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Les réseaux sociaux seraient plus ou moins néfastes pour les jeunes selon leur âge

Un téléphone portable dont l'écran affiche plusieurs applications dédiées aux réseaux sociaux

Un téléphone portable dont l'écran affiche plusieurs applications dédiées aux réseaux sociaux - Odd ANDERSEN © 2019 AFP

Cette étude s'intéresse à la relation entre bien-être et réseaux sociaux à travers le prisme de l'âge. Les adolescents à la puberté ou quittant le foyer familial seraient plus affectés.

Les risques des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents sont une nouvelle fois pointés du doigt. L'Université britannique de Cambridge a réalisé une nouvelle étude, publiée dans la revue scientifique Nature, s'intéressant à l'impact de ces derniers selon l'âge des adolescents.

Ce sujet a récemment été évoqué lors de l'affaire des Facebook papers, notamment concernant les conséquences néfastes d'Instagram sur les mineurs.

Réalisée sur 84.000 personnes entre 10 et 80 ans résidants au Royaume-Uni, cette étude, relayée par le média spécialisé The Verge indique que les réseaux sociaux peuvent avoir des conséquences délètères sur les adolescents lorsque ceux-ci les utilisent à certaines périodes charnières de leur vie.

Décisif à certains moments de la vie

L'étude s'est concentrée plus spécifiquement sur 17.000 individus âgés de 16 à 21 ans. Chez ces derniers, elle montre un parallèle entre l'utilisation soit intensive, soit minime des réseaux sociaux, et une santé mentale dégradée.

Les recherches ont mis en avant une accentuation de ce phénomène lors de la puberté et au moment de quitter le foyer familial (autour de 19 ans au Royaume-Uni), deux moments forts de la vie et du développement de l'individu. En termes d'âge, cela correspond à 14-15 ans, puis 19 chez les garçons, et 11-13 ans, puis 19 chez les filles.

L'utilisation intensive des réseaux sociaux a pu être déterminante dans la façon dont ces moments ont été vécus ou ressentis pour cette catégorie de personnes. Chez les 10-15 ans, le parallèle était moins probant, mais tout de même visible chez les jeunes filles.

"L'adolescence est un moment clé dans les évolutions cognitives, biologiques et sociales. Ces changements interagissent avec les réseaux sociaux d'une manière très intéressante" explique Amy Orben, psychologue et cheffe du programme Santé mentale numérique à l'Univesité de Cambridge, auprès de The Verge.

La psychologue met en avant la difficulté d'évaluation des conséquences sur la santé mentale et le bien-être, du fait de la complexité de ces deux notions. De même, elle rappelle les limites d'une telle étude: cette dernière permet simplement d'établir un parallèle entre santé mentale et réseaux sociaux, sans toutefois mettre en relief les enjeux précis inhérents à chaque individu.

Des modalités d'encadrement complexes

Enfin, l'étude nuance le mal-fondé des réseaux sociaux. Elle met en avant l'idée selon laquelle les utiliser peut être un moteur de sociabilité, et de construction de relations sociales avec ses pairs. Selon le rapport, une future étude, dans le même cadre, s'intéressera aux publics les plus vulnérables face aux réseaux sociaux.

En octobre 2021, aux États-Unis, plusieurs réseaux sociaux, tels qu'Instagram, TikTok ou Snapchat, étaient auditionnés par le Congrès américain en raison de la dégradation du bien-être qu'ils engendrent chez les jeunes publics.

Depuis ces événements, les réseaux sociaux ont lancé quelques initiatives à l'égard des jeunes, comme le fait de proposer des "pauses" loin de l'application à intervalles réguliers.

Cependant, Instagram, qui était à l'origine de l'initiative, a fait marche arrière en allongeant le temps minimal proposé pour ces rappels. En outre, la majorité des entreprises détenant ces plateformes, comme Meta, refusent de rendre publics les rapports internes liés à ces problématiques.

Victoria Beurnez