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Lyon: le musée urbain Tony-Garnier perd une aide régionale, le débat sur la politique de Wauquiez relancé

Le musée urbain Tony-Garnier.

Le musée urbain Tony-Garnier. - Google Maps

La collectivité vient de refuser de renouveler l'enveloppe de 35.000 euros, ce qui représente selon la direction du musée 20% de son budget et de quoi financer un de ses trois emplois permanents.

La fin d'une subvention régionale au musée urbain Tony-Garnier à Lyon a relancé, ce jeudi 2 mai, le débat sur la politique culturelle du président d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (Les Républicains, LR), accusé par son opposition de biais "idéologique".

Composé de salles d'exposition, d'un appartement témoin et de 25 murs peints sur des immeubles, ce musée rend hommage à l'architecte et urbaniste visionnaire du début du 20e siècle. Depuis une vingtaine d'années, il bénéficie de subventions régionales.

Mais la région vient de refuser de renouveler l'enveloppe de 35.000 euros, ce qui représente selon la direction du musée 20% de son budget et de quoi financer un de ses trois emplois permanents.

"Brutalité"

En 2022, la région s'était déjà attiré les foudres du monde culturel en retirant quatre millions d'euros de subventions à 140 acteurs culturels, principalement à Lyon, Grenoble et Saint-Étienne, un changement de cap que Laurent Wauquiez avait "assumé" en évoquant des "réorientations".

À l'époque, le musée urbain Tony-Garnier devait déjà failli perdre sa subvention mais la région avait fait marche arrière, a rappelé son directeur Jacques Bonniel en exprimant son incompréhension lors d'une conférence de presse organisée jeudi avec des élus d'opposition.

Ce revirement montre "le caractère erratique" et "la brutalité" de la politique culturelle de l'exécutif régional, a estimé l'ex-ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem.

Des accusations de coupes budgétaires "idéologiques"

Il a aussi une "dimension idéologique", a-t-elle poursuivi: ceux qui sont visés par des coupes budgétaires ont "soit pris la parole contre Laurent Wauquiez, soit sont situés dans des municipalités dirigées par la gauche."

La politique du président de région "est réorientée dans une logique patrimoniale, avec une hausse des investissements vers des grands projets", comme le musée des tissus à Lyon ou celui du Petit Prince, "qui servent son agenda personnel", a pour sa part estimé l'élue écologiste Cécile Michel.

"Les subventions de la région ne sont pas un dû", a rétorqué Sophie Rotkopf, vice-présidente déléguée à la culture et au Patrimoine, dans un communiqué transmis à l'Agence France-Presse (AFP).

"Prise au piège"

La région "favorise tous ceux qui permettent d'amener la culture dans les territoires", a-t-elle expliqué, en citant une hausse des moyens alloués à l'Opéra de Lyon qui présente des spectacles dans les communes rurales de la région.

Selon elle, le musée urbain Tony-Garnier "connaît un rayonnement purement local. Il est du ressort de la ville et de la métropole d'en assurer le financement".

"Je crois qu'on a une politique très claire", ajoute-t-elle sur BFM Lyon. "On se tourne vers la ruralité et ça a fait l'objet d'un rééquilibrage en 2022 et en 2023 et je pense que le musée urbain Tony-Garnier ne rentre pas dans ces lignes politiques-là."

S'estimant "prise au piège", Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture à la mairie de Lyon, a assuré que "la ville accompagnerait" le musée, mais qu'elle ne pourrait pas "compenser éternellement le retrait de la région".

"Nous sommes en période d'inflation depuis 2022. Les lieux culturels connaissent cette inflation et ils ont d'autant plus besoin du soutien des collectivités et de l'État", déplore encore l'élue auprès de notre antenne, fustigeant une "volonté d'emprise politique" et craignant "des emplois qui disparaissent".

FB avec AFP