BFM Patrimoine
Patrimoine

Combien gagnent les candidats à l'élection présidentielle?

Les revenus des candidats à la présidentielle oscillent très largement, dans une fourchette allant de moins de 2000 euros à près de 38.000 euros par mois.

Alors que le premier tour de l'élection présidentielle 2022 se tiendra dans un mois, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a publié mardi soir les déclarations de patrimoine et d'intérêts des 12 candidats. Si leur patrimoine global a déjà été scruté à la loupe (avec Valérie Pécresse qui arrive en tête), leurs revenus figurent également dans leurs déclarations d'intérêts et d'activités.

BFM Patrimoine s'est donc intéressé aux revenus engrangés par chacun des candidats en moyenne par mois au cours des 5 dernières années (de 2017 à 2021). On soulignera ici auprès des lecteurs que les montants ne sont parfois pas totalement comparables d'un candidat à l'autre, certains déclarants les montants en brut, d'autres en net imposable, voire certains en net après impôt et prélèvement à la source. Cela donne néanmoins un bon ordre de grandeur de ce qu'ils gagnent. Précisons enfin que nous prenons en compte toutes les sources de revenus (salaires, indemnités, droits d'auteur, etc.).

Voici donc, dans l'ordre, les revenus déclarés par les candidats à la présidentielle:

Eric Zemmour (candidat du parti Reconquête!): près de 38.000 euros par mois

L'ancien journaliste arrive très loin en tête des candidats affichant les plus gros revenus, avec 37.627 euros de revenus mensuels en moyenne au cours des 5 dernières années. Dans le détail, il touchait pour son poste au Figaro entre 5200 et 5600 euros net par mois en fonction des années. Mais l'essentiel de ses revenus provient de sa société d'édition Rubempré, qui gère ses droits d'auteur. Il récupère à la fois des droits d'auteur (déclarés en euros net) ainsi que des revenus (déclarés là aussi en net) au titre de son rôle de gérant de l'entreprise (jusqu'à 521.700 euros perçus sur une année, en 2020). Le candidat d'extrême-droite a connu en effet des succès considérables en librairie avec ses derniers livres (comme "La France n'a pas dit son dernier mot" sorti en 2021 par exemple).

Au total, sur l'ensemble de la période (2017-2021), Eric Zemmour a engrangé 1,93 million d'euros via sa maison d'édition.

Emmanuel Macron (président sortant, candidat La République En Marche): un peu plus de 22.000 euros par mois

Le président sortant est le deuxième candidat qui gagne le mieux sa vie, avec 22.395 euros par mois en moyenne. En année pleine (hors 2017), son poste de président de la République lui a rapporté un peu plus de 16.300 euros chaque mois (en net imposable). On notera que cette rémunération inclut l'avantage en nature d'avoir un logement de fonction (ce qui est valorisé comme un peu plus de 26.000 euros en 2021, soit autour de 2200 euros par mois).

Les autres revenus d'Emmanuel Macron proviennent des droits d'auteur liés à son livre "Révolution", pour lequel il a empoché 443.330 euros sur 5 ans (comme le mentionnait sa précédente déclaration de situation patrimoniale publiée en décembre).

Marine Le Pen (candidate du Rassemblement National): près de 9900 euros par mois

La candidate d'extrême-droite affiche également des revenus confortables, avec 9879 euros en moyenne chaque mois. Marine Le Pen tire principalement ses revenus de deux activités: présidente du Rassemblement national (18.000 euros en 2017 puis 60.000 euros par an de 2018 à 2021) et député (près de 70.800 par an net imposable). La candidate ne précise pas si les revenus issus de son parti sont mentionnés en brut ou en net.

Enfin, la candidate récupère également de l'argent en tant que conseillère départementale depuis juin 2021.

Jean Lassalle (candidat de Résistons!): près de 7800 euros par mois

Le député des Pyrénées-Orientales déclare un peu plus de 93.000 euros de revenus par an pour son poste d'élu (sans qu'on ne sache s'il s'agit d'une rémunération en brut ou en net). Soit 7761 euros par mois en moyenne depuis 5 ans. Jean Lassalle ne déclare aucune autre source de revenus.

Nicolas Dupont-Aignan (candidat de Debout La France): 6300 euros par mois

Le président de Debout la France gagne 6328 euros par mois en moyenne sur la période étudiée. L'essentiel de ses revenus proviennent de son mandat de député de l'Essonne (69.580 euros en 2021 par exemple, soit 5800 euros par mois). Il récupère aussi des indemnités en tant que conseiller municipal d'Yerres et conseiller communautaire du Val d'Yerres.

Nicolas Dupont-Aignan perçoit enfin des droits d'auteur pour la vente de ses livres. Il a ainsi récupéré près de 15.500 euros en cumulé de 2017 à 2021.

Fabien Roussel (candidat du Parti communiste): 5800 euros par mois

Le communiste Fabien Roussel, lui aussi député, a gagné 5772 euros net imposable en moyenne de 2017 à 2022. Ses ressources proviennent surtout de son mandat de député (70.676 euros en 2021, soit 5890 euros par mois). Si son revenu actuel est plus élevé qu'en moyenne sur la période, c'est parce qu'il n'a touché de l'argent en tant que député que 7 mois en 2017.

Fabien Roussel récupère aussi quelques revenus (assez anecdotiques) pour ses autres mandats successifs (conseiller municipal délégué puis conseiller municipal, ou encore délégué communautaire).

Yannick Jadot (candidat écologiste): 5500 euros par mois

Le patron des Verts, dont la quasi-totalité des revenus proviennent de son poste de député européen, émarge à 5470 euros mensuel (brut) en moyenne sur 5 ans. Toutefois, il ne touche de l'argent pour ce mandat que depuis 2019 et il n'avait aucune activité rémunérée en 2017 et 2018. En année pleine, son poste de député lui permet d'afficher des revenus beaucoup plus confortables: 9075 euros brut par mois, ce qui le ferait nettement remonter dans ce classement.

Yannick Jadot a aussi touché 1500 euros de droits d'auteur sur l'ensemble de l'année 2017.

Anne Hidalgo (candidate du Parti Socialiste): 5400 euros par mois

La maire de Paris affiche 5404 euros mensuel de 2017 à 2021. Mais attention, à partir de 2019 la candidate déclare ses revenus (provenant exclusivement de son poste à la mairie) en net après avoir payé ses impôts via le prélèvement à la source. C'est d'ailleurs la seule candidate à l'élection présidentielle à le faire. Du coup, ses revenus déclarés passent de 79.000 euros net imposable en 2018 (soit 6583 euros net avant impôt) à environ 55.000 par an après cette date (soit 4600 euros net après impôt).

Jean-Luc Mélenchon (candidat La France Insoumise): 5300 euros par mois

Le leader de la France Insoumise affiche 5315 euros de revenu par mois de 2017 à 2021 au titre de son poste de député. Jean-Luc Mélenchon ne déclare aucun autre revenu. A noter qu'en année pleine, il touche pour son mandat 71.200 euros en 2021, soit 5933 euros par mois. Le député ne précise pas s'il s'agit d'un revenu brut ou net imposable.

Valérie Pécresse (candidate Les Républicains): 4900 euros par mois

Si elle détient le plus gros patrimoine, Valérie Pécresse affiche en revanche l'un des revenus les plus faibles des candidats à la présidentielle. Elle gagne ainsi 4859 euros net (avant impôt) par mois. Pratiquement tous ses revenus sont liés à son poste de présidente de la région Ile-de-France. On notera qu'elle a aussi touché 15.000 euros de droits d'auteur sur la période (en 2019 plus exactement).

Philippe Poutou (candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste): 3700 euros par mois

Le candidat trotskiste compte parmi les plus bas revenus des candidats. Il émarge tout de même à 3730 euros par mois en moyenne sur 5 ans. Toutefois, il faut préciser que c'est notamment lié à 70.000 euros touchés lors de son licenciement de Ford comme ouvrier en septembre dernier. Si on met de côté cette indemnité de licenciement, ses revenus mensuels tombent à 2563 euros par mois en moyenne sur la période.

L'essentiel des revenus de Philippe Poutou viennent de son poste d'ouvrier depuis 5 ans, même s'il affiche également environ 29.000 euros de revenus cumulés de 2020 à 2021 en tant que conseiller municipal et conseiller métropolitain.

Nathalie Artaud (candidate Lutte Ouvrière): 2000 euros par mois

Professeur agrégée, Nathalie Arthaud, la deuxième candidate trotskiste, affiche les revenus les plus bas. Elle émarge à seulement 1984 euros par mois sur la période. Elle n'a pas d'autres sources de revenus que son poste d'enseignante.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco