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Plan de départs dans la fonction publique: et si le plus dur était de garder les meilleurs?

Les fonctionnaires prêts à sauter le pas bénéficieront d'un accompagnement, assuré par une agence de reconversion, et auront la possibilité de toucher des indemnités chômage.

Les fonctionnaires prêts à sauter le pas bénéficieront d'un accompagnement, assuré par une agence de reconversion, et auront la possibilité de toucher des indemnités chômage. - Skeeze- CC

Le gouvernement veut réduire les effectifs de la fonction publique de 120.000 postes d'ici 2022. Les départs à la retraite non remplacés ne suffisant pas, les fonctionnaires sont incités à passer dans le privé. Mais comment seront choisis les candidats au départ?

Dans le cadre de la réforme de l'Etat, le gouvernement veut réduire les effectifs dans la fonction publique. L'exécutif a annoncé une baisse de 120.000 postes de fonctionnaires, dont 50.000 pour la fonction publique d’Etat et 70.000 pour la fonction publique territoriale d'ici à 2022.

La répartition des efforts entre les ministères n'est pas encore connue. Tout juste sait-on que Bercy devra céder entre 18.000 et 20.000 emplois, le développement de la dématérialisation, notamment les déclarations en ligne, ou la suppression de la taxe d'habitation, permettant cet allègement des effectifs.

Le gouvernement compte en partie sur les départs en retraite non remplacés pour tenir ces objectifs, mais il veut aussi mettre en place un plan de départs volontaires. Les fonctionnaires prêts à sauter le pas bénéficieront d'un accompagnement, assuré par une agence de reconversion, et auront la possibilité de toucher des indemnités chômage.

"La difficulté dans tout plan de départ volontaires c'est d'arriver à supprimer les postes que l'on souhaite et à garder les professionnels dont on a besoin", souligne Stéphane Jenck, Directeur de la practice Secteur Public pour le cabinet de conseil RH OasYs, qui a déjà eu l'occasion d'accompagner de nombreuses reconversion de fonctionnaires.

Des carnets d'adresses très recherchés

"Le problème c'est que certains secteurs de la fonction publique ont du mal à garder leurs forces vives car l'Etat est un bon formateur et comprend certains métiers de pointe", poursuit-il. L'armée a dans ses rangs de nombreux talents que les entreprises du privé ont plaisir à débaucher. "Les gens sont amenés à gérer des budgets hallucinants et sont au contact du monde industriel. Autant dire que les entreprises leurs font les yeux doux, car ils ont le savoir et le carnet d'adresses", met en avant Stéphane Jenck.

Parmi les fonctionnaires, il y a aussi des professionnels de l'informatique, un secteur en tension. "Les ministères ont besoin de développeurs de système, de spécialistes de la sécurité. Comment les retenir par rapport aux salaires alléchants que leur propose le privé ?", s'interroge le spécialiste RH. La fonction publique parvient à attirer des éléments prometteurs en leur proposant des projets motivants et mobilisateurs.

Mais cette stratégie a un revers: "ces missions développent leur employabilité. Cela en fait des cibles encore plus attirantes pour les entreprises", explique Stéphane Jenck. Ces profils risquent donc d'être parmi les premiers sur la liste des candidats au départ, et ils vont partir avec un savoir-faire et des compétences que les ministères devront renouveler.

Plus de candidats en Ile-de-France?

Les hauts fonctionnaires, dont Gérald Darmanin a précisé qu'ils étaient eux aussi inclus dans le plan de départs volontaires, peuvent profiter de cet appel d'air. "Ils ont un très bon réseau: ce sont des profils attractifs pour les sociétés qui veulent décrocher des contrats dans le public car ils ont les codes pour bosser avec et les bons contacts. Ce sont des gens qui deviennent très facilement consultant, ou conseiller auprès de Comex ou de Codir", détaille le spécialiste.

Enfin, en plus des métiers, il risque aussi d'avoir un déséquilibre régional parmi les candidats au départ. En île-de-France, où les opportunités de travail sont nombreuses, les fonctionnaires ont toutes les chances de réussir leur reconversion. Dans les zones moins dynamiques, la fonction publique est bien souvent le principal employeur, ce qui devrait rendre plus frileux les volontaires au départ.

Coralie Cathelinais