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Levée du barrage filtrant de viticulteurs s'attaquant à du vin espagnol à la frontière

Venus de plusieurs départements de cette région du sud-ouest de la France, dont l'Aude, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales, près de 400 manifestants ont brûlé des pneus sur la voie et "contrôlé" les poids lourds arrivant d'Espagne, à la recherche d'importations de vin espagnol.

Des centaines de viticulteurs français ont tenu un barrage filtrant pendant près de trois heures jeudi, sur l'autoroute A9 à la frontière franco-espagnole, au péage du Boulou (Pyrénées-Orientales), détruisant notamment le chargement de deux camions transportant du vin depuis l'Espagne. Venus de plusieurs départements de cette région du sud-ouest de la France, dont l'Aude, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales, ils ont brûlé des pneus sur la voie et "contrôlé" les poids lourds arrivant d'Espagne, à la recherche d'importations de vin espagnol.

Après avoir jeté sur l'asphalte les cagettes de tomates d'un camion et y avoir mis le feu, ils ont vidé les chargements de vin de deux autres véhicules. Ils ont ensuite quitté les lieux, a précisé la préfecture des Pyrénées-Orientales, qui a recensé 380 manifestants sur place.

"Un cocktail explosif" de facteurs défavorables

Quelques heures plus tôt, entre 350 manifestants, selon la police, et 400, selon les viticulteurs, venus à bord de 200 véhicules, s'étaient rassemblés à Narbonne (Aude), avant de partir vers le sud pour en rejoindre d'autres à Perpignan (Pyrénées-Orientales), puis de se diriger vers la frontière. Selon le président du syndicat des vignerons des Pyrénées-Orientales, David Drilles, "c'est une révolte du bassin régional qui touche toute la région et même Paca", la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (sud-est).

"On sort de quatre années d'aléas climatiques", a-t-il rappelé, en ajoutant : "On n'a pas d'argent, pas de visibilité (...) On n'en peut plus. On attend des prises en charge, des aides du type de celles qui ont été attribuées aux éleveurs".

De son côté, le président du syndicat des vignerons de l'Aude, Frédéric Rouanet, dénonce depuis des semaines "un cocktail explosif" de facteurs défavorables : faible récolte à cause de mauvaises conditions climatiques, charges qui augmentent avec l'inflation, prix du vin qui ne suivent pas, d'autant que les importations par des négociants les réduisent. En 2022, la France a importé plus de six millions d'hectolitres de vin, selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), mais certains crus, rouges et rosés en particulier, subissent une chute des ventes.

Les locaux d'une société d'embouteillage et de négoce de l'Aude avaient même été incendiés dans la nuit du 4 au 5 octobre et tagués d'une revendication contre l'importation de vin étranger. Cet incendie, qui n'a fait aucun blessé, a été revendiqué par le Comité d'action viticole, émanation locale du Comité régional d'action viticole (CRAV) qui exprime, par la force et depuis plusieurs décennies, "la colère" du monde viticole languedocien.

"Je ne cautionne pas ce genre d'actes, mais ils risquent de devenir quotidiens, vu la situation actuelle", avait déclaré Frédéric Rouanet.
TT avec AFP