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On a joué à Prince of Persia: The Lost Crown: un gros coup de jeune

Le nouveau Prince of Persia: The Lost Crown arrive le 18 janvier prochain.

Il n’est jamais simple de faire revivre un mythe. C’est un peu la difficile tâche à laquelle Ubisoft Montpellier s’est attelé en redonnant vie à Prince of Persia, 13 ans après le dernier épisode. Et The Lost Crown, fraîchement annoncé lors de la conférence Summer Gamer Fest, aurait même pu être un cadeau empoisonné pour le studio, trois ans après l’annonce d’un remake de Prince of Persia: Les Sables oubliés (2010) très attendu.

Mais le retour du prince s’est pourtant fait par la grande porte, sous forme de bonne surprise. Il faut dire qu’il n’a plus rien à voir avec son prédécesseur, ni physiquement ni dans son histoire, et surtout pas dans son approche visuelle. Pourtant, ce nouvel opus a des airs de retour aux sources avec un jeu certes plus moderne dans son approche graphique d’anime en 2D.

Respecter l'héritage et l'ADN

"On avait envie d’en faire un jeu d’action-aventure avec une structure metroidvania, mais ce qui était important pour nous aussi, c’était de vraiment partir de l’ADN de Prince of Persia et de moderniser la marque", explique à Tech&Co Abdelhak Elguess, producteur du jeu.

L’exploration, le jeu de plateforme, le combat et l’aspect puzzle reprennent donc leurs droits dans Prince of Persia: The Lost Crown, ainsi qu’avec le pouvoir du temps renforcé ici (la capacité de revenir en arrière), et même accordé à l’ennemi principal.

Le jeu renoue ainsi avec son suivi latéral de l’évolution du héros, comme à ses tout débuts en 1989. Et il ajoute à cela une sérieuse touche de modernité, ce qu’Abdelhak Elguess appelle "les influences de l’équipe" comme les comics et les anime qui marquent de leur empreinte le jeu graphiquement.

Pour s’attaquer à "ce monstre du jeu vidéo" sans le dénaturer, Ubisoft Montpellier en a donc repris les codes "avec beaucoup d’humilité", tout en lui apportant sa patte. Cela passe déjà par une narration forte, avec un héros qui a désormais un nom, Sargon, jeune membre d’un groupe de guerriers d’élite nommé Les Immortals qui doit protéger Mount Qaf, terre des dieux du temps. Le fils de la reine est enlevé, Sargon et les siens partent donc le libérer au prix de nombreux danger et ennemis à terrasser.

Un jeu empli de mythologie perse où la question de l’évolution personnelle, des liens avec ses frères d’armes et sa famille fait réfléchir et avancer le héros. Le passé et le futur s’entrechoquent aussi et s’influencent tandis que la narration sera particulièrement à suivre pour les répercussions de ses choix sur l’histoire.

Prince of Persia: The Lost Crown
Prince of Persia: The Lost Crown © Ubisoft

Un jeu hautement séduisant

Nous avons pu nous attaquer aux débuts du jeu, passé le chapitre 3, alors que Sargon et les Immortals arrivent dans un palais, aire de jeu emblématique de la franchise Prince of Persia. Le héros se retrouve seul à devoir arpenter les lieux, armé de ses deux sabres et de son arc. Et il va le faire en bondissant partout, sur un mur comme sur une feuille qui le porte plus haut une fois revenu dans un jardin luxuriant. Jeu de plateforme un peu à l’ancienne, The Lost Crown ne tolère pas l’à peu près dans les bonds et il faut parfois bien réfléchir à votre approche pour trouver le mécanisme à débloquer, le bon timing pour passer.

On explore avec plaisir ce nouveau lieu magnifiquement créé -et magnifiquement mis en musique-, mais peuplé de créatures à éliminer sans vergogne grâce à une panoplie de coups (sabre, arc, glissade pour passer derrière son ennemi, esquive, etc.) et un super pouvoir de furie ou de soin à débloquer en enchaînant les coups. Et en récoltant des amulettes, on pourra personnaliser sa stratégie d’attaque ou de défense selon ses goûts.

Prince of Persia: The Lost Crown
Prince of Persia: The Lost Crown © Ubisoft

Et si vous avez déjà joué aux épisodes précédents, notamment ceux en scrolling latéral des débuts, vous allez retrouver presque instinctivement vos réflexes, sans chercher la profondeur 3D bien présente visuellement dans ce très beau rendu de la Perse, mais qui n’existe pas en jeu. Il faut toujours grimper sur les passerelles, progresser, éviter des rouleaux pointus, s’accrocher à des poteaux ou glisser sur les murs en évitant les pics.

Les plus anciens vont y regouter avec plaisir, oublier rapidement que le héros a un look atypique de jeune tête à claques un peu arrogant par sa façon de vouloir tout faire et d’être en rébellion contre tout. Une madeleine de Proust prometteuse qui devrait aussi séduire les plus jeunes qui ne connaissent pas la licence avec son style graphique bien dans son époque.

Une version Switch pour une audience plus jeune

Elle a déjà su séduire Jordan Mechner, le créateur de Prince of Persia, qui a beaucoup échangé avec la nouvelle équipe. "Il nous a dit une phrase qui a été super importante pour nous: 'J’ai l’impression que vous faites avec ce Prince of Persia: The Lost Crown ce qu’on a fait avec Les Sables du Temps (2003, NDLR), c’est-à-dire un nouveau virage à un moment donné'", se souvient avec fierté Abdelhak Elguess.

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Le jeu sera aussi disponible sur Nintendo Switch et le portage paraît être une bonne réussite. Nous avons pu refaire la même séquence de Prince of Persia: The Lost Crown et celui-ci nous y a même paru parfois plus fluide et facile dans les contrôles. Ubisoft a décidé de dégainer un jeu qui tourne en 60 images par seconde pour justement rendre les mouvements de Sargon, ses attaques, plus intuitives et fluides à l’écran. La prise en main est facile et le jeu paraît même taillé pour la petite console nomade. Et il pourrait ne pas être le seul titre du renouveau. Chez Ubisoft Montpellier, on ne cache pas que, s’il devait faire des émules, "il pourrait y avoir des opportunités de réflexion à plein de choses".

Prince of Persia: The Lost Crown - Disponible le 18 janvier 2024 sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series XS, Nintendo Switch et PC.

Melinda Davan-Soulas