BFM Business
France

La moitié des ménages surendettés le sont de plus de 16.900 euros

Selon la Banque de France, le nombre de dossiers de surendettement déposés à augmenté de 8% l'an passé. L'endettement médian s'élevait lui à 16.898 euros.

Un rebond qui reflète davantage une "normalisation" qu'une conséquence de l'inflation. Après avoir baissé de 7% en 2022, le nombre de dossiers de surendettement a augmenté de 8% en 2023, à 121.617, selon une enquête de la Banque de France publiée ce jeudi.

Mais pour Hélène Arveiller, directrice adjointe du service aux particuliers au sein de l'institution, "il n'y a pas eu d'augmentation notable des incidents bancaires, donc l'inflation n'a pas eu d'impact général et marqué sur l'endettement. On assiste là à une sorte de normalisation" après une période 2020-2022 caractérisée par un fort soutien public aux ménages en réaction à la crise sanitaire puis à la crise énergétique.

Surtout, la hausse du nombre de dossiers de surendettement déposés "reste modérée puisque nous sommes toujours sur un niveau inférieur de 15% à celui de 2019" et "on assiste à une baisse significative et continue des dépôts de dossier depuis 2014, de -50%".

Un endettement médian de 16.898 euros

Au total, 586.000 ménages sont aujourd'hui surendettés en France pour un montant par dossier allant de 500 euros à 30 millions d'euros. Cela représente un endettement global de 4,2 milliards d'euros, soit 30.429 euros en moyenne (29.515 en 2022). Par ailleurs, la moitié des ménages surendettés le sont de plus de 16.898 euros (hors dettes immobilières) tandis que 20% des ménages ont un niveau d'endettement inférieur à 7.000 euros.

Si l'inflation n'a pas fait exploser le nombre de dossiers de surendettement, elle n'a pas pour autant été sans effet. C'est du moins ce que l'on peut déduire en constatant que les dettes à la consommation ont progressé de 60 millions d'euros (1,7 milliard) en 2023 et représentent désormais 40% du montant de l'endettement global, soit 2 points de plus qu'un an plus tôt, pour un montant médian de 13.763 euros.

Les dettes immobilières pèsent 27% de l'encours global, contre un tiers pour les dettes de charges courantes et autres dettes. Parmi elles: les dettes d'énergie et de communication dont le montant a augmenté de 3% l'an passé, à 90 millions d'euros, dans un contexte de prix énergétiques toujours élevés.

Les Experts : Le surendettement est-il inquiétant ? - 01/12
Les Experts : Le surendettement est-il inquiétant ? - 01/12
19:26

Quel profil?

Sur le plan géographique, "ce sont toujours les mêmes départements qui sont les plus fortement touchés par le surendettement: les départements du Nord et la périphérie de l'Ile-de-France", observe Hélène Arveiller. A l'inverse, "l'ouest, le sud, l'Ile-de-France et l'Alsace sont moins touchés".

Un quart en recherche d'emploi, 30% d'employés, 22% d'ouvriers... Le profil des personnes surendettées lui aussi évolue peu. Il s'agit le plus souvent de ménages modestes alors que leurs ressources "proviennent à 52% des revenus d'activité, contre 62% dans la population globale", note la directrice adjointe du service aux particuliers de la Banque de France. "On a également cinq fois plus de personnes surendettées qui ont des revenus composés de prestations familiales que dans la population globale, et trois fois plus qui ont des ressources composées de minima sociaux". Ce qui explique que la moitié des ménages surendettés ont un niveau de vie inférieur à 1.136 euros par mois (1.930 euros pour l'ensemble de la population) et 58% ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté de 1.158 euros par mois.

Les personnes surendettées sont majoritairement des femmes (54%), avec une surreprésentation des familles monoparentales (20%, contre 10% dans la population globale). 56% des surendettés sont par ailleurs séparés de leur conjoint(e), célibataires ou veufs, contre 41% dans l'ensemble de la population. Enfin, près de 9 ménages surendettés sur 10 (88%) sont locataires de leur logement ou hébergés à titre gratuit.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco