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Comment la mode s'empare de l'impression 3D pour créer les vêtements et accessoires de demain

L’impression 3D pourrait être prometteuse pour les techniques de décoration, la retouche ou encore les accessoires.

L’impression 3D pourrait être prometteuse pour les techniques de décoration, la retouche ou encore les accessoires. - Materialise

La fabrication additive (ou impression 3D) a trouvé sa place dans de nombreuses industries mais la révolution annoncée il y a une dizaine d’années peine à se dessiner dans le paysage industriel textile. Cependant, certaines pistes laissent entrevoir de nouveaux potentiels pour ce secteur.

Qui ne rêverait pas d’imprimer en quelques minutes son propre t-shirt? Pascal Morand, président de la Fondation française de Couture, parlait d'une “révolution industrielle” en évoquant cette technologie. Quelques années plus tard, les fils de la révolution espérée peinent à se tisser dans l’Hexagone, reconnu dans le secteur de la mode.

Les matériaux au coeur du problème

Si l’impression 3D n’arrive pas encore à s’étendre dans la mode grand public c’est avant tout parce qu’il s’agit d’un problème de matériau. Les machines de fabrication additive s’adaptent parfaitement aux matériaux solides comme la résine ou les plastiques (ABS, PLA ou TPU) mais difficilement voire pas du tout aux textiles souples essentiels pour produire à grande échelle.

Les vêtements issus de cette technologie se limitent donc à des fins artistiques, notamment dans la Haute-Couture.

Il y a un blocage dans l’impression 3D dans le sens où les imprimantes ne prennent uniquement en charge les matériaux solides, son usage se limite qu’à la Haute-Couture ou aux designers de mode. Les possibilités pour le prêt-à-porter sont maigres”, souligne David Ferron, Responsable de projets Design & Industrie du futur à la CCI Grand Lille.

Pour preuve, en 2015, Karl Lagerfeld réinventait le tailleur Chanel grâce à l’impression 3D à l’occasion de la collection haute-couture 2015-16 automne-hiver.

La styliste hollandaise Iris van Herpen avait également fait parler d’elle avec sa collection dont certaines pièces ont été imprimées en 3D à l’occasion de la Fashion Week Haute Couture à Paris en 2018.

Succès grandissant pour l'accessoire

S’il est difficile d'entrevoir une généralisation dans le prêt-à-porter dans un futur proche, l’impression 3D pourrait être prometteuse pour les techniques de décoration, la retouche ou encore pour les accessoires. La fabrication additive se prête parfaitement aux matériaux souples et cette adaptabilité explique son succès dans la bijouterie-joaillerie, la lunetterie et l’horlogerie.

Le cofondateur de Sculpteo, leader français de l’impression 3D, Clément Moreau, fait part à BFM Business du nombre croissant d’entreprises du secteur de la mode en demande d’impression 3D pour la création d'accessoires. Les entreprises de ce secteur représentent 20% de leur chiffre d’affaires annuel et, selon lui, l’impression 3D va révolutionner la mode et en changer notre conception.

“On va pouvoir apporter davantage de volume et avoir affaire à moins de pièces plates grâce aux accessoires. Au sein de Sculpteo, on pense que cette technologie va révolutionner la mode dans ce sens. La technologie est un acteur important dans l’évolution de la mode. Beaucoup de marques, notamment dans le luxe, souhaitent apporter une touche 3D”, précise Clément Moreau.

De “révolution” à “évolution”

La fabrication additive a de l’avenir mais peut-être pas le même qu’attendu. Selon Jean-Marc Viénot, Directeur général d’Euramaterials, cluster dédié aux industries de transformation des matériaux à Roubaix, la piste la plus intéressante serait l’association de technologies de fabrication additive avec des textiles traditionnels, c’est-à-dire, déposer des produits issus de l’impression 3D sur un support donné.

“C’est souvent un débat quand on parle d’industries du futur, la fabrication additive s’inscrit un peu là-dedans, c’est vu comme une révolution, mais elle n’a pas eu lieu, on est sur une évolution step-by-step, et c’est ça qui est important. On doit continuer à y travailler de par l’évolution des matières et par l’évolution des machines”, explique Jean-Marc Viénot

Pour le directeur d'Euramaterials la France dispose d'outils et de formations adaptées pour innover et ouvrir le champ des possibles, notamment avec l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles (ENSAIT). Ce dernier précise que l'association des compétences textiles, des compétences électroniques et d'usage permettra de "dynamiser l'évolution des produits" et qu'il est davantage pertinent de penser en termes d'"évolution" que de "révolution".

Sacha Carion