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Tales of Kenzera - Zau : la démo du jeu créé par l'acteur d'Assassin's Creed Origins est disponible

Annoncé lors des Game Awards par Electronic Arts, Tales of Kenzera: Zau est désormais disponible en version démo. Un jeu inédit que l'on doit à Abubakar Salim... la voix de Bayek dans Assassin's Creed Origins.

En l’entendant parler avec son anglais impeccable de Londonien, on reconnaît immédiatement la voix de Bayek, le héros d’Assassin’s Creed Origins. Abubakar Salim n’est pourtant pas là pour nous parler de la confrérie des Assassins ni de celui qu’il incarna il y a plusieurs années. Ou plutôt, oui, il l’évoque. Pour expliquer combien prêter sa voix à un jeu vidéo, lui le fan de la première heure, lui a donné envie de créer son propre jeu et de donner vie à son studio.

Et ce sont quatre années de labeur qui ont été récompensées lors des Game Awards, en décembre dernier, lorsque le trailer de Tales of Kenzera: Zau est apparu sur les écrans de millions de spectateurs. Le jeu créé par Surgent Studios est le nouveau titre édité par EA Originals et il est désormais disponible en démo pour se laisser approcher.

Le deuil en jeu pour soigner sa douleur

Tales of Kenzera: Zau raconte l’histoire d’un jeune homme qui doit faire le deuil de son père et partir à la poursuite de son souvenir. "Ça m’a semblé naturel de me mettre au jeu vidéo pour raconter cette histoire sur le chagrin et la douleur de la perte. C’est ce que j’ai traversé à la mort de mon propre père," explique Abubakar Salim à Tech&Co. "C’est un jeu sous forme de voyage initiatique autour du deuil."

Electronic Arts est donc allé débusquer cette petite perle visuelle et narrative vers 2020 et l’a aidée à grandir, séduit par la proposition d’un jeune acteur anglais qui n’avait pourtant aucune expérience dans le jeu vidéo, mais une vraie foi en son projet.

Abubakar Salim (à droite), la voix de Bayek dans Assassin's Creed Origins
Abubakar Salim (à droite), la voix de Bayek dans Assassin's Creed Origins © Tech&Co

"J’ai grandi en jouant aux jeux vidéo et je suis tombé amoureux de la narration à travers les jeux. Je dis toujours que je suis devenu acteur à cause des jeux", sourit celui qu’on a pu apercevoir dans différentes séries britanniques. "Parce que vous prenez le contrôle d’un personnage et partez en voyage avec lui. Il va passer par des hauts et des bas. En tant qu’enfant, ça a résonné en moi et ça m’a connecté à quelque chose de différent."

Mystique, magie et metroidvania

Pour parler du propre deuil qu’il a traversé, le trentenaire a donc créé Surgent Studios afin de donner vie à son histoire et la partager. "J’ai longtemps hésité à aller voir d’autres studios pour proposer mon histoire avant de me dire qu’il fallait que je le fasse moi-même", explique Abu Salim. "Mais j’avais peur qu’elle ne soit pas racontée comme elle le devrait, hachée ou modifiée. C’est le risque quand vous confiez votre projet à quelqu’un d’autre. Il va en faire sa propre interprétation."

Tales of Kenzera : Zau
Tales of Kenzera : Zau © EA

Tales of Kenzera tourne autour d’un garçon qui tente de faire son deuil. Il a conservé un livre écrit par son père qui raconte l’histoire de Zau, un garçonnet de Kenzera qui veut négocier avec le dieu de la Mort pour ramener son père décédé et devenir un Nganga, un guérisseur spirituel.

Deux vies en parallèle qui se ressemblent et se répondent avec leurs bouleversements, une bonne dose de magie chamanique et de mythologie. Le titre se présente comme un jeu de plateforme d’action-aventure, de type metroidvania en 2,5D, avec une patte graphique très marquée et un environnement sonore que l’on sent important, avec une identité forte, un soupçon de mysticisme et des combats où il faudra manipuler le temps.

Un hommage au Kenya de ses parents

Il faut dire que Abu Salim, s’il est né et a grandi en Angleterre, a aussi voulu rendre hommage aux racines kényanes de ses parents avec de nombreuses références culturelles à ses origines. Le jeu sera d’ailleurs disponible en swahili, la langue maternelle de ses parents. "J’ai mis beaucoup de moi et de mon histoire dans ce jeu, de leur histoire aussi, comme l’on fait aussi tous les développeurs qui y ont participé," martèle-t-il. "J’ai l’impression que, pour que le message soit universel et résonne dans le plus grand nombre, il fallait écouter et entendre les gens, se laisser l’espace nécessaire."

Tales of Kenzera : Zau
Tales of Kenzera : Zau © EA

Le jeu joue sur les émotions que traversent le héros et celui de son livre: la colère, le soulagement, le bonheur, la tristesse ou encore la confusion. Le joueur va ainsi avoir recours à des pouvoirs cosmiques du masque de la lune ou du soleil selon son adversaire et son état. "Ce jeu est très personnel et c’est assez terrifiant tout autant qu’excitant de le partager avec les joueurs", reconnaît le créateur. Faire un jeu pour soigner sa peine, le meilleur des remèdes à l’en croire.

On a testé la démo:

Tales of Kenzera: Zau est de ces jeux indépendants qui savent séduire sur le style et la narration. Et il en a surtout le charme, aussi par son absence de toute prétention et tout effet de style. On suit avec délice les pérégrinations de Zau parti à la recherche de l'âme de son père défunt dans ce metroidvania. Il apprend les pouvoirs des masques et à les gérer. L'histoire et le traitement du deuil sont touchants, la prise en main facile. Mais c'est le mélange équilibré de narration et de gameplay qui fait mouche. Un bel hommage à la culture africaine et à ses mythes.

Tales of Kenzera: Zau sera disponible le 23 avril 2024 sur Xbox Series, PS5, Nintendo Switch et PC - Démo désormais accessible sur Steam.

Melinda Davan-Soulas