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Attractivité économique : la France reste en tête en Europe, pour la cinquième année consécutive

Si l'Europe marque le pas au regard des investissements étrangers, la France reste en tête selon l'édition 2024 du baromètre EY de l'Attractivité. Et ce malgré quelques signaux faibles.

Cocorico! La marque France se porte bien à l'étranger. Pour la cinquième année consécutive, la France reste en tête des pays européens les plus attractifs pour les projets d'investissements étrangers, selon un baromètre annuel du cabinet EY publié à quelques jours du sommet Choose France.

Si en Europe, le nombre de projets d'investissements directs étrangers (IDE) marque le pas, en recul de 4%, la France qui observe une baisse comparable de 5% reste en tête avec 1.194 projets d'implantation ou d'extension de sites annoncés l'an dernier. Les entreprises étrangères ont davantage plébiscité la France que le Royaume-Uni et l'Allemagne qui ont respectivement concentré 985 et 733 annonces, montrent les statistiques de EY. Si le nombre de projets recule par rapport à l'année précédente, ils ont concentré davantage de créations d'emplois, au nombre de 39.773 - un chiffre en hausse de 4% par rapport à 2022.

"Oui, l'économie française est solide. Oui, elle est attractive. Et non ce n'est pas un hasard!", a réagi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans une déclaration transmise à l'AFP.

"La stabilité de notre politique de l'offre est saluée unanimement par les investisseurs: nous n'en dévierons pas", a-t-il poursuivi, citant plusieurs réformes à venir concernant l'assurance chômage et la simplification de la vie des entreprises.

Réindustrialisation

Le gouvernement a érigé en priorité l'attractivité ces dernières années, avec en toile de fond la volonté de réindustrialiser le pays dans le sillage de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Il faut y lire aussi la volonté d'attirer les entreprises financières après le Brexit, au travers de réformes liées au marché du travail et à la fiscalité. L'accent mis sur la réindustrialisation semble porter ses fruits, 530 projets d'extensions ou d'implantations d'usines ayant été annoncés l'an dernier en France, loin devant les concurrents européens, et plus du double des projets annoncés en 2015 en France, montre EY.

"Quand on sait il y a quelques années à quel point il y avait une différence en termes d'image et d'attractivité de l'Allemagne contre la France sur l'industrie, il y a eu en 2023 six fois plus d'investissements industriels en France" que chez son voisin, s'est réjoui le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester auprès de journalistes.

Attractivité : la France toujours championne - 02/05
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Parmi les points forts reconnus par les investisseurs étrangers figurent aux premières places la qualité de la main-d'œuvre française et l'environnement juridique et réglementaire, selon le baromètre publié à quelques jours du sommet annuel Choose France le 13 mai, grand-messe annuelle au cours de laquelle de nombreux chefs d'entreprises internationaux sont invités à Paris et annoncent pour certains des projets d'investissements.

Des signaux négatifs

Pour autant, tout n'est pas rose. La baisse des projets d'investissements en Europe est attribuée au ralentissement économique et aux chocs géopolitiques. "La guerre en Ukraine et ses suites sur la stabilité économique du pays, ainsi que les tensions sur l'approvisionnement en énergie ont créé le doute. On observe aussi un phénomène de guerre commerciale entre les blocs. Enfin, l'instabilité au Proche-Orient aura des impacts indirects", éclaire Marc Lhermitte, associé chez EY qui a dirigé l'étude.

Au-delà de la France, le baromètre d'EY fait état d'une nette baisse des investissements américains en Europe, attribuée "sans doute" à l'Inflation Reduction Act (IRA), un grand plan lancé par le président américain Joe Biden et qui prévoit des subventions pour les projets d'entreprises liés à la transition climatique.

Mais en France spécifiquement, certains éléments continuent à être sources de handicap. Les prix de l'énergie, longtemps associés en France à une énergie décarbonée et abordable ont inquiété les investisseurs. "La flambée des coûts de l'énergie reste une préoccupation majeure, alors qu'ils sont revenus à un niveau acceptable, de 68€ en mars 2024 vs. 411€ en juillet 2022. L'image d'une énergie décarbonée abondante a vécu". La fiscalité ensuite, "où en dépit des allègements précédents, la France reste un pays à forte fiscalité." Et enfin, le débat actuel sur "l'équilibre budgétaire qui pourrait être synonyme d'alourdissements d'impôts pour résorber le déficit et le coût de la main d'œuvre qui reste élevé peut inquiéter", complète encore Marc Lhermitte.

"La France avait pris un certain nombre d'engagements sans varier, cette stabilité a payé. Il ne faudrait pas envoyer des signaux négatifs contraires"

Peu d'emplois créés en France

Malgré son statut de champion en nombre de projets, la France souffre comme pour l'année précédente du nombre d'emplois créés en moyenne par projet, à 35 contre 49 en Allemagne, 61 au Royaume-Uni et 299 en Espagne, en tête du classement. L'une des raisons tient au fait que la France est surtout le lieu où les investisseurs réalisent des extensions de sites, davantage que des projets démarrant de zéro, relève EY: les deux tiers des projets annoncés en France sont des extensions, contre un quart seulement au Royaume-Uni et en Allemagne. Le Grand Londres tient par ailleurs tête à l'Ile-de-France en matière de localisation de sièges sociaux.

L'exécutif veut plutôt voir dans ces chiffres un motif de satisfaction: "Là où on a des sites industriels, les porteurs de projets décident de les agrandir, de les moderniser, de les décarboner", commente une source élyséenne.

Le baromètre d'EY survient un mois après celui du cabinet Kearney ayant montré que la France se plaçait en Europe derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne, selon une enquête menée auprès de 516 dirigeants d'entreprises dans 30 pays concernant leurs intentions d'investissements sur trois ans.

Marine Landau avec AFP avec AFP