, a calculé le Wall Street Journal. Amazon, à lui seul, employait fin 2021 plus de 1,6 million de personnes dans le monde.

Mais depuis le début de l'année, plusieurs d'entre eux ont annoncé un ralentissement de leurs recrutements, voire même, des licenciements. Ces annonces, si elles témoignent d'un ralentissement, sont à relativiser.

Les chiffres publiés vendredi 8 juillet par le ministère américain du Travail montrent que le secteur continue tout de même de créer des emplois en juin et ce, à un rythme plus rapide qu'avant le début de la crise sanitaire. Mais une baisse des créations d'emplois est à l'oeuvre au cours des derniers mois. Passage en revue des différentes annonces.

Netflix perd des abonnés et licencie

Période sombre également pour Netflix. Lancée en 1997, la plateforme de vidéos à la demande a perdu des abonnés - 200.000 - pour la première fois de son histoire au cours du premier trimestre 2022. Un chute qui s'est poursuivie au deuxième trimestre avec près d'un million d'abonnés en moins.

Cette perte de vitesse intervient après des investissements massifs de Netflix dans la production de contenus afin de garder sa place de leader mondial sur le marché du streaming vidéo, alors que des nouveaux acteurs ont fait leur apparition, comme la plateforme Disney+ en 2019.

Netflix a successivement annoncé licencier 25 salariés en avril, puis 150 en mai et enfin, 300 employés (3% de sa masse salariale) dans le monde fin juin. Depuis son plus haut historique en novembre 2021, sa valorisation a chuté de plus de 70%.

Microsoft licencie mais promet des recrutements

Sans communiquer de chiffres précis, Microsoft dit avoir licencié le 11 juillet "moins de 1 %" de son effectif de 180 000 salariés, a rapporté Bloomberg. Les licenciements concernent plusieurs services, notamment celui du "conseil et solutions pour les clients et les partenaires", et sont répartis sur plusieurs zones géographiques, a indiqué le groupe informatique auprès de Bloomberg.

Ces limogeages interviennent alors que le groupe a clôturé son exercice fiscal décalé à la fin juin. Microsoft a toutefois déclaré vouloir continuer à embaucher sur d'autres postes et terminer l'année fiscale en cours avec des effectifs en hausse d'ici juin 2023.

Shopify fait les frais de la pandémie

En se basant sur les tendances de consommation liées aux périodes de confinement, Shopify a fait un mauvais pari. La plateforme de vente en ligne a donc licencié 10 % de ses employés le 27 juillet, soit environ 1000 personnes. Malgré un usage régulier du service pendant la pandémie de Covid-19, les consommateurs n'ont pas modifié suffisamment leurs habitudes pour justifier les embauches récentes de l'entreprise canadienne.

Twitter poursuit une chasse aux coûts

Le réseau social a annoncé début juillet licencier 30% de ses équipes de ressources humaines, soit l'équivalent d'une centaine de personnes. L'entreprise américaine avait déjà annoncé courant mai faire une pause dans ses recrutements. L'objectif: réduire ses coûts et se rendre désirable aux yeux d'Elon Musk. Sauf que depuis, le patron de Tesla a retiré son offre début juillet. Désormais, un procès, qui débutera le 17 octobre, doit déterminer si la vente, d'un montant de 44 milliards de dollars, peut être imposée à l'homme le plus riche du monde.

Quelques jours après l'avortement de la transaction, Twitter précisait dans un document ne pas envisager de licenciement, mais vouloir poursuivre sa chasse aux coûts, explique Reuters. Dans un mémo interne consulté par le Wall Street Journal, l'entreprise écrivait en mai son intention de réduire ses dépenses en matière de ressources externes comme les consultants, mais aussi ses frais de voyages et d'événements, de marketing, d'immobilier, d'infrastructures et d'autres coûts opérationnels.

TikTok lance une "restructuration interne"

TikTok revoit ses besoins à la baisse. Un peu moins d'une centaine d'employés vont quitter les effectifs de la plateforme de courtes vidéos, a appris Wired. Appelée "restructuration interne" par une porte-parole, cette vague de licenciements visent des personnes et équipes qui ne contribuent pas suffisament à l'entreprise.

Un ancien salarié parti plus tôt dans l'année met en relation cette décision avec l'abandon du service d'achat TikTok Shop. La restructuration doit toucher les Etats-Unis, l'Europe et le Royaume-Uni, qui comptent au moins 10.000 employés selon le magazine américian.

Google va ralentir les embauches

Pas de licenciements en vue chez Google, mais des réductions d'embauches courant 2022. Dans un mail adressé aux employés le 12 juillet, le Pdg Sundar Pichai a expliqué que le groupe va "ralentir le rythme des embauches pour le reste de l'année", a rapporté le Wall Street Journal.

Google a recruté environ 10.000 nouveaux employés au deuxième trimestre et des recrutements sont toujours en cours ce trimestre, a précisé le Pdg.

"Pour aller de l'avant, nous devons faire preuve de plus d'esprit d'entreprise, travailler avec une plus grande urgence, une concentration plus aiguisée et plus de hargne que ce que nous avons montré lors des jours plus favorables", a écrit Sundar Pichai, évoquant le contexte de croissance incertain.

Et de poursuivre: "Dans certains cas, cela signifie consolider là où les investissements se chevauchent et rationaliser les processus. Dans d'autres cas, cela signifie mettre en pause le déploiement et redéployer les ressources vers des domaines plus prioritaires."

Facebook met la pression

La maison-mère de Facebook a annoncé début juillet la réduction de ses projets d'embauche d'ingénieurs d'au moins 30% cette année. Elle devrait recruter tout de même entre 6000 à 7000 ingénieurs courant 2022, contre les 10.000 postes initialement budgétés.

Au-delà d'abaisser ses créations de postes, Meta va intentionnellement laisser des emplois vacants. L'objectif clairement assumé: augmenter la pression sur les indices de performances, afin d'évincer ceux incapables d'atteindre ces nouveaux objectifs.

Chez Uber, l'embauche sera un "privilège"

Même son de cloche chez Uber. Le Pdg de l'application, Dara Khosrowshahi, a déclaré en interne que l'entreprise allait "traiter l'embauche comme un privilège", rapportait le Wall Street Journal début mai.

Lancée en 2009, l'application de VTC (réservation de voiture avec chauffeur) n'est toujours pas rentable. Elle cherche à réduire ses coûts pour rassurer ses investisseurs, alors que son action en bourse a chuté de plus de 65% au cours des 18 derniers mois.

Après des résultats décevants, Snapchat se serre la ceinture

Avec un deuxième trimestre 2022 plus challengeant que prévu, Snapchat n'a pas atteint ses objectifs. Après l'annonce des résultats le 21 juillet, l'action de l'entreprise a fait une chute de 25 %, précise CNN.

Pourtant, le patron avait prévenu dès le mois de mai que les résultats ne seraient pas au rendez-vous, comme l'indiquait TechCrunch. La plateforme se prépare à une réduction des coûts. Bien que cela n'implique pas de licenciement, seuls les postes indispensables seront remplacés en cas de départs.

Malgré des résultats à la hausse, Spotify tire aussi le frein à main

Alors que le leader du streaming audio affiche toujours une forte croissance, il a annoncé à la mi-juin une baisse de 25% des recrutements cette année.

Cette annonce est davantage une mesure d'anticipation que de réaction, comme l'avait justifié le directeur financier du groupe Paul Vogel, lors de la présentation des résultats trimestriels aux investisseurs en juin:

Nous sommes conscients de l'incertitude croissante de l'économie mondiale. Et nous si n'avons pas encore constaté d'impact concret sur nos activités, nous suivons de près la situation et réévaluons la croissance de nos effectifs à court terme."
Anaïs Cherif