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Sandouville réagit diversement au plan de Renault

Le projet de Renault de proposer un départ anticipé à la retraite à quelque 3.000 salariés du groupe suscite des réactions mitigées au sein de l'usine de Sandouville. /Photo d'archives/REUTERS/Mihai Barbu

Le projet de Renault de proposer un départ anticipé à la retraite à quelque 3.000 salariés du groupe suscite des réactions mitigées au sein de l'usine de Sandouville. /Photo d'archives/REUTERS/Mihai Barbu - -

par Marc Parrad SANDOUVILLE, Seine-Maritime (Reuters) - Le projet de Renault de proposer un départ anticipé à la retraite à quelque 3.000 salariés du...

par Marc Parrad

SANDOUVILLE, Seine-Maritime (Reuters) - Le projet de Renault de proposer un départ anticipé à la retraite à quelque 3.000 salariés du groupe suscite des réactions mitigées au sein de l'usine de Sandouville.

La reconnaissance de la pénibilité de leur travail est saluée par les travailleurs de cette unité, située sur la zone industrielle portuaire du Havre, en Haute-Normandie.

Les syndicats s'inquiètent cependant d'une réduction d'effectifs déguisée et d'une baisse de la production de leur usine.

"On comprend qu'un salarié usé par la pénibilité ait envie de partir mais ceux qui restent vont récupérer plus de boulot et de pénibilité", résume Nicolas Guermonprez, secrétaire de la CGT de l'usine.

Le plan de Renault de proposer un départ anticipé à la retraite à 58 ans au titre de la pénibilité concerne environ 3.000 salariés du constructeur automobile français, dont 557 à Sandouville.

Ce dispositif a été présenté cette semaine aux syndicats du constructeur automobile lors d'une réunion sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).

Il serait ouvert aux ouvriers, employés et agents de maîtrise de la maison-mère et des filiales industrielles en France, âgés de 58 ans et plus début 2011, ayant effectué 15 années de travail posté ou ayant une incapacité permanente de 10% et plus.

Pour Bernard Claude, secrétaire CGT au comité d'entreprise de Sandouville, l'objectif de Renault est de diminuer ses effectifs pour produire moins.

"Le sureffectif est lié à la baisse d'activité de l'usine que la direction et le président de la République s'étaient engagés à maintenir", dit-il.

"RIEN POUR L'EMPLOI"

"On diminue les capacités de production de Renault. C'est une stratégie pour servir les actionnaires et il n'y a rien pour l'emploi. C'est une attaque en règle contre l'industrie automobile en France", ajoute le syndicaliste.

Le projet de Renault a été condamné au niveau national par les syndicats mais également par le Parti socialiste, le Parti communiste et le Medef.

Pour une fois d'accord, le PS et l'organisation patronale estiment tous deux que la proposition du constructeur est en contradiction avec la réforme des retraites, qui repousse de 60 à 62 ans l'âge légal de départ en retraite et de 65 à 67 ans l'âge pour un départ à taux plein.

Le secrétaire adjoint du comité d'entreprise de Sandouville, Guy Vallot (FO), se réjouit de ce que la préretraite "permettra aux gens qui le souhaitent de profiter de quatre ans supplémentaires".

Lui aussi, néanmoins, s'interroge sur la stratégie à terme de l'entreprise.

"S'il y a 3.000 départs en retraite de Renault et de ses filiales, ça peut être 3.000 emplois supprimés car il n'y a pas à l'horizon de perspectives d'embauches", s'inquiète-t-il.

Lors d'un comité d'entreprise qui s'est tenu mercredi à Sandouville, la direction du site a averti les représentants du personnel que toute la semaine prochaine serait chômée avec une journée de formation obligatoire.

Les syndicats rappellent en outre les annonces précédentes qui prévoyaient une baisse de 23% de la production d'Espace et de Laguna à Sandouville, soit quelque 52.000 véhicules pour 2011 contre 69.000 en 2010 (409 véhicules/jour).

Pour compenser la baisse d'assemblage de ces deux véhicules, la CGT de Sandouville compte sur l'arrivée en 2012 de la fabrication d'un véhicule utilitaire pour une commercialisation en 2013. Aucun détail sur ce projet n'est pour l'instant disponible.

Edité par Patrick Vignal