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Révolution chez Apple, qui dévoile des MacBook équipés de processeurs inspirés de l'iPhone

Le nouveau MacBook.

Le nouveau MacBook. - APPLE

Le fabricant californien délaisse Intel, son partenaire depuis 15 ans, pour proposer des ordinateurs portables avec des processeurs inspirés de l’univers du mobile. Une évolution qui pourrait marquer l’industrie.

C’est une évolution comme il y en a peu dans l’industrie informatique. Ce 10 novembre, Apple a dévoilé ses premiers MacBook équipés de ses propres processeurs baptisés M1, conçus par sa division maison tout récemment créée: Apple Silicon.

Cette évolution prend la forme de deux nouveaux ordinateurs portables: un MacBook Air de 13 pouces (à partir de 1.129 euros), ainsi qu'un MacBook Pro de 13 pouces (à partir de 1.449 euros). Un nouveau Mac mini (à partir de 799 euros), toujours équipé de cette puce M1, complète la gamme. Ils seront livrés à partir du 17 novembre prochain.

Le nouveau MacBook Air, équipé de la puce M1
Le nouveau MacBook Air, équipé de la puce M1 © Apple

Grâce à cette nouvelle génération de processeurs, Apple promet une autonomie sensiblement supérieure pour le nouveau MacBook Air (jusqu'à 18 heures), le modèle le plus vendu, ainsi qu'un fonctionnement parfaitement silencieux. Ce changement de composants permet en effet au fabricant de refroidir ses machines sans y intégrer de ventilateur.

Des processeurs venus des iPhone et iPad

Pour Apple, il s’agit d’une véritable rupture. Depuis quinze ans, l’entreprise se fournit chez Intel, fabricant historique de processeurs, les “moteurs” des ordinateurs, qui livre également l’ensemble de ses concurrents.

Mais Apple juge désormais que ses propres puces seront plus efficaces et moins consommatrices d’énergie que celles d’Intel, grâce à un changement de fond: elles s’inspirent largement des processeurs de la gamme "A", qui équipent les iPhone et iPad.

La puce M1 d'Apple
La puce M1 d'Apple © Apple

Depuis cinquante ans, Intel conçoit des processeurs destinés aux ordinateurs des fabricants du monde entier. Ces puces, plébiscitées pour leur qualité, sont utilisées dans les machines historiques (ordinateurs de bureau et ordinateurs portables). Mais elles n’ont jamais réussi à s’imposer dans l’univers du smartphone, qui requiert des qualités très particulières: performances maximales pour un encombrement minimal, avec une bonne gestion de l’énergie.

A ce jeu, l’Américain Qualcomm a rapidement détrôné Intel sur le marché du mobile Android, tandis qu’Apple a mis au point ses propres processeurs pour iPhone. Ce sont ces puces, bien mieux optimisées pour une utilisation dans des machines compactes, qui sont désormais choisies pour les MacBook.

Grâce à elles, Apple promet à ses clients des ordinateurs plus puissants (un iPad Pro est plus puissant qu’un MacBook Pro pourtant bien plus cher), débarrassés d’une grande partie des problèmes de chauffe, et bien plus endurants.

Lors de sa présentation, Apple a ainsi promis que ses MacBook Air équipés de puces M1 sont 3,5 fois plus réactifs que les versions équipées des processeurs Intel (et cinq fois plus puissants pour la partie graphique). La marque insiste sur le fait que cette nouvelle génération sera aussi réactive qu'un iPhone ou qu'un iPad, par exemple pour sortir de veille ou pour lancer une application.

Le nouveau MacBook Pro, équipé de la puce M1
Le nouveau MacBook Pro, équipé de la puce M1 © Apple

De son côté, le MacBook Pro équipé de la puce M1 sera près de trois fois plus puissant que l'ancienne génération, et cinq fois plus performant sur la partie graphique. Ce dernier, plus consommateur d'énergie, conserve ses ventilateurs. En revanche, il voit son autonomie théorique bondir de 10 heures, pour atteindre les 20 heures en vidéo.

Bouleversement logiciel

Dans le même temps, Apple devra faire face à un immense défi: faire en sorte que les logiciels fonctionnent aussi bien avec ces nouveaux MacBook que sur les anciens, équipés de processeurs Intel.

Le changement d’architecture de ses processeurs entraîne en effet une incompatibilité des logiciels. Pour y remédier, Apple pourra compter sur un émulateur (un logiciel chargé de “traduire” ces logiciels d’une plateforme à l’autre, susceptible de plus ou moins nuire aux performances de ces derniers), mais surtout, et à plus long-terme, sur sa toute puissance vis-à-vis des développeurs.

Face au gigantesque marché représenté par Apple, ces derniers devront au plus vite proposer une version de leurs logiciels compatibles avec ces nouveaux MacBook équipés de processeurs mobiles. Ils seront notamment aidés par une nouvelle plateforme permettant de créer des applications "universelles", capables de fonctionner sur les MacBook équipés de puces M1 et sur ceux qui sont équipés de puces Intel. Une transition qui devrait durer deux ans, et qui devrait donc se faire en douceur.

Le Mac mini d'Apple, équipé de la puce M1
Le Mac mini d'Apple, équipé de la puce M1 © Apple

En attendant, l'arrivée de cette nouvelle génération de Mac permet de le rapprocher des iPhone et iPad. Grâce à sa nouvelle puce proche de la puce mobile d'Apple, les applications d'iOS et iPadOS pourront désormais fonctionner sur ordinateur, du moins si les développeurs donnent leur autorisation.

Les processeurs des iPhone, servant de base aux puces M1, sont également conçus pour intégrer une composante 4G/5G. Par la suite, la marque pourrait ainsi dévoiler des MacBook compatibles avec le réseau mobile, qui n’ont plus besoin de se connecter en Wi-Fi, toujours plus adaptés aux usages nomades.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co