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Défense

L'armée de Terre équipera ses unités de robots avant 2030

L'armée de Terre prépare des unités de robots. Cette section, baptisée Vulcain, vise à épauler les soldats dans les missions fastidieuses ou périlleuses. Le général Schill, chef d'Etat major de l'armée de Terre, nous explique sa vision du futur.

"Il ne faut pas rater le train de la robotique, mais il ne faut pas non plus prendre n'importe lequel". C'est la doctrine du chef d'Etat-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill. Ce message, il l'a lancé lors de la journée de la robotique qui s'est tenue le 10 mai dans le camp d'entraînement de Beynes (Yvelines). Ce train lancé avec la Direction générale de l'armement (DGA), l'Agence innovation défense (AID) et les industriels est déjà en marche.

"La loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit des ressources qui permettront à l’armée de Terre d’avoir des premières unités de robots terrestres, avant 2030", explique le CEMAT.

Cet objectif a été lancé dans 2020 avec le programme Vulcain qui vise de procéder à des tests dès 2025. L'exercice se déroule dans l'Aisne dans le centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (Cenzub).

"Sur le terrain, les robots apportent la notion de masse. On voit avec le conflit en Ukraine que cette masse est nécessaire pour faire peser une menace sur l'ennemi", explique le colonel Schuster, officier référent robotique de l'Etat-major de l'armée de Terre.

L'IA dans l'espace de bataille

L'entraînement des troupes a déjà commencé. Nous avons assisté à un exercice où soldats et robots sont équipiers. Un drone est envoyé pour repérer l’ennemi puis l’attaque est lancée avec un robot armé d'une mitrailleuse puis un drone lance des explosifs.

Un drone vient de lancer un mur de fumigènes pour protéger l'évacuation des blessés
Un drone vient de lancer un mur de fumigènes pour protéger l'évacuation des blessés © PS

Pour évacuer un blessé, un autre drone lance des fumigènes tandis qu'un robot brancardier vient récupérer le soldat au milieu des combats. Pour l’état-major de l’armée de Terre, ce n'est plus de la science fiction, mais déjà du réel.

"On voit que ce qui était de la science-fiction il y a 20 ans se réalise aujourd'hui, mais on est loin de créer une armée de robots. Cela nécessiterait des capacités industrielles et économiques telles qu'elles ne sont pas à la portée de beaucoup de nations", note le colonel Schuster.

Un IA tueuse?

Cette modernisation ouvre de nombreuses questions. Une intelligence artificielle peut-elle décider de tuer sans qu'un humain lui en donne l'ordre?

"Il y a une vraie tension sur ces sujets. Il est clair que l’autonomisation des robots est indispensable. Mais, en France la position c’est non! Cette position très claire a été établie il y a deux ans", répond le général Schill.

Dans un rapport du comité d'éthique du ministère des Armées, la France s'est engagée à ne pas utiliser de systèmes d'armes létaux pleinement autonomes", des systèmes appelés par l'acronyme "SALA". Le CEMAT admet toutefois que cette position ne fait pas l'unanimité dans le monde.

"Il est clair que d’autres acteurs, notamment étatiques, seront probablement prêts à avoir des automatismes pour des actions létales sans intervention humaine", reconnaît le général Schill.

Le soldat dépendant de la machine

Autre question, le soldat ne risque-t-il pas devenir dépendant de la machine?

"La puissance de cette technique offre des opportunités, mais elle se traduit par des contreparties, des risques, et c’est à nous de les limiter. Le risque de dépendance à la machine fait partie des éléments que nous devons étudier dans le cadre de l’arrivée de ces robots au sein des unités", assure le général Schill.

Pour le général Pellistrandi, consultant pour BFM, la formation de base des soldats reposera toujours sur les fondamentaux qu'ils utiliseront pour savoir agir en mode dégradé.

"Tous les militaires connaissent le morse et les marins apprennent toujours à se servir d'un sextant malgré les outils numériques de navigation", rappelle le général Pellistrandi.

Reste enfin les cyberattaques qui pourraient viser drones et robots via les réseaux de communications. N'oublions pas qu'avant son attaque terrestre pour envahir l'Ukraine, la Russie a lancé une cyberattaque pour couper tous les réseaux de communication.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco