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Etats-Unis: Google stocke toujours les données des personnes qui cherchent à avorter

Contrairement aux engagements annoncés, Google stocke toujours les données de ses utilisateurs qui cherchent des cliniques pour avorter.

Aux Etats-Unis, l'avortement est illégal dans 12 Etats. Malgré des engagements de Google, pris en juillet dernier, pour la suppression de données de recherche et de la localisation relatives à l'avortement, de nouvelles analyses montrent que le moteur de recherche stocke toujours largement ces données.

Le collectif Accountable Tech a mené une expérience en août et en octobre pour tester l'engagement pris par de Google. Mais le groupe a découvert que les itinéraires vers des cliniques d'avortement ou vers le Planning Familial étaient stockés dans les historiques pendant des semaines. Ils ont également observé que les recherches relatives à l'avortement étaient enregistrées sur le compte et dans l'historique de l'utilisateur. "Toute information recueillie par Google est potentiellement soumise aux demandes des forces de l'ordre", précise Accountable Tech dans son enquête.

Les recherches du collectif ont été réalisées pour se rapprocher au plus près des recherches faites par une personne cherchant à avorter. Ainsi, pour une expérience similaire, Giliann Karon, chercheuse pour l'Accountable Tech, a voyagé de l'Ohio à la Pennsylvanie pour se rendre dans une antenne du Planning Familial. Elle a alors activé Google Maps.

Elle a accepté tous les paramètres de confidentialité par défaut du téléphone, ce qui signifie que la géolocalisation était désactivée. Par la suite, la chercheuse a découvert que sa localisation et ses recherches ont été enregistrées par Google et n'ont pas été supprimées même plusieurs mois après.

En juillet dernier, Google s'est pourtant engagé à supprimer la partie de l'historique concerné et la localisation d'une personne faisant une recherche pour avorter. Mais face aux observations de l'Accountable Tech, Google a été contraint de réagir.

Winnie King, une porte-parole de Google, rappelle auprès du Guardian que "les utilisateurs peuvent désactiver le paramètre Web & App Activity à tout moment, supprimer tout ou partie de leurs données manuellement, ou choisir de supprimer automatiquement les données au fur et à mesure."

La principale difficulté pour Google se trouve dans le fait que tout son système repose sur la collecte de données et la publicité. Et Jackie Singh, directrice de la technologie et des opérations chez Surveillance Technology Oversight Project, interrogée par le Guardian de rappeler que "la vérité est que nous ne pouvons pas attendre d'un géant de la publicité comme Google, qui est devenu puissant en monétisant la collecte de nos données, qu'il adapte soigneusement ses nombreux systèmes pour éviter de surveiller des populations semblables à celles qui cherchent des informations sur l'avortement".

De son côté, Google se passerait bien d'une affaire similaire à celle de Facebook. En août dernier, une jeune fille de 17 ans a été arrêtée dans le Nebraska pour avoir eu recours à une pilule abortive. Et la police se serait appuyée sur ses conversations Facebook pour en avoir la preuve, elle a ensuite été poursuivie pour avoir avorté au-delà de 20 semaines, date limite dans cet Etat.

Margaux Vulliet