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Bras de fer sur Wikipédia autour du décrié site FranceSoir

Wikipédia est le 4e site le plus populaire en France.

Wikipédia est le 4e site le plus populaire en France. - 01net

Les contributeurs de l'encyclopédie en ligne ont pris une série de mesures pour garantir une information objective au sujet du très controversé site FranceSoir, qui reprend le nom du feu quotidien français.

L’un a connu son apogée dans les années 50. L’autre a gagné en influence à l’aune de la crise sanitaire, à coup de publications sur le confinement, la Covid-19 ou l'hydroxychloroquine. Tous deux portent pourtant le même nom, à un tiret près. FranceSoir.fr, alimenté par des chroniqueurs bénévoles, fort d'une très large audience en ligne et récemment qualifié de "repaire des Covid-sceptiques" par Le Monde, n'a plus grand chose à voir avec France-Soir, grand quotidien de l'après-guerre puis site généraliste dont tous les journalistes ont été licenciés en 2019.

Depuis peu, Wikipédia dissipe toute confusion entre les deux médias. Un avertissement, ajouté en tête de leurs deux pages respectives, rappelle qu'ils ne doivent pas être mutuellement pris l'un pour l'autre. "Ne doit pas être confondu avec le site web FranceSoir édité depuis 2019, issu du journal France-Soir", peut-on ainsi lire depuis quelques jours dans les premières lignes de l'article consacré à France-Soir.

Réécrire l'histoire

A cet avertissement, s'est ajouté depuis peu une autre bannière. Cette dernière mentionne une "guerre d'édition", un phénomène bien connu sur le 4e site le plus consulté en France. Sur Wikipédia comme ailleurs, FranceSoir suscite en effet une forte controverse. Cette dernière s'est récemment traduite sur la plateforme par une série de modifications voire d'annulations, pour mieux faire passer des messages en faveur du site aux ascendants complotistes.

La page de France-Soir, précédée d'un avertissement.
La page de France-Soir, précédée d'un avertissement. © Wikipédia

"Cette page a subi récemment une guerre d’édition au cours de laquelle plusieurs contributeurs ont mutuellement annulé leurs modifications respectives. Ce comportement non collaboratif est proscrit par la règle des trois révocations. En cas de désaccord, un consensus sur la page de discussion doit être obtenu avant toute modification concernant le même sujet", est-il inscrit sur la page de France-Soir.

"Depuis fin août, des contributeurs Wikipédia s'efforcent d'inscrire sur ces pages leur point de vue sur le sujet, en court-circuitant les règles de la plateforme, à savoir la nécessité de synthétiser les connaissances qui y sont inscrites, en répertoriant ses sources", note ainsi Rémi Mathis, historien et contributeur sur Wikipédia depuis 2006.

À en croire son historique de contributeur, Xavier Azalbert, l'entrepreneur à la tête de FranceSoir, participe lui-même à ces modifications. Au cours des derniers mois, il a apporté au moins une vingtaine de modifications à la page de France-Soir. Ce 30 novembre, il a à plusieurs reprises tenté de faire supprimer la nouvelle page Wikipedia dédiée à FranceSoir, sans succès. Pour pallier ces comportements jugés indésirables, plusieurs mesures ont déjà été prises, dont celle qualifiée de "semi-protection", qui interdit aux nouveaux venus sur la plateforme de modifier un article, pour éviter les faux-comptes.

Une trentaine de sujets hautement polémiques

La "guerre d'édition" désormais pointée du doigt fait suite à de nombreuses tentatives de passages en force, sur des sujets spécifiques à FranceSoir.

"Parmi les sujets les plus concernés, le rôle de France Soir dans la reconnaissance de ce qu'ils appellent le "Lancet Gate" (sur la publication, par la revue scientifique The Lancet, d'une étude bâclée ayant conclu à l'inefficacité de l'hydroxychloroquine, ndlr), le fait de ne pas bénéficier d'aide à la presse, contrairement aux médias "mainstream"... Plus généralement, la guerre d'édition vient mettre le hola à l'oubli systématique de ce genre de profils à intervenir pour apporter des modifications, sans source", complète Rémi Mathis.

Avec cette dernière mesure, "l'idée est de minimiser le travail des contributeurs face à des personnes qui ne sont pas là pour faire un travail neutre, et de poursuivre les discussions entamées sans être obligés de les surveiller en permanence", conclut Rémi Mathis à propos de ce qui fait figure de digue numérique temporaire.

Une trentaine de sujets, parmi les plus polémiques en France, tombent désormais sous ce régime. Parmi eux, l'affaire Michel Zecler, du nom du producteur de musique victime de violences policières la semaine passée. Les quatre fonctionnaires soupçonnés d'être impliqués dans ces violences ont été mis en examen dans la nuit de dimanche à lundi.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech