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Nommée à la Culture, Rachida Dati peut-elle mettre des bâtons dans les roues à la mairie de Paris?

Entrée au gouvernement, la maire du 7e arrondissement ne va pas pour autant délaisser la vie politique locale. Elle aura son mot à dire sur divers projets patrimoniaux menés par la majorité municipale.

Le déménagement ne sera pas des plus complexes pour Rachida Dati. Nommée ministre de la Culture jeudi 11 janvier, l'élue va simplement devoir enjamber la Seine pour passer de la mairie du 7e arrondissement à la rue de Valois.

L'annonce n'a pas manqué de faire réagir ses opposants politiques parisiens. "Je souhaite bon courage aux acteurs du monde de la culture compte tenu des épreuves qu’ils vont traverser", ironise Anne Hidalgo, l'édile socialiste de la capitale.

Son bras droit, Emmanuel Grégoire, se dit lui "très soulagé d'avoir moins à la côtoyer", quand Lamia El Aaraje, autre adjointe à la municipalité, voit en cette nomination une "mauvaise nouvelle pour la France" et une "bonne nouvelle pour Paris".

Le "défi" de Notre-Dame

En tant que ministre de la Culture, Rachida Dati aura pourtant son mot à dire sur les questions patrimoniales de la capitale dont l'État est partie prenante. Comme sa prédécesseure, Rima Abdul-Malak, a su le faire dernièrement en mettant en pause la démolition du Pavillon des Sources.

En la matière, les projets de la majorité municipale sont nombreux. La réfection du Champ-de-Mars, dans le 7e arrondissement, a par exemple a été un point d'achoppement régulier. La nouvelle ministre pourrait également, par exemple, faire valoir son opinion sur les travaux à la Concorde.

Lors du passage de témoin avec sa prédécesseure, ce vendredi 12 janvier, Rachida Dati n'a pas manqué de faire allusion à Paris. "Je sais combien la capitale est riche en offres culturelles", a-t-elle assuré. "Je veillerai à les maintenir en m'intéressant de près à son patrimoine, en particulier à une réalisation formidable qui est un défi et un moment historique: celui qu'avait lancé le président en 2019, la réouverture de Notre-Dame cette année."

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Les partisans de #SaccageParis se réjouissent

Rachida Dati a beau avoir été exclue des Républicains par Éric Ciotti, Jean-Pierre Lecoq, maire LR du 6e arrondissement, voit cependant en cette nomination "un espoir".

"Celui d'un changement d'orientation politique de la part du président de la République, dans la lignée de ce que souhaitent les Français dans les sondages, un espoir également pour la Culture avec la force et les engagements que nous lui connaissons, et enfin un espoir pour Paris".

Sur les réseaux sociaux, les partisans de #SaccageParis saluent l'arrivée d'un "contrepouvoir" rue de Valois, avec la nomination de Rachida Dati. Et d'ajouter que le ministère de la Culture "dispose en effet de puissants leviers pour freiner les projets mortifères pour le patrimoine de Paris".

Pierre Liscia, conseiller régional d'Île-de-France et autoproclamé "porte-voix des oubliés de Paris" ne masque pas sa joie: "Le patrimoine parisien aujourd'hui à l'agonie et saccagé va enfin avoir sa défenseure!"

Un appel à travailler "en bonne intelligence"

"Elle aura son mot à dire comme tout le gouvernement", reconnaît Emmanuel Grégoire, interrogé par franceinfo ce vendredi 12 janvier, assurant avoir "l'habitude de travailler en bonne intelligence" avec l'État.

Le premier adjoint d'Anne Hidalgo entend cependant rester méfiant: "Si la ministre entend utiliser les moyens de son ministère, détourner les moyens de son ministère, dans une intention de nuisance politique, ça se verra vite. Et nous le dénoncerons avec force".

Mais si Rachida Dati prévoit d'œuvrer "dans l'intérêt de Paris", Emmanuel Grégoire promet que la municipalité sera prête à mettre ses divergences avec elle de côté. Du moins jusqu'aux prochaines élections municipales, qui pourraient voir les deux protagonistes s'affronter.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions