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En attendant l'Eurodrone prévu en 2028, la France commande 12 drones Reaper aux Etats-Unis

Les pilotes de drones Reaper sont formés sur la base aérienne 709 à Cognac

Les pilotes de drones Reaper sont formés sur la base aérienne 709 à Cognac - PS

La France confirme une commande de 6 drones Reaper MALE (moyenne altitude longue endurance) et le retrofit de 6 autres pour leur donner une capacité de renseignement électro-magnétique.

On n'a pas vu de drones Reaper lors du défilé aérien du 14 juillet, et pourtant, ces appareils pilotés à distance étaient bien dans le ciel de Paris pour assurer la sécurité de l'évènement. Pour cette mission, l’armée de l’air et de l’espace a déployé l’un des 12 drones de la 33e escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque de la base aérienne 709 de Cognac. C'est sur cette base que sont formés l'ensemble des pilotes de drones des armées françaises.

Le rôle stratégique de ces aéronefs aussi bien pour la surveillance du territoire à l'occasion de grands évènements que lors des opérations extérieures n'est plus à démontrer. La France, qui dispose actuellement de quatre systèmes Reaper (un système se compose de trois appareils), a passé une commande à General Atomics Aeronautical Systems Inc (GA-ASI) pour quatre autres, soit 12 nouveaux drones MALE (moyenne altitude longue endurance), nous a confirmé le ministère des Armées.

Missile à guidage laser et GPS

Cette commande se compose de deux systèmes MQ-9 Reaper en version Block 5 (soit six drones) livrables en 2024. Ils pourront être armés de bombes guidées par laser GBU-12 Paveway, de GBU49 (guidage GPS et laser), de missiles air-sol AGM-114 Hellfire. Ils seront dotés d'une capacité de renseignement électromagnétique.

Pour les deux autres systèmes, il s'agit du retrofit de 6 MQ-9 Reaper Block1 en Block5 pour en augmenter les capacités et permettre de l'équiper du même armement. La France disposera ainsi de 12 nouveaux drones Reaper de dernière génération.

Ce contrat est destiné à rattraper un retard d'équipement récemment pointé par la commission de la Défense du Sénat. Dans un rapport parlementaire intitulé "Se préparer à la guerre des drones: un enjeu stratégique", le membres de la commission incitent à poursuivre l'intégration d'aéronefs sans pilote.

Selon ce rapport, les Reaper français ont effectué 43.000 heures de vol, dont 92% au profit de l’opération Barkhane. Ils ont aussi assuré au Sahel 58% des frappes aériennes contre 29% pour les Mirage 2000 et 13% pour les hélicoptères Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre.

L'Eurodrone en 2028

Mais pour la sécurité intérieure, le Reaper Block 5 n’est toujours pas autorisé à voler en France rappelle le site Opex360. "Nous ne pouvons pas garantir la sécurité du vol d’un tel matériel", explique Joël Barre, direction générale de l’armement en appuyant sur la nécessité d'accélérer le programme Eurodrone mené entre la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. La maîtrise d'oeuvre a été confiée à Airbus Defence and Space GmbH (Allemagne) avec pour sous-traitants Dassault Aviation (France), Leonardo (Italie) et Airbus DS SAU (Espagne).

"Cela montre bien notre degré de dépendance dans ces cas d’acquisition auprès des États-Unis. À ceux qui critiquent l’Eurodrone, je réponds qu’à défaut, nous devrons continuer de faire appel au Reaper américain et nous retrouver fréquemment dans ce genre de situation. Chaque fois que le modèle changera de définition, nous serons incapables de la connaître de manière suffisamment précise pour en garantir l’emploi et les conditions d’utilisation", explique Joël Barre.

Le rapport du Sénat note néanmoins que le programme avance depuis la signature en novembre 2020 d'un contrat de réalisation entre les quatre pays partenaires. Sous la tutelle de l'OCCAR, il prévoit l'équipement des forces armées des quatre pays, pour un budget de l'ordre de 7,1 milliards d'euros. Il porte sur l'acquisition de 60 drones soit 20 systèmes (sept pour l'Allemagne, cinq pour l'Italie, quatre pour l'Espagne et quatre pour la France) et 5 ans de soutien couvrant le développement, la fabrication et les premières années de MCO.

"La France a prévu de commander six de ces systèmes (quatre en 2021) destinés à remplacer les drones Reaper, le premier devant être livré en 2028", dévoilent les membres de la commission défense.
"Ce dossier-phare (...) doit être soutenu, malgré les interrogations liées aux divergences entre les pays partenaires, notamment sur la question de l’armement (auquel nous sommes très favorables). Enfin, même si elles devraient être nettement supérieures à celles du Reaper, la question des performances de l’Eurodrone au moment de sa livraison reste posée, compte tenu des choix technologiques réalisés et du rythme rapide de l’innovation", indique le rapport sénatorial.
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco