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Nouveaux réacteurs: Agnès Pannier-Runacher envisage un programme nucléaire encore plus important

Dans une interview pour Les Echos, la ministre de la Transition énergétique ne ferme pas la porte à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires au-delà des 14 prévus en fonction des objectifs de neutralité carbone et des contraintes.

La France se dotera dans les prochaines années d'au moins six nouveaux réacteurs nucléaires EPR2, auxquels pourraient s'ajouter huit supplémentaires. Et si le nombre de ces nouvelles infrastructures allait finalement au-delà? C'est l'une des pistes fortes que lance Agnès Pannier-Runacher dans une interview parue ce jour dans Les Echos. Plus d'un an après le discours d'Emmanuel Macron à Belfort, le projet de loi d'accélération du nucléaire arrive à l'Assemblée nationale et prévoit notamment de faciliter les différentes procédures administratives préalables aux constructions de réacteurs nucléaires.

"On parle de six premiers réacteurs, on en met à l'étude huit supplémentaires. Mais j'ai clairement posé la question aux industriels : savent-ils aller au-delà de 14 réacteurs d'ici à 2050 ? C'est d'abord à eux de nous répondre."

"Faire les meilleurs choix de mix énergétique"

Selon la ministre, plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour déterminer la nécessité de dépasser le nombre de nouveaux réacteurs nucléaires à construire dans les prochaines années: "Je dois exposer au Parlement les contraintes physiques liées à ces nouvelles capacités de production pour éclairer le choix des parlementaires, préciser jusqu'où on sait techniquement aller en matière d'énergie solaire, d'éolien marin, de nucléaire d'ici à 2050 pour faire les meilleurs choix de mix énergétique."

"Atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050 suppose que nous produisions massivement plus d'électricité."

Ce programme massif pourrait se traduire par la formation "de plus de 100.000 personnes, du bac pro au bac +5, dans les années qui viennent": "L'industrie nucléaire recommence à attirer les ingénieurs. Ce n'est pas encore le cas pour les niveaux techniciens et bac pro mais le regard du grand public a changé. Je l'ai constaté durant les débats publics. Je le dis aux jeunes : travailler dans le nucléaire, c'est agir pour le climat."

"S'agissant du plan de financement de ce programme, nous y travaillons avec EDF pour trouver la meilleure solution."

Du travail sur les réacteurs existants

Concernant le nucléaire existant, Agnès Pannier-Runacher rappelle que l'objectif de production d'électricité nécessaire à "la bonne santé financière d'EDF et au bon fonctionnement des marchés de l'électricité" se situe autour des 400 térawattheures par an. En raison de l'immobilisation d'une partie conséquente du parc nucléaire, ce niveau de production a chuté à 279 térawattheures en 2022 d'après les chiffres du gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE et devrait renouer avec le seuil des 300 térawattheures dès 2023.

Pour ce faire, la ministre a mentionné plusieurs axes exploités comme l'augmentation de la puissance des réacteurs ou encore la prolongation de la durée de vie des centrales: "Les visites menées en ce moment doivent permettre un passage de 40 à 50 ans. Mais il faut déjà travailler sur l'étape suivante, le passage de 50 à 60 ans. Le CEA et EDF nous présenteront leurs conclusions d'ici à fin 2023."

Timothée Talbi