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Marseille: le centre de supervision urbain accusé de couvrir des violences policières

Au micro de BFMTV, un ancien fonctionnaire affirme que des agent ont fermé les yeux sur des violences commises par des policiers en mai 2023. Il assure que la vidéosurveillance de la cité phocéenne n'est pas au niveau.

Il ne veut plus se taire. Cet ancien agent a décidé de porter plainte contre la hiérarchie du centre de supervision urbain (CSU) de la police municipale de Marseille. Il y a travaillé avant d'être placé en arrêt maladie après plusieurs mois de ce qu'il décrit comme des faits de harcèlement. "Ils ont essayé et ils ont réussi à me faire sortir du CSU", témoigne-t-il au micro de BFMTV.

Il était chargé d'analyser la vidéosurveillance de la cité phocéenne en direct pour y repérer des faits tombant sous le coup de la loi. Si tel était le cas, il les signalait à la hiérarchie, qui ensuite transmettait l'information aux policiers sur le terrain. "Les yeux de la ville", résume le fonctionnaire.

Une enquête administrative ouverte par la mairie

Mais en mai 2023, sur l'une des caméras, il voit un homme, visiblement ivre, être battu par des policiers. "On les voit donner des coups à un individu. L'individu tombe au sol et un second policier va lui remettre des coups".

"Et là, on a [un agent du] CSU, qui au lieu de surveiller des faits, prend le contrôle de la caméra et va la braquer ailleurs", dénonce-t-il.

"Ce sont des violences policières. Et les agents du CSU cautionnent. Moi, je ne veux pas cautionner cette mafia", lance-t-il. "Il ne faut pas croire que toute la police municipale est gangrenée comme ça. Mais vous avez une partie qui, en bande organisée, sévit", déplore-t-il.

Contactée par BFMTV, la mairie de Marseille dit "découvrir" ces images. "Elles sont choquantes. Nous allons ouvrir une procédure avec une enquête administrative diligentée dès ce vendredi matin", assure la municipalité.

"Ils jouent aux cartes, ils font du karaoké"

En plus de cet événement, l'agent souligne au micro de BFMTV le peu de sérieux qu'accorderaient ses collègues à leur métier et à la vidéosurveillance de la cité phocéenne. "Vous en avez beaucoup qui ne travaillent pas (...) ils jouent aux cartes, ils font du karaoké, ils regardent des films ou des émissions de téléréalité".

"Il y a les JO qui arrivent. Vous voulez laisser ces gens surveiller la ville de Marseille?" demande-t-il. "Je ne vois pas ça d'un très bon oeil".

En parallèle de ces accusations, il affirme avoir été "humilié" publiquement par son supérieur et dit avoir été victime de harcèlement. Contactée par BFMTV, la mairie de Marseille, son employeur, indique qu'une enquête administrative, "menée par un cabinet d’expertise externe, a été lancée permettant d’examiner précisément la situation". Cette enquête est toujours en cours.

"En parallèle, cet agent, opérateur affecté à la surveillance vidéo, a été reçu à plusieurs reprises par la direction de la police municipale (DPM), afin d’évoquer ses propos mais également la dégradation constatée de ses rapports avec les différents agents de son équipe", précise la Mairie de Marseille.

"Peut-être un petit fond de vérité"

La municipalité indique que l'ancien fonctionnaire a "fait l'objet de plaintes déposées en interne" après des "agissements agressifs à l’égard notamment de ses collègues féminines" et "a reconnu les faits". Son avocat indique en revanche à BFMTV qu'il conteste les faits qui lui sont reprochés.

En outre, un changement d'affectation lui a été proposé, qui a été décliné.

"Dans l'attente des résultats de l’enquête administrative, la DPM maintient une attention particulière à cette situation, veillant à la fois à accompagner l’ensemble de ses agents et à assurer une continuité du bon fonctionnement du service public", conclut la mairie de Marseille.

Sur BFMTV vendredi 3 mai, Michel Choukri, le secrétaire général Force ouvrière (FO) de la police municipale de Marseille a reconnu le caractère "choquant" de l'extrait vidéo dévoilé. "L'enquête administrative dira les torts qui sont reprochés à l'agent qui a commis cet acte, mais j'aimerais bien voir l'intégralité des images", poursuit le syndicaliste.

Ce dernier reproche à l'agent de dénoncer ces faits en guise de représailles faisant suite au double échec de l'opérateur vidéo au concours interne de la police municipale. S'il reconnaît qu'il y a "peut-être un petit fond de vérité" dans ces accusations, Michel Choukri fait le parallèle avec le sulfureux dossier de la Bac nord de Marseille, en regrettant la médiatisation menant à ce que l'affaire "prenne une ampleur monstrueuse".

Ariel Guez et Alexis Pluyette