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Défense

Guerre en Ukraine: les annonces de dons de blindés occidentaux affluent pour aider Kiev à lancer une contre-offensive

Des soldats ukrainiens conduisent un char en direction de la ligne de front de Kherson, le 18 novembre 2022. (illustration)

Des soldats ukrainiens conduisent un char en direction de la ligne de front de Kherson, le 18 novembre 2022. (illustration) - BULENT KILIC / AFP

Depuis l'annonce de la France d'envoyer des blindés, les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni vont fournir à Kiev du matériel pour une contre-offensive. Des annonces seront faites le 20 janvier à Ramstein lors d'une réunion des responsables de la défense occidentale.

Les annonces des livraisons de blindés occidentaux à l'Ukraine sont perçus comme un "coup politique" des pays donateurs, mais sont pour Kiev un coup stratégique qui pourrait servir à une prochaine offensive contre les troupes russes. Le commandement de l’armée ukrainienne a exprimé un besoin minimum de 300 chars et 700 blindés pour lancer cette contre-offensive.

"L'Ukraine doit recevoir tout le matériel militaire dont elle a besoin pour défendre son territoire", a soutenu la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Jusqu'à présent, les alliés de l'Ukraine se refusaient de fournir des chars de combat ou des blindés légers, craignant de provoquer une escalade avec Moscou. Mais depuis la promesse de la France de fournir des blindés AMX10-RC, les Etats-Unis et l'Allemagne, le Royaume-Uni, puis la Pologne et la Finlande lui ont emboité le pas. Washington a annoncé une nouvelle aide militaire majeure à l'Ukraine évaluée à plus de 3 milliards de dollars, avec notamment 50 blindés d'infanterie de type Bradley et des dizaines d'autres véhicules blindés. Enfin, le Royaume-Uni envisage désormais de fournir des chars de combat Challenger 2. Il serait question d'une dizaine d'unités.

De son côté, la France pourrait fournir une première livraison d’une dizaine d’AMX10-RC, selon une information d'Europe1. A terme, il serait question d'une trentaine d'exemplaires avec pour objectif de ne pas dépasser le rythme de remplacement par les Jaguar.

"Ça dépendra aussi de la formation des militaires ukrainiens aux AMX", a précisé à BFM Business le ministère des Armées.

Des Leclerc contre des Leopard

Après de vives polémiques, Berlin a fini par annoncer 40 "Marder", des blindés légers destinés au transport de troupes qui devraient être livrés dans les prochaines semaines. Pour les chars de combat Leopard 2, l'Allemagne n'a toujours rien annoncé, mais la Pologne et la Finlande se disent prêtes à en prélever sur leur stock pour les fournir à Kiev. Cette décision reste soumise à un accord de l'Allemagne qui détient la licence d'exportation. Pour le moment n'a encore rien décidé par le chancelier allemand.

Selon Der Spiegel, cette décision devrait être officialisée le 20 janvier à Ramstein lors d'une réunion des responsables de la défense occidentale.

"Des discussions sont prévues la semaine prochaine avec les Ukrainiens pour voir quels types d'armes sont nécessaires et qui, parmi les alliés, est en mesure de les fournir", a précisé le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.

A cette occasion, l'Allemagne pourrait déverrouiller l'envoi des Leopard 2. Selon Politico, Paris étudie la possibilité de déployer des chars Leclerc dans les pays de l'Otan qui en enverraient.

"On peut défendre des pays du flanc est dans le cadre de l’Otan. Comme on le fait en Roumanie ou ailleurs dans les pays baltes avec La Défense du ciel", nous précise le ministère des Armées.

Ces annonces, même si elles sont loin des besoins exprimés par Kiev, provoquent déjà la colère de la Russie. Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, "ces livraisons ne peuvent pas et ne vont pas changer quoi que ce soit" à la situation militaire et ne feront que "prolonger les souffrances du peuple ukrainien".

L'épineuse question des munitions

Indispensables pour faire face aux forces russes, les livraisons d'armes occidentales ont déjà permis de mener une contre-offensive efficace qui a chassé les forces russes de la région de Kharkiv dans le nord-est et de la ville de Kherson dans le sud. L'Ukraine se donne pour objectif de reprendre la totalité de ses territoires mais redoute une nouvelle offensive russe.

Reste les munitions qui restent un point décisif et sur lequel il sera difficile de faire plus et plus vite. Le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell a récemment admis que les stocks d'armes de l'Union européenne sont épuisés. "Je ne veux pas être Cassandre annonçant les mauvaises nouvelles, mais c'est la réalité", a expliqué Josep Borrell lors d'une intervention devant l'Agence de Défense Européenne (EDA).

Dans un rapport, l'Ifri (Institut français des relations internationales) estime que si l'Europe fait face à une situation qui n'était pas prévue, mais qui paradoxalement aurait dû l'être. "Les taux de perte constatés sur le terrain et l’importante consommation de munitions ont mis en lumière l’insuffisance des parcs opérationnels français, réduits au strict minimum après deux décennies de disette budgétaire", pointe l'auteur du rapport, Léo Péria-Peigné.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco