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Final Fantasy VII Rebirth: pourquoi "FF7" est devenu un mythe du jeu vidéo

Près de 27 ans après sa sortie, Final Fantasy VII reste l'épisode le plus marquant de la saga. Autant par ses sujets toujours d'actualité que par la façon dont il marqua la mémoire des joueurs.

Ce jeudi 29 février, sort le très attendu Final Fantasy 7 Rebirth. Une suite du déjà plébiscité Final Fantasy 7 Remake. Mais plus qu’une nouvelle déclinaison, le jeu de Square Enix est une madeleine de Proust pour beaucoup de joueurs qui ont découvert sa première mouture en 1997. Un jeu qui marqua aussi un tournant dans l’histoire vidéoludique.

"C’est le premier Final Fantasy qu’on a eu en France, car aucun des six premiers opus n’étaient arrivés. Et il arrivait en plus en français", se souvient Mehdi El Kanafi, cofondateur de la maison Third Éditions et coauteur du livre La légende Final Fantasy VII (Third Editions). "Ce fut la démocratisation et la présentation au monde entier hors Asie du genre JRPG (jeu de rôle japonais, ndlr)".

Un jeu qui joue la carte du cinéma

Ce n’est pourtant pas le premier JRPG à arriver en France, mais FF7 va démocratiser le genre, le faire exploser en Occident avec sa façon de concevoir et d’imaginer une histoire, des personnages forts, l’ajout d’un "twist" (la mort de l'un d'eux au milieu de l’histoire) et aussi une bande-son soignée.

"C’est le premier qui s’est fait connaître, car il avait surtout une dimension cinématographique assez inédite pour l’époque", ajoute-t-il.

Sûr de son fait, Square Soft (le nom de Square Enix à l’époque) "met le paquet sur le marketing" pour accompagner la sortie du jeu. "Ce fut une partie non négligeable du développement. Aujourd’hui, c’est devenu normal de faire 50% de production et 50 % de marketing. Mais en 1997, ça ne l’était pas du tout", rappelle-t-il. L’éditeur japonais va surtout insister sur les cinématiques du jeu, autant comme marque de fabrique que comme argument de communication.

"Aujourd’hui, quand on les regarde, on trouve ça moche comme tout", s’amuse Mehdi El Kanafi. "Mais c'était des images de synthèse vraiment magnifiques. Square s’en est servi pour faire des publicités TV et même des magazines les reprenaient en visuel alors que le jeu n’avait pas du tout cette allure-là". Cela a ainsi fait pour la renommée du jeu autant que pour inscrire son souvenir dans la mémoire collective des joueurs qui s’y sont frottés à l’époque.

Final Fantasy VII va surtout profiter d'une conjonction de situations favorables. En plus d'être un spectacle avec ses cinématiques impressionnantes, il sort au moment où la Playstation 1 commence à trouver son succès. Comme toute console à l'époque des Super Nintendo et Mega Drive, elle souffre encore d'une image de "produit pour enfants". Arrive alors un jeu jugé "plus adulte" qui va lui faire un bien fou. Il est de plus exclusif et parfait pour la faire basculer dans une autre dimension.

"Ce 7e épisode a été une révélation pour beaucoup de joueurs. Et 27 ans après, c'est encore l'épisode de Final Fantasy le plus vendu", rappelle Mehdi El Kanafi sur le jeu aux 10 millions de ventes. "À l'époque, on ne savait pas trop sur quoi on allait tomber. On l'a lancé et on a fait 'waouh, ça, ce n'est pas pareil que d'habitude'"

"On a tous plongé", se souvient l'éditeur français qui, comme tous les joueurs, avait hâte de tuer un boss ou d'arriver à certains points précis du scénario, car "on savait qu'on allait déclencher une cinématique et c'était comme un cadeau". Final Fantasy VII a changé la donne en ce sens, obligeant les développeurs à peaufiner bien plus leurs séquences entre les phases de jeu pour les rendre plus visuelles et frapper les esprits.

"Ne pas perdre l'idolâtrie dans les mémoires"

Mais ce ne sont pas les seules raisons du souvenir toujours vivace dans les esprits. "Ça reste le plus aimé, car ses thématiques parlent encore", avance Mehdi El Kanafi. Comme les soucis écologiques, l'extraction de l'énergie de la terre et son analogie évidente avec le pétrole et ses risques, mais aussi la quête personnelle du héros Cloud pour comprendre qui il est, ainsi que ses rapports à son père.

Capture du jeu Final Fantasy VII (1997)
Capture du jeu Final Fantasy VII (1997) © Square Enix

Preuve de son succès, le jeu a eu le droit à un remake, mais aussi à des titres dérivés en complément de son histoire principale. C'est aussi l'un des rares jeux de Square Enix dont les anniversaires sont célébrés et qui a été adapté au cinéma.

"Il y a une arborescence de plein de choses autour de FF7 pour continuer d'alimenter le culte. C'est le seul jeu de la saga qui a le droit à ce traitement, sans n'avoir jamais eu de suite directe comme certains autres", soulève Mehdi El Kanafi. Comme si Square Enix n'avait pas osé imaginer de suite à son chef-d'œuvre pour ne pas l'écorner. "La seule solution, c'était de faire un remake", résume-t-il.

Final Fantasy VII Remake (2020) n'est pas une version moderne du jeu sorti près de 25 ans plus tôt, mais une relecture. "Square Enix ne veut pas toucher à l'œuvre originale de peur de perdre l'idolâtrie dans les mémoires", analyse le Toulousain qui admet faire partie des joueurs qui l'ont refait plusieurs fois au fil des années "car il était extrêmement bien fait à l'époque et qu'il est encore aujourd'hui parfaitement bien cadencé dans son rythme."

Une renaissance pour toucher une nouvelle génération

Le jeu a touché la génération des années 1990 en tombant à pic en France où la culture japonaise et les mangas, en séries ou en livres, avaient le vent en poupe. Pour lui, une nouvelle génération a besoin de découvrir ce titre dans une version plus moderne "adaptée aux machines d'aujourd'hui". Le jeu original est pourtant toujours disponible, même sur smartphone, avec son charme d'antan, "et son personnage principal qui avance sur la carte et ressemble à trois pauvres pixels en balade".

Mais FF7 Remake ou Rebirth ont évidemment nettement optimisé les graphismes pour embellir Midgar, l'emblématique cité où l'essentiel de l'aventure se déroule, mais aussi pour faire apparaître des éléments plus en détails qui n'étaient à l'époque que suggérés pour faire fonctionner l'imagination.

Loin d'être une suite, Final Fantasy VII Rebirth s'offre un twist - à ne pas spoiler pour ceux qui n'ont pas fini FF7 Remake - qui lui donne un souffle nouveau. De quoi en faire une œuvre inédite dans un univers ancré dans les mémoires des plus nostalgiques. Un souvenir qui ne sera pas bafoué, mais un vent frais pour un monstre sacré du jeu vidéo.

FINAL FANTASY VII REBIRTH - Disponible sur PS5 - Démo disponible.

Melinda Davan-Soulas