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Défense

La France pourrait-elle vraiment avoir un second porte-avions?

La DGA étudie la possibilité de doter la France de deux porte-avions. Le sujet est complexe, rappelle Emmanuel Chiva, délégué général pour l'armement, car il ne s'agit pas seulement de construire un navire, mais de prévoir un second groupe aéronaval.

La France disposera-t-elle un jour de deux porte-avions comme par le passé? Le projet est à l'étude à la DGA (direction générale de l'armement) avec un amendement à la loi de programmation militaire (LPM) déposé par le député Renaissance Jean-Charles Larsonneur.

Il s'agit avant tout d'une nécessité stratégique pour maintenir la dissuasion avec un groupe aéronaval prêt à partir dans un délai d’alerte de seulement une semaine. Avec un seul navire, les arrêts de maintenance et pour la formation des équipages durent plusieurs mois. Dans ces périodes, aucune mission n'est possible.

"A l’horizon 2040 et au-delà, face au retour des stratégies de puissance, la France ne disposera plus forcément du choix de 'quand' déployer le groupe aéronaval pour protéger ses intérêts", indique l'amendement.

"On ne parle pas juste d'un bateau"

Lors de l'université d'été du Medef qui s'est tenu cette semaine, Emmanuel Chiva, délégué général pour l'armement, a été interrogé sur la question et a soulevé la complexité d'un tel projet.

"Nous étudions [cette possibilité] puisqu'il y a un amendement de la LPM qui nous invite à étudier la définition d'un second porte-avions, mais on ne parle pas juste d'un bateau, mais de l'ensemble des capacités d'entraînement de soutien, d'infrastructures et d'équipage", explique à BFM Business Emmanuel Chiva.

En effet, disposer d'un porte-avions nécessite de prévoir une force aéronavale imposante. Avec le Charles-de-Gaulle, elle est constituée d'un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA), de deux frégates multimissions, de deux frégates antiaériennes, d'une frégate légère furtive de patrouille et d'un navire ravitailleur.

Une décision rendue en 2028

Quant aux avions, le porte-avions de nouvelle génération (PA-ng) qui prendra la relève du Charles-De-Gaulle en 2038 sera équipé d'une quarantaine de chasseurs (Rafale marine et NGF), des drones, des hélicoptères et d'appareils de surveillance. Pour l'équipage de cette armada, il faut environ 2000 personnes plus d'un millier de marins et 600 pilotes et mécaniciens pour le groupe aérien embarqué.

"Si on pouvait faire un second porte-avions, ce serait très bien. Mais ce n'est pas juste un bateau, ce sont des infrastructures en double", prévient Emmanuel Chiva.

Les ingénieurs de la DGA planchent sur cette possibilité militairement nécessaire, mais dont la faisabilité est complexe. La décision "éclairée par ces études" doit être prise avant 2028, soit dans moins de 5 ans afin de rendre le projet possible, non seulement militairement et financièrement, mais aussi industriellement.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco