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France, Allemagne, États-Unis… Comment ont évolué les salaires depuis 10 ans?

La baisse des salaires réels depuis le retour de l'inflation est venue casser la tendance à la hausse observée jusqu'alors dans la plupart des économies développées. Entre 2012 et 2022, les salariés français ont en effet gagné du pouvoir d'achat, mais pas autant que leurs homologues allemands ou américains.

Entre tensions sur le marché du travail et inflation persistante, les salariés des principales économies développées ont obtenu des revalorisations non négligeables ces derniers mois. Dans les 34 pays de l'OCDE, elles se sont élevées en moyenne à 5,6% entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023.

Pas de quoi compenser la hausse généralisée des prix. Car si "les salaires nominaux ont augmenté, ils n'ont pas à ce jour totalement rattrapé l'inflation, ce qui a conduit à une baisse des salaires réels dans la quasi-totalité des pays de l'OCDE", relevait l'organisation en juillet. Plus précisément, les salaires réels ont reculé en moyenne de 3,8% au premier trimestre 2023 sur un an dans les pays étudiés.

Avec d'importantes disparités toutefois: -15,6% en Hongrie, -7,3% en Italie, -2,9% au Royaume-Uni… La France, qui a fait le choix de déployer des aides massives, pour lutter contre l'inflation s'en sort un peu mieux (-1,8%), mais pas aussi bien que la Belgique où les salaires réels ont progressé de 2,9% sur la période, en lien avec l'indexation des salaires sur les prix outre-Quiévrain.

Les salariés européens se sont appauvris par rapport aux Américains

Le recul des salaires réels depuis le retour de l'inflation après la pandémie de Covid-19 tranche avec la tendance observée jusqu'alors. Au cours des dix dernières années, entre 2012 et 2022, les salaires réels bruts moyens* au sein de l'OCDE ont en effet progressé de 9% en moyenne.

Là-encore, certains pays ont fait mieux que d'autres. Aux États-Unis par exemple, les salaires réels moyens ont bondi de 14% en 10 ans, contre +7,8% en Allemagne, +5,7% au Royaume-Uni et +5,2% en France. Dit autrement, les salariés allemands, britanniques et français ont continué de s'enrichir sur la période mais ils se sont appauvris par rapport à leurs homologues américains.

Certains salariés européens ont, à l'inverse, perdu du pouvoir d'achat entre 2012 et 2022. C'est le cas des Italiens (salaire réel moyen en baisse de 1,1%) et des Espagnols (-3,5%). Mais aussi des Néerlandais (-4,5%), ces derniers ayant été particulièrement affectés par la forte inflation enregistrée aux Pays-Bas en 2022 (+10%).

Le débrief : Salaires, modération pour 2024 - 21/09
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Revalorisations, hausse du temps de travail ou amélioration de la qualité de l'emploi?

Il convient toutefois de nuancer ces résultats. D'abord parce que l'évolution du salaire réel brut ne permet pas de savoir ce qui revient réellement dans la poche du salarié. Cela dépend bien entendu des politiques fiscales pratiquées sur les salaires. Or celles-ci sont très différentes d'un pays à l'autre.

Notons de surcroît qu'une augmentation du salaire réel moyen ne reflète pas exclusivement les revalorisations accordées par les employeurs à leurs salariés. Elle peut aussi être liée à une augmentation de la durée globale de travail (baisse du travail à temps partiel) ou à une amélioration de la structure de l'emploi (emplois plus qualifiés).

*Les salaires moyens calculés par l'OCDE sont obtenus en divisant la masse salariale annuelle des salariés par le nombre de salariés.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco