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"La France et son économie ont besoin d’un cap lisible et de continuité dans l’action, quel que soit le candidat élu"

[CONTENU PARTENAIRE] Entretien avec Philippe Ferry, président d’ACT-ON GROUP, cabinet de conseil en SI&RH. Ce dernier revient sur les enjeux et attentes sur le plan économique, au sein et en dehors de son secteur, à la veille des présidentielles 2022 et au moment où les conséquences de la guerre en Ukraine pourraient avoir de lourdes répercussions sur la zone euro.

À l’heure d’un possible retour du COVID, peut-on dire que la nécessaire modernisation et digitalisation des fonctions RH a été engagée suffisamment tôt par les organisations?

Les directions des ressources humaines (DRH) n’ont pas attendu le COVID pour entamer leur transformation. Ces dernières années, la fonction RH s’est transformée pour remplir de nouvelles missions, loin de la seule gestion des paies et de l’administration légale, comme c’était le cas auparavant.

Elle est désormais un levier d’accélération de la performance dans l’organisation. C’est aussi un acteur qui accompagne les entreprises dans leur transformation, en pilotant l’engagement salarié, en contribuant à faire naître une nouvelle culture d’entreprise, en mettant en place de nouveaux processus pour mieux recruter, etc.

En conséquence, les DRH ont dû s’équiper d’outils informatiques, technologiques et digitaux pour leur permettre d’adresser ces nouvelles missions. Le COVID a, quant à lui, joué un rôle de catalyseur, d’accélérateur de ces transformations, notamment par le recours massif au télétravail. On peut d’ailleurs se féliciter que ce virage digital ait été initialisé avant le COVID, sans quoi l’activité économique (notamment dans le secteur des services) aurait connu un coup d’arrêt bien plus rude.

Comment répondez-vous concrètement aux demandes exprimées aujourd’hui par vos clients ?

Les demandes actuelles des DRH auprès d’ACT-ON GROUP recouvrent trois grandes familles. Celles-ci concernent, en premier lieu, le volet réglementaire et légal. Les exigences de plus en plus nombreuses autour de ces questions (données sociales, RSE, RGPD, parité, etc.) font qu’elles prennent une importance croissante dans les budgets.

La seconde famille regroupe les demandes liées à la performance de l’entreprise, sujet sur lequel la DRH est de plus en plus sollicitée. D’où l’importance de s’équiper d’outils pour répondre à ces enjeux. Or, de nombreuses DRH ne sont pas encore équipées des systèmes d’information et applicatifs digitaux qui vont leur permettre de piloter les carrières, la formation, le recrutement ou encore donner à l’entreprise les moyens de faire vivre l’expérience collaborateur.

Enfin, la troisième famille de demandes est spécifiquement technologique. Elle consiste, entre autres, à donner à l’organisation les clés pour optimiser l’exploitation des données, afin de réaliser des prédictions, d’anticiper les besoins, de proposer des actions spécifiques selon les effets recherchés.

Mais ce n’est pas tout. On voit, aujourd’hui, les DRH des entreprises du CAC 40, s’équiper en RPA, automatisation et robotisation (avec les chatbots par exemple). Cela permet de déléguer une fonction support de premier niveau et de donner aux équipes RH la possibilité de se concentrer sur des tâches à réelle valeur ajoutée.

Les craintes actuelles de stagflation, propulsées notamment par la guerre en Ukraine et les sanctions prises contre la Russie, peuvent-elles représenter un frein à l’investissement des entreprises dans ces domaines ?

Les risques économiques sont réels. Même si la guerre ne s’éternise pas, il est clair que l’Europe reste très dépendante de la Russie et particulièrement exposée (contrairement aux États-Unis ou à l’Asie). En ce sens, les sanctions prises à son encontre auront également un coût pour nos entreprises, avec le risque de grever sérieusement leurs budgets. Car je rappelle que la base de toute l’économie, c’est l’énergie… et que tout ce qui touche à l’énergie, touche donc à notre économie.

Dans un tel contexte, les projets de transformation pourraient s’en trouver impactés. D’autant que la DRH fait partie des fonctions supports pour lesquelles, lors des crises, les budgets sont souvent gelés. C’est une crainte que nous avons, avec toutes les répercussions que cela pourrait avoir pour notre groupe, comme pour le secteur tout entier du conseil et services aux entreprises.

D’un autre côté, certaines tendances fortes sur lesquelles ACT-ON GROUP est positionné vont perdurer, tensions économiques ou pas. Je pense, par exemple, aux grands enjeux du recrutement (la fameuse guerre des talents) ou aux obligations légales, avec pour les organisations la nécessité d’y répondre, en mettant en place les processus qui vont améliorer leur performance dans le domaine.

Les élections présidentielles vont se dérouler dans ce contexte compliqué. Que souhaitez-vous pour le prochain quinquennat ?

Avant de parler de l’avenir, arrêtons-nous, un instant, sur le quinquennat précédent. Il a connu de nombreuses réformes (impôt à la source, calcul des cotisations sociales, chômage partiel du fait du COVID, accords télétravail…) qui ont impacté le domaine réglementaire et légal, et en conséquence « bousculé » le travail des DRH.

On a également assisté à la modernisation de l’État, notamment par le biais de la digitalisation du service public (WeTransfer de l’État, inscriptions en ligne sur les listes électorales, servicepublic.fr, app diverses et variés, impôts en ligne, etc.).

Nous attendons du prochain quinquennat, quel que soit le candidat élu, qu’il n’y ait pas de retour en arrière. Il n’y a rien de pire que défaire pour refaire, pour ensuite redéfaire. D’où l’importance de poser une vision claire, une trajectoire au long terme et d’assurer une réelle continuité dans les actions engagées.

Bref, il faut fixer un cap visible et rassurant. C’est d’autant plus important que le contexte « COVID + guerre » entretient une réelle incertitude économique.

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

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