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Guillaume Faury: le secteur aéronautique recrute "25.000 personnes en France" en 2023

Pour répondre à la "crise de l'offre" dans le secteur, l'aéronautique recrute "25.000 personnes en France", a expliqué à BFM Business le PDG d'Airbus et président du Gifas, Guillaume Faury.

"Cette année 2023, on a besoin d’embaucher 25.000 personnes en France: c’est absolument considérable", a déclaré Guillaume Faury, patron du constructeur Airbus et du Gifas, groupement des industries spatiales et aéronautiques, interrogé sur BFM Business.

""On a fait 15 ou 18.000 l’année dernière, ce qui était déjà beaucoup, on a besoin de faire encore plus cette année", explique le président du Gifas, qui estime à 200.000 le nombre d’employés des 444 entreprises de cette fédération professionnelle.

"Crise de l’offre"

Alors que 2022 a vu un retour de la demande, "notamment en termes de passagers pour l’aviation commerciale", l’aéronautique rencontre désormais une "crise de l’offre", estime Guillaume Faury.

"Faire remonter la production prend beaucoup plus de temps que faire revenir des passagers dans des avions ou prendre des commandes", explique-t-il. "On est en ce moment dans une situation où on a un écart important entre la demande et l’offre, la capacité à fournir, (...) [qui] créé des tensions sur la chaîne de fournisseurs."

Pour répondre à cette montée en cadence de la production et à la décarbonation du secteur aérien, celui-ci a donc besoin de bras dans toutes les filières: "l’aviation commerciale, d’affaires, les hélicoptères, la défense, l’espace", énumère le PDG d'Airbus.

Pour attirer de nouvelles recrues, le secteur mise sur le Salon du Bourget qui aura lieu du 19 au 25 juin 2023. "Il y aura plusieurs dispositifs sur le salon du Bourget avec des laboratoires, un avion des métiers pour montrer tous les métiers", explique Guillaume Faury.

En parallèle, le secteur aérien subit également des tensions dans la chaîne d’approvisionnement. "On manque de matières premières, aluminium, titane, acier - ce qui est assez inhabituel -, (...) de composants électroniques, de composants métalliques un peu sophistiqués, (...) de sièges aussi", développe le président de l’avionneur. Mais selon lui, ces besoins "matérialisent simplement le fait qu’on est dans une montée en cadence très rapide, et donc c’est difficile de suivre".

Délais entre la commande et la livraison

Guillaume Faury reconnaît que le secteur spatial a vécu une véritable "annus horribilis" en 2022 - avec la perte de l’accès à deux lanceurs importants -, année également difficile pour la Défense, alors même que les prises de commande ont augmenté "significativement" dans le secteur.

"Il y a un délai important entre le moment où les efforts sont annoncés, la mise en place des budgets au niveau des Etats, puis la contractualisation et ensuite la livraison (...) [où] on voit le chiffre d’affaires arriver", détaille pour l’expliquer le patron d’Airbus.

Le constructeur, qui s’est récemment fait doubler par Boeing en termes de nombre de commandes mais dit être en voie de tenir ses objectifs annuels, doit présenter ses résultats du premier trimestre la semaine prochaine.

Guillaume Faury a également rappelé et maintenu également la feuille de route du secteur vers une neutralité carbone en 2050, notamment les investissements effectués "en technologie et dans les carburants".

Lucie Lequier