BFM Immo
Fiscalité immobilier

25% à Grenoble, 52% à Paris... Comment les maires justifient la hausse de la taxe foncière

Les avis de taxe foncière sont mis en ligne à partir d’aujourd’hui, sur le site des impôts. Mauvaise surprise de la rentrée, les hausses sont (très) élevées dans de nombreuses communes.

La taxe foncière est de retour. L'avis d'imposition va peu à peu arriver dans la boîte aux lettres des Français, et en ligne. Mais le total affiché en bas de page risque bien d'être plus grand que l'année dernière.

Première augmentation, celle décidée par l’Etat et qui concerne tous les propriétaires puisque le calcul du niveau de la taxe foncière entraîne une hausse moyenne estimée à 7% en France. Soit l’augmentation la plus importante depuis 10 ans.

A cela s’ajoute une seconde hausse, celle décidée par les communes. Elle dépasse les 10% dans les villes de plus de 100.000 habitants. Dans certains de ces territoires, la facture s’envole : + 14,5% à Metz ou +25% à Grenoble cette année.

“Nous mesurons que c’est une contribution importante que nous demandons [aux contribuables]”, explique le maire de Grenoble, Eric Piolle.

Toutes hausses confondues, c’est une augmentation de plus de 31% de la taxe foncière qui est prévue dans la ville du Sud-Est.

En l'occurrence, les propriétaires grenoblois débourseront en moyenne “une trentaine d’euros supplémentaires”. Le maire EELV reconnaît toutefois que ce chiffre masque de fortes disparités, avec des augmentations beaucoup plus importantes pour certains.

Les maires rejettent la faute sur le gouvernement

Une décision qui vise à “protéger les services publics, augmenter nos investissements et protéger les plus fragiles de nos habitants”, plaide Eric Piolle sur BFMTV.

Pour l’édile, cette hausse est aussi la conséquence de la fin de la taxe d’habitation, supprimée par Emmanuel Macron. Cet impôt était collecté par l’Etat et dont une partie des recettes était distribuée aux communes. Si la majorité présidentielle explique que l’Etat compense à l’euro près les villes, les maires assurent que l'augmentation des coûts liée à l’inflation n’est pas prise en compte dans le calcul.

Comme d’autres maires de France, Eric Piolle invoque un choix politique de la part du gouvernement. "Il aurait pu faire le choix de taxer les dividendes du CAC 40" et les verser aux communes, pour éviter aux contribuables de subir cette augmentation. "Malgré ce non-choix du gouvernement, nous devons agir vite, tout de suite".

Car les défis ne manquent pas, de la rénovation des bâtiments au coût des services publics en hausse à cause de l’inflation. "Un bouclier fiscal et climatique", résume le maire écologiste.

Autre argument d’Eric Piolle, le choix de cibler les propriétaires épargne une large partie des plus bas revenus. "9 propriétaires sur 10 ont des revenus parmi la partie haute des locataires". Cette décision répondrait aussi à un impératif de justice fiscale et sociale.

Près de 52% d'augmentation à Paris

C’est à Paris que la hausse est la plus élevée: avec +51,9%. Le taux d’imposition va ainsi passer de 13,5% à 20,5%. Cette augmentation spectaculaire doit être relativisée: jusque-là, le niveau de prélèvement de la taxe foncière de la capitale était bien moins élevé que dans les autres grandes villes de France.

Pourtant, au cours de sa campagne électorale, la maire de la capitale avait assurée qu’elle n'augmenterait pas "les impôts locaux payés par les Parisiennes et les Parisiens".

Anne Hidalgo a justifié ce revirement. D’après elle, c’était "le seul levier restant à notre disposition" pour tenir ses engagements "sur le climat, les services publics et la solidarité", explique la maire. "À partir du moment où l'État ne nous soutient pas, nous avons dû actionner le levier fiscal", a-t-elle insisté. Ce sont 580 millions d’euros de plus qui seront collectés cette année à Paris.

Sofiane Aklouf