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Cyber-islamisme: le gouvernement crée une "unité de contre-discours républicain sur les réseaux sociaux"

Marlène Schiappa et Gérald Darmanin, le 7 juillet 2020.

Marlène Schiappa et Gérald Darmanin, le 7 juillet 2020. - AFP / Thomas Samson

Auprès de L'Obs, Marlène Schiappa a annoncé l'instauration d’une unité sous l’autorité du Comité interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation pour contrer les discours des islamistes sur internet.

Auprès de L'Obs, Marlène Schiappa a ce 23 octobre fait part d'une nouvelle proposition pour contrecarrer les discours islamistes sur les réseaux sociaux: la création d'une unité de contre-discours républicain sur les réseaux sociaux, sous l’autorité du Comité interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation, désormais dirigé par le préfet Christian Gravel.

"Ce que nous voulons faire, c’est porter un discours de contre-propagande", a expliqué la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, en citant l'exemple de la perquisition des locaux de l'association BarakaCity, des messages de "victimisation" qui l'ont suivie et de la vidéo réalisée en plusieurs jours par la porte-parole du ministère de l'Intérieur pour y répondre. "La prochaine fois, il faut que le contre-discours soit prêt, pour défendre nos valeurs. Il y a des exemples en Angleterre, en Allemagne, dont on peut s’inspirer !", estime-t-elle.

Marlène Schiappa n'a pas donné davantage d'informations sur la teneur de ce contre-discours. Il s'agira néanmoins de cibler "les discours d’islamistes sur la Toile, de victimisation systématique", portés par des islamistes qui "ne s'affichent jamais comme tels". Et d'infiltrer aussi bien "les sphères salafistes et islamistes" que les cercles de "gens modérés".

Le précédent StopDjihadisme

En 2015 déjà, à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, Manuel Valls, alors Premier ministre, avait promis des "bataillons de community managers" comme embryon de solution à la radicalisation en ligne. Une campagne baptisée "Stop Djihadisme" avait alors été lancée, et s'était notamment concrétisée par la création d'un compte Twitter didactique.

Le dernier tweet de ce compte remonte à mars 2018.

Ce compte avait par ailleurs raté sa cible. D'après une analyse menée à l'époque par Nicolas Vanderbiest, spécialiste des mécanismes d'influence en ligne, le compte avait essentiellement été suivi par des spécialistes du contre-terrorisme, des préfectures ou encore des identitaires.

Le compte Twitter StopDjihadisme n'est plus actif depuis mars 2018.
Le compte Twitter StopDjihadisme n'est plus actif depuis mars 2018. © Nicolas Vanderbiest

"C'est une vision tronquée, assez amatrice, déconnectée de la réalité et basée sur aucune réalité tangible de terrain", déplore-il au sujet de la création d'une unité de contre-discours républicain. "Avec cette initiative, les réseaux sociaux sont perçus comme un média représentatif d'un espace public complètement ouvert où il y a des "parts de voix" à glaner et des tendances de sujets qui émergent. Il faudrait dès lors réajuster la part de voix républicaine sur les réseaux sociaux. Mais cela ne fonctionne pas ainsi", souligne Nicolas Vanderbiest.

"Pour bien analyser ces communautés-là depuis très longtemps, elles sont internationales et regroupent des pays européens francophones (Belgique, France) mais aussi des communautés du Maghreb. Et doivent en cela impliquer une action plus large que celle de la France à elle seule".

D'après les annonces successives du gouvernement, la création de cette unité de contre-discours républicain devrait s'accompagner d'autres initiatives. Parmi elles, l'instauration d'un "délit de mise en danger d'autrui par la publication de données personnelles", mais aussi le renforcement de la plateforme de signalement des contenus illicites Pharos.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech