Tech&Co
Tech

Plusieurs pays voisins de la France préfèrent avoir 4 opérateurs mobiles

Après l'Italie, l'Allemagne et la Belgique veulent accueillir un quatrième opérateur mobile sur leur territoire.

Après l'Italie, l'Allemagne et la Belgique veulent accueillir un quatrième opérateur mobile sur leur territoire. - Josep Lago-AFP

Alors que l'office allemand des cartels préconise un retour à quatre opérateurs mobiles contre trois actuellement, la Belgique y pense aussi tandis que l'Italie a été bousculée par l'arrivée d'Iliad comme quatrième acteur en mai 2018. Ces pays sont à rebours de la France et du Royaume-Uni où le débat public est favorable à un passage à trois opérateurs.

En Europe, le consensus autour de la réduction du nombre d'opérateurs mobiles n'est plus à l'ordre du jour. Le dernier pays européen en date à relancer le débat en se déclarant favorable à l'arrivée d'un nouvel acteur n'est pas des moindres. L'office des cartels allemand -Bundeskartellamt- vient d'estimer qu'il "serait souhaitable que la concurrence sur le marché des communications mobiles se traduise par l'accès au marché pour un quatrième opérateur de réseau".

Cette déclaration a pour contexte l'attribution prochaine des fréquences 5G en cours de préparation outre-Rhin. Le scénario envisagé serait, pour ce quatrième acteur, celui d'un accès aux fréquences et réseau d'un opérateur existant au travers d'un accord de roaming comme ce fut le cas pour Free qui a pu accéder au réseau 2G et 3G d'Orange.

Le marché allemand est passé de 4 à 3 acteurs en 2014

Andreas Mundt, président de l'Office fédéral des cartels, (l'équivalent de l'Autorité de la concurrence en France), a justifié ainsi sa position: "la concurrence est le principal moteur des services innovants pour soutenir la numérisation de l'économie. En outre, ce n’est que dans un environnement concurrentiel que les consommateurs sont assurés de disposer de produits attractifs à des prix raisonnables". Outre-Rhin, le marché de la téléphonie mobile est tenu par trois grands opérateurs, Deutsche Telekom, Vodafone et Telefonica, ce dernier ayant racheté en 2014, E-Plus, le quatrième acteur du mobile outre-Rhin.

L'Allemagne n'est pas le seul pays en Europe à envisager l'arrivée d'un nouvel acteur pour stimuler la concurrence et l'innovation dans la téléphonie mobile. En Belgique, le gouvernement fédéral et son ministre des télécoms ont décidé, en plein milieu de cet été, d'ouvrir les prochaines enchères pour l'attribution de fréquences, prévues en 2019, à un quatrième opérateur. En dépit de prix en baisse, les autorités belges estiment que les tarifs des services mobiles sont encore trop chers pour le consommateur. Déjà, la question se pose du profil du prochain arrivant, prêt à secouer la concurrence outre-Quiévrain. Pour le média économique belge L'Echo, le dossier pourrait intéresser Iliad, maison-mère de Free.

Free joue les trublions en Italie comme 4ème opérateur

L'opérateur français, en quête de relais de croissance à l'étranger, vient de faire une entrée fracassante sur le marché italien, en tant que quatrième opérateur, où Il a attiré un million de clients en moins de deux mois. Iliad a profité en quelque sorte de la consolidation entre opérateurs dans la péninsule. La fusion entre Wind et 3 (Tre) n'avait pu être validée par Bruxelles, qu'à la condition qu'ils cèdent une partie de leurs fréquences à un tiers, Iliad en l'occurrence, pour maintenir un marché à quatre opérateurs.

Ce mouvement de plusieurs pays limitrophes fait écho au débat public qui fait rage actuellement en France. À rebours de certains de ses voisins, dans l'Hexagone, les quatre opérateurs mobiles et le régulateur des télécoms (l'Arcep) réfléchissent de concert à une consolidation éventuelle réduisant de quatre à trois le nombre d'acteurs. L'argument avancé tient à la persistance de la guerre des prix en France.

Au Royaume-Uni, le gouvernement est favorable à la consolidation

Cet affrontement sur les tarifs pèse sur les marges bénéficiaires et pénalise à tour de rôle le modèle économique de chaque opérateur (Bouygues, Free et SFR [groupe Altice, propritétaire de ce site]). En dépit de rumeurs récurrentes, aucun scénario de fusion n'est encore à l'ordre du jour depuis l'échec en 2016 des négociations prévoyant un "partage" des actifs de Bouygues Telecom entre les trois autres acteurs.

La France n'est pourtant pas tant isolée que cela en Europe dans sa volonté de consolidation sur le marché du mobile. Outre-Manche, selon le quotidien Financial Times, le gouvernement britannique n'est plus opposé à un tel rapprochement entre acteurs de peur que les quatre opérateurs du pays n'investissent pas assez dans la 5G par manque de moyens financiers. Ce revirement intervient alors qu'en 2016, un projet de fusion entre les opérateurs O2 et Three avait capoté, le régulateur britannique des télécoms (Ofcom) ainsi que la Commission européenne, ayant affiché leur opposition.

Frédéric Bergé