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La pénurie de puces s’aggrave encore dans l’automobile

Plusieurs constructeurs et analystes ont, ces derniers jours, à nouveau abaissé leurs prévisions de production, en particulier à cause de la vague de Covid en Asie du Sud-Est qui perturbe une chaine d'approvisionnement déjà sous tension.

Les voitures neuves pourraient se faire de plus en plus rares dans les prochaines semaines. Selon les dernières prévisions du cabinet IHS Markit, 10,6 millions de véhicules ne devraient pas être produits cette année. En cause: (toujours) la pénurie de semi-conducteurs, pénurie qui n’est pas près de s’arranger.

Toyota, Stellantis, General Motors touchés

Alors que les constructeurs espéraient un début d'amélioration au troisième trimestre, c'est tout l'inverse qui se produit. De General Motors à Stellantis, les fermetures d'usine se sont multipliées ces dernières semaines. Même Toyota, jusqu’ici épargné, est à son tour rattrapé par la crise. Le Japonais a annoncé fin août que sa production baisserait de 40% en septembre avec 14 usines à l’arrêt, majoritairement en Asie.

Mi-septembre, General Motors a étendu la mise à l’arrêt de son outil productif à 7 usines en Amérique du nord. Idem pour Ford, qui a même mis à l’arrêt des usines qui assemblent les très rentables pick-up.

En cause: la nouvelle vague de covid en Malaisie et au Vietnam qui perturbe nombres d'usines où sont assemblés et testés les semi-conducteurs. 13% des puces pour l'automobile sont en effet assemblées ou testées en Malaisie, notamment pour Infineon et STmicro. Le délai entre la commande et la livraison des puces est passé à 21 semaines en moyenne, un record... quand ces dernières sont enfin livrées. Ce qui rallonge d'autant les délais de livraisons en concession. Il faut attendre plusieurs mois même chez un constructeur généraliste.

Pas de retour à la normale avant 2023

De 1,44 million d’unités perdues au 1er trimestre et 2,6 millions au 2e trimestre, IHS Markit prévoit un déficit de 3,1 millions de véhicules neufs non produits au 3e trimestre dans le monde. Et le cabinet n’est pas vraiment plus optimiste pour l’année prochaine: pour 2022, il a abaissé ses prévisions de 9%, soit 8,45 millions d’unités en moins. Le retour à la normal est repoussé au deuxième trimestre 2023, car plus la pénurie dure, plus il faudra de temps pour rattraper le retard accumulé.

Or, plus la pénurie dure, plus il faudra du temps pour rattraper le retard accumulé. Le danger cette fois, pour les constructeurs, c'est l'impact sur leur rentabilité: ils ont jusque-là sauvé et même amélioré leurs marges en priorisant leurs véhicules les plus rentables.

Mais cette stratégie risque d'atteindre ses limites avec l'aggravation de la crise. Car à terme, il ne s’agira plus de vendre les modèles les plus chers. Vendre tout simplement des voitures neuves risquent de devenir compliqué. Selon les dernières prévisions d’AlixPartners, publiées ce jeudi, 210 milliards de dollars (180,3 milliards d'euros) de ventes seront perdus pour l’industrie automobile dans le monde à cause de cette pénurie.

Faurecia est un des premiers à lancer l’alerte dans la foulée de ces mauvaises nouvelles. L’équipementier français vient de revoir ses prévisions 2021 à la baisse: il n’anticipe plus qu’environ 15,5 milliards d'euros de chiffre d’affaires cette année, en repli d’1 milliard, et une marge opérationnelle comprise entre 6% et 6,2% contre 7% précédemment.

Simon Tenenbaum avec Pauline Ducamp