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Défense

Conseillers, experts, formateurs... Lecornu précise les propos de Macron sur l'envoi de "troupes" en Ukraine

Lors d'une audition à l'Assemblée nationale, le ministre des Armées a précisé le profil des militaires qui pourraient envoyés en Ukraine en précisant que "ne rien exclure, n'est pas quelque chose d'escalatoire".

Emmanuel Macron a surpris, heurté et inquiété en évoquant la possibilité d'envoyer des "troupes au sol" pour aider l'Ukraine a faire face à la Russie. Sur BFMTV ce mardi 27 février, le porte-parole de l'ambassade de Russie en France, Alexander Makogonov, a estimé que l'envoi de troupes occidentales sera la ligne rouge parce que ça peut déclencher la Troisième Guerre mondiale, et ça sera la guerre entre les puissances nucléaires".

Mardi, lors d'une audition par la commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a apporté des éclaircissements sur cette proposition du chef de l'Etat.

Rappelant que "nous ne sommes par en guerre avec le peuple russe ou la Fédération de Russie", il rejetté l'intention de la France de déployer des unités de combat terrestre. Il s'agirait plutôt de conseillers, de démineurs, de formateurs, d'experts cyber ou de techniciens spécialisés en maintenance de matériels militaires.

"Un certain nombre de pays (...) ont mis sur la table un certain nombre d'idées, notamment, autour du déminage et autour de la formation - non pas la formation sur le territoire polonais comme nous le faisons aujourd'hui, mais sur la formation sur le territoire ukrainien à l'arrière des lignes", explique Sébastien Lecornu.

"Ça ne veut pas dire envoyer des troupes pour faire la guerre à la Russie. Le Président de la République a été clair en disant que: 'nous ne sommes pas en guerre avec le peuple russe ou la fédération de Russie'".

"Ne rien exclure"

Le ministre a aussi rappelé que le Président de la République a bien souligné qu'il n'y avait pas de consensus au moment où nous parlions pour réaliser ce genre de formation, d'action de déminage et que par nature même, il n'excluait rien." En faisant cette proposition, Emmanuel Macron soulève une question stratégique a noté Sébastien Lecornu.

"Comment faire mieux et différemment [pour aider l'Ukraine] et faire en sorte que la Russie ne gagne pas?".

Lors de son audition, le ministre des Armées reconnaît que les réponses "méritent un débat démocratique et nous l'aurons dans le cadre du débat 50-1 qui sera organisé ici à l'Assemblée nationale".

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Il annonce qu'une "ministérielle défense/affaires étrangères" sera "organisée dans d'ici à une dizaine de jours avec les différents ministres de la Défense et des Affaires Étrangères, des différents pays, réunis hier au soir pour continuer le dialogue". Pour le ministre, soulever toutes les options possibles.

"Si on ne considère pas que la Russie doit gagner, par définition, ne rien exclure, n'est pas quelque chose d'escalatoire", a-t-il expliqué.

Un "bon signe" pour la présidence ukrainienne

De son côté, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a précisé que la présence de troupes occidentales en Ukraine ne ferait pas franchir "le seuil de belligérance".

Si en France, ou dans certains pays partenaires comme l'Allemagne, l'Italie ou les Etats-Unis, les propos d'Emmanuel Macron ont soulevé de vives contestations, ils ont évidemment été considérés comme "un bon signe" par la présidence ukrainienne.

Auprès de l'AFP, le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak a reconnu que cette option n'était pour l'heure qu'"une proposition de discussion", tout en estimant que ces déclarations faisaient "passer la discussion à un autre niveau".

"Emmanuel Macron fait preuve maintenant d'une profonde compréhension des risques que la guerre en Ukraine fait peser sur l'Europe", a déclaré Mykhaïlo Podoliak.

Il ajoute que ces propos pourront également "contribuer à l'accélération des livraisons" de munitions et d'armements que Kiev réclame et à "la prise plus rapide de 'décisions militaires'" par ses alliés, a également fait valoir le conseiller ukrainien.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco