Accor relance l'Orient-Express entre Paris et Vienne, nouveau chapitre d'une histoire mouvementée

Le groupe hôtelier veut faire revivre la légende à bord de 17 voitures originales de l’Orient-Express datant des années 1920-1930 qui étaient éparpillées jusqu'en Pologne. Premier départ en 2024.

Son nom fait briller les yeux des ferrovipathes de la planète et des nostalgiques des trains de luxe du début du XXe siècle. Le groupe hôtelier français Accor annonce en effet la relance de l'Orient-Express entre Paris et Vienne en 2024.

"Presque 140 ans après le lancement des premiers trains de luxe Orient Express, la légende continue. Orient-Express, artisan du voyage depuis 1883, annonce le retour de son train légendaire dans un format inédit", peut-on lire dans un communiqué.

Rappelons que le groupe Accor codétient la marque "Orient-Express" avec la SNCF. Pour autant, le train mythique a connu plusieurs exploitants et propriétaires dans le temps, un long fleuve tout sauf tranquille qui a débouché sur la dispersion des voitures très richement décorées.

1883, début de l'Orient-Express

Petit rappel de ce long voyage. En 1883, Georges Nagelmackers lance l'Orient-Express, le train le plus luxueux du monde après un voyage aux Etats-Unis. Il relie l’Occident (Paris) aux portes de l’Orient à Istanbul en Turquie.

Voitures de l'Orient Express © Xavier Antoinet

En 1977, premier coup d'arrêt pour le train mythique terrassé par la voiture toute puissante. Au début des années 80, deux entrepreneurs privés décident néanmoins de ressusciter la légende.

D'un côté, James Sherwood, l’américain propriétaire de l’hôtel Cipriani à Venise, remet sur les rails le Venise-Simplon-Orient-Express. De l'autre, le suisse Albert Glatt, inaugure le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. Ce train-croisière, composé des voitures historiques de l’Orient Express, circule entre Zurich et Istanbul et connaît alors un succès retentissant.

Sous le nom d’Extrême-Orient-Express, le train effectua notamment le plus long parcours jamais réalisé en reliant Paris à Tokyo. Mais quelques années plus tard, c'est la fin de l'aventure et le train disparait.

Avec l'aide de Google Maps

C'est d'ailleurs bien le problème. A force d'être exploité par des propriétaires différents, revendu puis abandonné, le matériel roulant est dispersé et se perd.

C'est alors qu'entre en scène en 2015 Arthur Mettetal, chercheur spécialiste de l’histoire industrielle, qui mène pour la SNCF, un inventaire mondial de l’Orient-Express.

Une voiture de l'Orient Express retrouvée en Pologne © Xavier Antoinet

Au détour de ses recherches, il découvre une vidéo providentielle d’un train en pleine manœuvre, postée par un anonyme sur Youtube. Il remonte alors la piste jusqu'en Pologne notamment grâce à Google Maps qui lui permet de repérer vu du ciel les toits de 17 voitures qui sont bien celles du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, appelées "voitures Glatt"

Divine surprise, en se rendant sur place, Arthur Mettetal découvre certaines voitures encore en bon état, notamment les décors luxueux constitués de marqueteries Morrison et Nelson, et de panneaux Lalique, emblématiques du style Art déco, restés intacts.

Détail des décors de l'Orient Express © Xavier Antoinet

"Après deux années de tractations, le propriétaire du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express cède son trésor à Orient-Express. L’accord est signé à l’hôtel Bristol de Vienne, en juillet 2018. Un convoi dantesque, en camion, escorté par plusieurs véhicules de police ramène les 17 voitures – 12 voitures-lits, 1 restaurant, 3 salons et 1 fourgon – en France", raconte Accor.

Le retour des trains de luxe en Europe

L'architecte Maxime d’Angeac est alors missionné par Accor. Il va pouvoir s'appuyer sur ce formidable patrimoine préservé pour "faire renaître la légende, en réinterprétant les décors du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. En 2024, à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, les premières voitures imaginées en collaboration avec les meilleurs artisans français, dévoileront les nouveaux charmes de l’Orient Express".

"Réinventer l’Orient Express de demain à partir de voitures historiques datant de l’âge d’or du rail, quelle aventure fabuleuse!", commente Guillaume de Saint-Lager, vice-président Orient-Express. "C’est un trésor que nous avons redécouvert: le dernier Orient-Express, disparu pendant 10 ans et aujourd’hui sauvé. Les talents et la passion de Maxime d’Angeac et des meilleurs artisans français révèleront dans quelques mois un train inédit, dont l’allure restera fidèle à la mémoire et l’Art du Voyage selon Orient-Express."

Pour le moment, le groupe n'a pas donné de détails sur les tarifs envisagés ou sur les fréquences et donne rendez-vous en octobre prochain pour la présentation des voitures revisitées.

Accor n'est pas le seul à miser sur le train de luxe en Europe. Le Puy du Fou a annoncé le lancement d'un train partant de Paris pour un tour de France de 6 jours et 5 nuits. L'offre est baptisée "Le Grand Tour".

Il ne s'agira pas seulement de voyager dans un train de luxe style Belle Epoque qui rappelle furieusement le mythique Orient-Express mais aussi d'assister à des attractions.

On y trouvera 15 cabines équipées de salle de bain avec douche et toilettes privées de 10 à 30m2 chacune. Les billets seront vendus à partir de 4900 euros et le train n'embarquera que 30 passagers par trajet "car nous voulons une expérience immersive et sur mesure", explique Nicolas De Villiers, patron du parc. L'entreprise espère convaincre 600 voyageurs la première année.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business