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Retraites: la Cour des comptes propose une baisse des pensions ou un relèvement de l'âge de départ

La Cour des comptes

La Cour des comptes - dr

Dans une nouvelle note publiée jeudi, les Sages appellent à réformer le système de retraites pour "maîtriser les dépenses" en passant soit par une baisse du niveau relatif des pensions, soit par un relèvement de l'âge légal de départ.

La Cour des comptes remet une pièce dans la machine. A quelques mois de l'élection présidentielle, les Sages plaident dans une note parue jeudi pour une réforme "nécessaire" du système de retraites afin de résorber les déficits évalués à 13 milliards d'euros en 2020. Lesquels devraient persister "au moins une dizaine d'années" si rien n'est fait.

Et pour cause, "l'équilibre financier du système de retraite par répartition selon lequel les générations les plus jeunes en activité financent, notamment par leurs cotisations, les retraites des générations les plus âgées, est fragilisé par le vieillissement de la population".

Une hausse des cotisations écartée

Si plusieurs paramètres peuvent être modulés, "in fine, la maîtrise des dépenses de retraite passe par un recul des âges de départ à la retraite ou une baisse du niveau relatif des pensions", poursuit la Cour qui écarte l'idée d'une hausses des taux de cotisations sachant que "la France a déjà le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé de l'Union européenne".

Le scénario d'un report de l'âge générerait des économies importantes: le passage de l'âge légal de 60 à 62 ans a ainsi permis d'économiser 19 milliards d'euros en 2020. Mais cette option occasionne aussi de nouvelles dépenses: en 2017, 3 milliards d'euros de dépenses sociales supplémentaires ont été versées (dont 800 millions d'euros pour l'assurance chômage, 700 millions au titre de minima sociaux et de 1,2 à 1,5 milliard d'euros de dépenses d'invalidité, soit environ 20% du gain réalisé cette année-là sur les dépenses de retraites.

En effet, "avec le recul de l'âge minimul légal de la retraite, des personnes qui ne peuvent prolonger leur emploi s'ajoutent aux allocataires de ces prestations sociales, et les personnes concernées par ces allocations restent plus longtemps allocataires. Or, ce rapport vers des dépenses sociales n'est pas pris en compte dans les évaluations précédentes", relève la Cour des comptes.

Mieux cibler les métiers pénibles

Les Sages préconisent de surcroît d'éviter les "mesures de portée trop générale" en prenant mieux en compte la pénibilité des métiers. Ce qui supppose de les cibler "de manière plus étroite, tant dans le secteur privé que dans la fonction publique".

En outre, les mesures générales "pèseraient davantage sur les assurés à bas salaires ou étant sortis précocement de l'emploi", met en garde la Cour:

"Par exemple, pour la génération 1980, la perte de pension cumulée liée aux réformes depuis 2010 serait de plus de 10% pour les assurés en dehors du marché de l'emploi dès 50 ans, contre 3,4% pour ceux à salaires élevés. En particulier, ces assurés ont été plus fortement touchés par le recul des âges légaux, surtout le recul de l'âge d'annulation de la décote de 65 à 67 ans, qui les concerne davantage du fait de carrières plus courtes", ajoute-t-elle.

Les Sages appellent enfin à "poursuivre les efforts de simplification des règles et d'harmonisation" du système notamment via une "convergence progressive des paramètres des différents régimes jusqu'à la fusion de l'ensemble des régimes dans un système unifié", comme le prévoyait la réforme des retraites d'Emmanuel Macron qui devait aboutir à un système universel.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco