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Addiction, achats intégrés, influence à l'étranger: la Chine impose des règles drastiques au jeu vidéo

Le gouvernement chinois a présenté une série de mesures pour encadrer la pratique du jeu vidéo en ligne. Mais elles visent également les éditeurs de jeux, en les obligeant à propager la vision du pouvoir chinois à l'étranger.

Une nouvelle fois, la Chine s'attaque au domaine du jeu vidéo. Pékin a dévoilé un projet de loi pour renforcer son emprise sur le secteur. Si le texte cherche à prévenir les addictions et les dépenses, il tente également de se servir des jeux vidéo comme d'un relais d'influence à travers le monde.

Ce vendredi 22 décembre, le projet de loi - soumis à commentaire durant un mois - a été relayé par China Daily. Le texte cible bien les principales mécaniques du jeu en ligne pouvant engendrer des addictions chez les joueurs.

S'enregistrer sous sa véritable identité

Les jeux ne seront plus autorisés à récompenser un joueur qui se connecte quotidiennement. Les objets proposés à la vente pouvant induire une forme de spéculation ou d'enchères sont également proscrits.

Les portefeuilles numériques qui permettent de transformer de l'argent réel en monnaie virtuelle à dépenser dans un jeu ne pourront plus être réapprovisionnés indéfiniment. Chaque éditeur devra mettre en place un système de limite de versement.

Les joueurs auront également l'obligation de s'enregistrer sous leur véritable identité. S'ils ne la donnent pas, ils ne pourront pas accéder à l'intégralité des services d'un jeu vidéo en ligne.

Ces mesures viennent durcir de précédentes lois venues restreindre les pratiques du jeu vidéo dès 2021. Il était cette fois question de limiter le temps de jeu des plus jeunes. Les mineurs n'ont plus le droit de jouer en ligne plus de trois heures par semaine.

"Transmettre la culture chinoise"

Avec ce projet de loi, les éditeurs se voient une nouvelle fois imposer des thématiques proscrites. Dans leurs jeux, ils ne pourront plus introduire d'éléments s'opposant aux principes fondamentaux de la Constitution chinoise, mettant en danger l'unité nationale ou la culture du pays.

Mais la volonté du gouvernement chinois va au-delà de ses frontières. Le projet de loi envisage de faire du jeu vidéo un moyen d'influence de la Chine à l'international. Les éditeurs sont ainsi invités à "développer une culture socialiste avancée" et "transmettre l'excellente culture traditionnelle chinoise".

Enfin, la loi souhaite que les éditeurs exportent leurs titres en respectant les valeurs imposées par le gouvernement. Le tout afin "d'accroître l'influence internationale de la culture chinoise".

Pour autant, ces mesures ont été particulièrement mal accueillies par les géants du secteur. L'annonce du projet de loi a fait plonger Tencent, le numéro un mondial de l'industrie, en Bourse. L'entreprise a perdu plus de 50 millions d'euros de capitalisation.

Pierre Monnier